L’AVIS DU LIBRAIRE

 

Exemplaire bien relié par Jacques Anthoine-Legrain

DERAIN (André) & JACOB (Max)

Les Œuvres burlesques et mystiques de frère Matorel mort au couvent

Paris, Henry Kahnweiler, 1911

In-8 (22 x 15,4 cm), plein maroquin chocolat, dos lisse avec auteur et titre dorés, sur le premier plat noms de l'auteur et de l'illustrateur poussés à l'oser rouge, titre à froid, six filets horizontaux centrés dorés ou poussés à froid ou à l'oser rouge ou blanc, tête dorée, couverture et dos conservés (reliure signée Jacques Anthoine-Legrain), 80 ff. n. ch.

Édition originale du second volet de la trilogie de Saint Matorel.

Illustré de 65 gravures sur bois originales d’André Derain (1880-1954).

Un des 85 exemplaires imprimés sur Hollande Van Gelder (n° 90), signés par Max Jacob et André Derain au colophon, seul tirage après 15 ex. sur Japon, 4 copies de Chapelle et 2 ex. pour le dépôt légal.

Quelques rousseurs, principalement sur les premiers et derniers feuillets, sans gravité.

Très bien établi en plein maroquin par Jacques Anthoine-Legrain.

Après la publication de L’Enchanteur pourrissant d’Apollinaire et Derain, Kahnweiler envisagea de demander au peintre qu’il collabore avec Max Jacob (1876-1944), autre poète de « la bande à Picasso ». Faute d’être inspiré par un texte qu’il jugeait pourtant remarquable, Derain déclina la proposition, et c’est Picasso qui donna, en 1910, les illustrations du premier Saint Matorel. Toutefois, Derain accepta, deux ans plus tard, d’œuvrer au second Saint Matorel, ayant apparemment trouvé l’alchimie qui lui avait fait défaut entre son art gravé et celui du poète.

L’iconographie reflète le parti pris esthétique de l’artiste : une rusticité liée à la gravure sur bois, la prépondérance du noir, une simplification des formes et une technique raffinée. Derain hésita un moment sur la manière de procéder, entre le bois et le burin sur cuivre ou sur acier.

Une fois la technique arrêtée, il entreprit un cycle inspiré des imagiers de la fin du Moyen Âge : almanachs, supplices, vanités et allégories ésotériques.

Ce même souci chez Derain et Max Jacob d’apporter à des formes anciennes, fixées par la tradition, un regard neuf, contribua beaucoup à la qualité de l’ouvrage.

3 000 €