ARAGO (Jacques)

Voyage autour du monde sans la lettre A

Paris, s.e, 1853

In-12 (17 x 12 cm), broché, couverture rempliée imprimée en noir, 1 f. n. ch., 33 pp., 4 ff. n. ch.

Deuxième édition, tirée "à petit nombre pour quelques curieux" de ce célèbre lipogramme, rédigé sans la lettre "A".

Imprimé sur papier Japon.

Broché, dos bruni, fente à la charnière inférieure, quelques frottements, petite mouillure en pied.

Cette seconde édition est reconnaissable à l'astérisque en page 30, qui renvoie vers une correction insérée entre les notes 10 et 11, en fin d'ouvrage : "(*) Mot oublié dans la première édition."

Il s'agit du verbe conjugué "serait", qui contient de fait l'une des seules lettres "A" : "Oh ! que ne m'est-il permis de vous citer ici un comédien d'élite que l'Europe serait (*) fière de posséder (.)"

Dans les éditions ultérieures, le mot sera remplacé par "eurent". A côté de cet "oubli" involontaire, un énigmatique "fauteuil élastique" (p. 20) semble, quant à lui, avoir été placé intentionnellement à l'adresse des lecteurs attentifs.

Cette narration des voyages de l'écrivain et explorateur Jacques Arago (1790-1854), écrite sur un rythme fougueux, dans un style hautement métaphorique, est considérée comme le second livre oulipien, après les 23 sonnets, ou Vers leipogrammes, publiés en 1620 par Salomon Certon.

L'ouvrage fut inspiré à l'auteur par une certaine Caroline, qui le mit au défi, et dont une Réponse est publiée en fin d'ouvrage : "[...] en réponse à votre lettre sans A, je vous adresse un tout petit billet sensé [sans C] ; je vous défie d'y en trouver un seul ; aussi, je ne signe que .aroline".

C'est à Georges Perec que revint le privilège de publier, La Disparition, premier roman lipogrammatique sans E, lettre la plus usitée de la langue française.