MARTIN-CHAUFFIER (Louis)

Manuscrit autographe signé

s.d.

Manuscrit autographe signé d'1 p. au format in-4

Manuscrit relatif aux élections présidentielles.

Retranscription : "Je n’attache pas aux résultats des élections de dimanche l’importance qu’on leur prête. Même si la masse des deux oppositions rendait l’Assemblée, comme dit, « ingouvernable ». Il n’y a pas d’assemblée ingouvernable, il y a des gouvernements faibles et des hommes d’État sans vigueur et sans audace.

Je voterai, naturellement. Non sur le choix des programmes - mais sur la conscience supposée de ceux qui se flattent de les appliquer, et sur les modes d’application qu’ils préconisent. Le régime parlementaire, où la majorité gouverne et la minorité surveille, critique et conseille, c’est à dire où toutes les voix se font entendre, me paraît en principe meilleur que ceux que l’on nous propose ou que nous voyons ailleurs en exercice. En fait, le durcissement des partis, l’élimination du rôle personnel faussent le jeu des institutions et le renouvellement des cadres. On mène une politique d’intérêts partisans, non une politique d’intérêt national.

Surtout, par la carence des pouvoirs, la politique, économie internationales se font sans nous. La France est plus soumise aux puissances étrangères, plus absente des conseils, ou moins écoutée, que sa situation réelle - fort réduite, il est vrai - ne le justifie. Elle s’est inclinée, quand son rôle était d’empêcher la nécessité d’un choix périlleux. Il est possible que nous en crevions. Avec tout autre régime, nous crèverions sûrement, avec la guerre civile en outre.

Il n’est pas question que je me présente jamais. Les disciplines - parfaitement justifiées - d’un parti me paraissent étrangères aux disciplines de l’esprit, et en contradiction avec cela. On ne peut servir deux maîtres à la fois. Ceux qui s’y sont pliés le savent, ou devraient le savoir. Louis Martin-Chauffier".

Provenance : Bibliothèque Maurice Nadeau

100 €