RINALDI (Angelo)

Correspondance adressée à Maurice Nadeau

1970 à 1989

8 LAS de format in-4 formant un ensemble 10 pp. et 2 CAS (3 pp. au total), rédigées à l'encre

Correspondance composée de 8 lettres autographes signées et 2 cartes autographes adressées à Maurice Nadeau qui édita dans la collection Les Lettres Nouvelles, chez Denoël, les trois premiers romans d'Angelo Rinaldi, La Loge du gouverneur (1969 – Prix Fénéon en 1970), La Maison des Atlantes (1971 – Prix Femina) et L'Éducation de l'oubli (1974).

LAS à propos de l'obtention du Prix Fénéon pour son premier roman, La Loge du gouverneur : "Nice, le 1er février [1970] Monsieur, Vous le savez, lorsque j'ai reçu ce prix, ma première pensée fut pour vous. La nouvelle m'a donné beaucoup de plaisir, et ensuite elle a augmenté mon inquiétude à l'égard du travail en cours. C'est, je crois, la fatale contrepartie des lauriers. La caisse des lettres m'a répondu vendredi dernier. M. Corlieu [secrétaire général de la Caisse des Lettres] m'adressait un formulaire qui complétera le dossier. J'avais scrupule à le remplir - puisque le Fénéon procure aussi un chèque - et puis j'ai passé outre... Que cet organisme m'accorde une aide, je suis décidé à prendre du champ par rapport au journal. Évidemment, par le biais d'un congé médical. Il ne sera pas tout à fait de complaisance, et je le regrette. J'aurai moins de temps, mais je m'en contenterai. M. Corlieu me demandait d'apporter une caution morale à mon dossier et - comme vous m'y avez autorisé - j'ai parlé de vous. Pour tout, merci encore. Respectueusement. A. Rinaldi".

LAS : "Paris, 30 avril [1970], Monsieur, si mon nouveau travail ne me retenait pas au bureau l'après-midi, je serais venu vous voir aux Lettres Nouvelles pour vous remercier. En effet, à peine étais-je arrivé à Paris, que la caisse nationale des lettres m'adressait un chèque de 1500 francs. J'en ai été très heureux - et je sais que je le dois à votre intervention. Jean Wagner vous aura dit, peut-être, que je suis entré à la rédaction de Paris-Jour, en qualité de "rewriter". (Il y a aura beaucoup contribué). J'espère que, malgré les impératifs de l'horaire, j'aurai la possibilité de vous rencontrer bientôt. Respectueusement, A.M. Rinaldi".

LAS à propos d'un article sur Gabriele d'Annunzio, "Un furieux désir de paraître" qui sera publié le 16 mai 1971 dans la Quinzaine Littéraire et la diffusion de La Loge du gouverneur en Corse : "Paris, 22 avril [1971] Cher ami, l'article sur D'Annunzio, vous le trouverez ci-contre, mais avec quel retard! C'est qu'il m'arriva une chose épouvantable. Je pèse mes mots : on me l'a égaré, la semaine dernière. Déchiré le brouillon, déchiré le texte définitif. Réellement, c'est à se flanquer par la fenêtre. Je n'ai jamais aussi bien compris ce qu'a pu être la souffrance de Lowry qui, lui, perdait des chefs-d'œuvres (sic). Je dois me rendre le 12 mai, à Marseille, pour une interview télévisée qui sera diffusée dans le sud-est. Comme des amis me disent et m'écrivent que les quelques exemplaires de mon livre, arrivés en Corse, ont tout de suite disparu après un article du "Provençal", je vous demande d'avoir la gentillesse de le signaler au service de diffusion Denoël. Je leur avais téléphoné le mois dernier, mais cela ne servit à rien. Je n'ai pas l'impression que le livre retiendra beaucoup la critique. Aussi, serait-il bête que je perde cette occasion parce que l'intendance ne suit pas. Merci pour tout, bien à vous Rinaldi".

LAS dans laquelle Rinaldi demande à Maurice Nadeau son avis sur le manuscrit de son prochain livre, L'Éducation de l'oubli : "Paris, ce 17 octobre 73 Cher ami, Je vous avais annoncé imprudemment, il y a deux semaines, que je partais en vacances, mais si je propose, les puissants de la rue de Berri disposent... J'ai dû rester à Paris pour des raisons professionnelles, et maintenant je préfère attendre votre avis sur mon manuscrit avant d'aller dans un endroit où il y encore du soleil (j'en ai besoin, étant passablement fatigué par ces deux dernières années). Le livre lu, et l'affaire classée, je me reposerai mieux. Pensez à moi. Bien à vous, A. Rinaldi".

CAS, s.d. [fin octobre - début novembre 1973] : "Mardi soir Cher ami, Merci de tout cœur : vous m'avez rendu le sommeil pour ces courtes vacances. J'étais vraiment inquiet, cette fois. Je vais réfléchir à vos observations. Je veux dire, essayer d'en tirer profit (bien abstrait, le titre, évidemment...) Il se produit en moi un refus nerveux qui m'empêche de vous répondre convenablement, excusez-moi, j'exprimerai mieux toutes ces choses de vive voix. Bien à vous, Angelo Rinaldi P.S. Je ne connais pas Florence Gould mais cette rencontre m'amuse beaucoup."

LAS suite au décès de Marthe, épouse de Maurice Nadeau, enveloppe conservée : "Le 12 décembre 1984, Cher Maurice, C'est Guy Dupré, connu un match autrefois, qui m'a appris la nouvelle. J'en ai infiniment de peine. Tu le sais, ce n'est pas parce que l'on ne voit pas les gens, que l'on cesse de les aimer. Et Marthe s'en rendait bien compte. Quand nous nous sommes rencontrés la dernière fois, à la Quinzaine j'ai été très touché de t'Entendre dire qu'elle remarquait que je ne l'oubliais pas. Comment oublier ma première et patiente lectrice, qui m'a, comme toi, accueilli et porté chance ? Au cours de ces deux dernières années, beaucoup d'amies et d'amis, de tous les âges sont partis (il y a des périodes ou des pans entiers de notre vie s'effondrent, mais je ne le savais jusque-là que de façon intellectuelle. C'est autre chose de les traverser soi-même). Chaque fois, j'ai constaté que personne n'est remplaçable, et que, tel que je suis, le bonheur, je le recevais surtout de l'amitié. Je tenais à l'estime de Marthe. Je pensais à elle comme je pense à toi en ce moment - avec une grande affection. J'y penserai toujours. À bientôt, Angelo R.".

LAS à propos du n°500 de la Quinzaine Littéraire : "Paris, le 10 janvier 1988, Cher Maurice, Il faut absolument signaler ce numéro 500; mais la rubrique Interlignes, qui nous était si commode à cet égard, a été supprimée. J'ai cependant, et sans aucun mal, obtenu de la place pour un écho. (le 22 seulement). Geneviève et Kat ont l'air de se répondre d'une page à l'autre - moment de mélancolie. C'est après la lecture de cet article, que j'avais lu "Fibrilles", à Nice, je ne crois pas que ma mémoire me trompe. À bientôt, mille amitiés et mes voeux, Angelo Rinaldi".

CAS : "Le 6 septembre 89, Cher Maurice, Cela me touche beaucoup que vous ayez accepté de faire partie de ce jury, de participer à une entreprise née, en somme, d'une façon plutôt romanesque : une conversation avec une jolie passante, Mme Geneviève Guerlain, rue de Miromesnil, un samedi de mai. Les choses sont allées vite et m'ont un peu dépassé; déjà, cette semaine, le Canard enchaîné publie un écho qui est, d'ailleurs, sympathique. Votre présence me rassure; pour le public, elle sera le signe d'une absolue liberté. Les autres jurés ? Frank, Garcin, Dumayet, comme je vous l'ai dit par téléphone, Revel, Philippe Demely, journaliste, auteur d'un bon livre sur l'Angleterre, Philippe Meyer, professeur de médecine qui a écris des essais, Mme Guerlain - c'était bien le moins - et le mécène M. Philippe Dennery un scientifique, m'a-t-il semblé, homme sympathique, plutôt gaulliste, ai-je cru comprendre, mais du gaullisme de Londres, et non de l'immobilier (1). Le premier déjeuner du jury - on me prie de vous en informer - aura lieu le 15 septembre prochain, un vendredi - à 13 heures, dans le salon Fontainebleau de l'hôtel Meurice où, peut-être, on a conservé les assiettes de Florence Gould. On vous y attend. Bien entendu, à aucun moment, votre amitié pour moi ne doit peser sur votre attitude. J'aurais fait le trottoir pour 20 millions de centimes, et pour la littérature, sans le vouloir, et c'est assez amusant! À bientôt, et, une fois de plus, merci au nom de tous. Affectueusement à vous, Angelo Rinaldi / PS. Un oubli - Florence Malraux. Georges Steiner se dit trop pris par le "TLS", la vie entre Londres et Genève".

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