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NAU (John-Antoine)

Au seuil de l'espoir

Carteret, mars 1896 - Malaga, janvier 1897

In-4 (32 x 22,5 cm), demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs, auteur et titre dorés, couverture bleue titrée et signée par l'auteur, 95 pp. au total (pagination de 35 à 129) rédigées au recto de 95 ff. montés sur onglet

Manuscrit autographe signé d'une partie du premier recueil poétique de l'auteur, paru à compte d'auteur chez Léon Vanier en 1897.

Comme l'indique une note rédigée sur un feuillet cartonné en début d'ouvrage, les 34 premiers feuillets de ce manuscrit olographe, rédigé par l'auteur en vue de l'impression, ont été perdus. 

Aux feuillets 37 et 38, ces quelques vers :

« Voici reliés de souple maroquin mauve, -
Tranche "pensée" avec un givre d'argent fauve,
Signets d'hyancinthe, - une améthyste au fermoir, -
Les Maîtres qu'elle aimait pour leur mélancolie
Et qu'elle appelait ses "poètes violets":
Ceux dont l'effusion lointaine et recueillie
A l'âpre exquisité de tels sombres oeillets
Dans le soir pourpre, - sous le tremblement stellaire
Délicieusement triste, - pleurs contenus :
André Lemoyne, Dierx, le divin Baudelaire,
L'ange déchu Verlaine aux tourments ingénus
Et le magicien Poictevin, dont la prose
Est un vers plus fluide à l'orient troublant
Qui surprendrait l'émoi nuancé, tressaillant
De la rosée au coeur d'aurore d'une rose
Ou la musique des rayons sur un cristal.
Il prend chaque subtil et précieux volume
Et tourne les feuillets comme un éxilé hume
Les senteurs qui jadis montaient du sol natal... »

Très bien établi en demi-maroquin par Canape.

John-Antoine Nau, pseudonyme d'Eugène Léon Édouard Torquet, fut le premier lauréat du Prix Goncourt en 1903 pour son roman Force ennemie paru la même année aux éditions de la Plume, grâce notamment à la campagne de promotion mise en oeuvre par Félix Fénéon.

Le roman rencontra cependant un succès modéré. J.-K. Huysmans, président de l'académie, dira néanmoins bien plus tard : « C'est encore le meilleur que nous ayons couronné. ». Paul Léautaud confia dans son Journal littéraire : « J'ai répété ce que j'ai dit bien des fois, que le prix n'avait été bien donné qu'une fois, la première, à Nau. Son livre pouvait déplaire, être étrange, baroque, etc., c'était le livre de Nau et non pas de n'importe qui. C'est pour de tels livres qu'est fait le Prix Goncourt. »

2 500 €