LÉAUTAUD (Paul)

Deux lettres à Maurice Nadeau à propos de "Petit débat littéraire"

11 et 19 novembre 1948

2 LAS d'1 p. au format in-8, rédigées à l'encre noire

Deux lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau en réponse à la chronique, parue dans Combat le 11 novembre 1948, à propos de la publication de Petit débat littéraire plaquette de Léautaud dans laquelle il incriminait Georges Duhamel.

Retranscription :

LAS 1 : « Jeudi 11 novembre 1948, Cher Monsieur Nadeau, J'ai lu ce matin dans Combat, le petit compte-rendu de ma brochure Duhamel. De vous, certainement. Je vous donne ce détail, dont je n'y ai fait état, pour ne créer aucun embarras à M. Hartmann et à M. de Sacy. Le vendredi 30 juillet, ayant reçu le matin le Mercure d'août, y ayant lu la lettre de Duhamel, je suis allé l'après midi voir M. de Sacy. Dès mes premiers mots ; il est venu ce matin; Il avait reçu la revue et relu sa lettre, imprimée. Il nous a dit : j'ai eu tort d'écrire cette lettre, je le regrette. Cordialement à vous P. Léautaud

J'ai envoyé un exemplaire à Duhamel, l'adresse, mon nom comme expéditeur, écrits de ma main, pour qu'il ne connaisse pas cette brochure, par un tiers, des bavardages, des échos de journaux, mais par moi, et sans dissimuler ».

LAS 2 : « Vendredi 19 novembre 1948, Cher Monsieur Nadeau, J'ai été ravi cher monsieur, de votre compte-rendu. Surtout que je ne me suis jamais illusionné sur le nombre de gens de plume qui feraient écho à cette brochure. Comme je vous l'ai dit, je n'ai pas fait état du remord de Duhamel, pour ne pas mettre en situation délicate M.M. Hartmann et de Sacy qui me l'ont reproché. Je crois que cette raison demeure. Quand à le rendre moins noir, en la rendant public, ne croyez-vous pas qu'on ferait faire au contraire sur lui cette réflexion fâcheuse que j'ai faite : un écrivain de son âge, qui doit être rompu à tous les incidents de la vie littéraire, qui écrit cette lettre, la donne à publier, et quand il la relit imprimée, regrette et se donne tort de l'avoir écrite !

Il est vrai que nous avons vu, à la libération, un petit lot de grandes vedettes littéraires, (et académiques, par surcroit) se muer en justiciers français, alors qu'ils n'étaient pas si purs, ou [?] à cause même de cela, pour quelques temps après, emprisonnés plus ou moins en eux-mêmes, plaider le pardon et de répondre ainsi : Embrassons-nous. Folleville, répétés.

La haute hiérarchie littéraire doit déranger l'esprit, troubler la vue, et faire agir à tort et à travers. Restons des écrivains de seconde zone. On est plus sage et moins bête. Cordialement à vous P. Léautaud ».

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