FOURRIER (Marcel)

Récit d'un rêve

s.d. [circa 1930]

In-8 (22,4 x 14,2 cm), bifeuillet plié en deux, 4 pp., rédigé au crayon

Manuscrit autographe d'un récit d'un rêve, rédigé au crayon sur 4 pages in-8.

Ce texte semble être resté inédit. Marcel Fourrier évoque intégrer un groupe de figurants de cinéma alors qu’il se rendait chez André Breton. Son épouse Arlette fait une apparition en fin de rêve.

Retranscription :

"Je dois aller chez B[reton]. Donc remonte Bd de Clichy. Je décide de remonter par les rues du quartier arabe et de passer par une ruelle où il y a généralement des prostitués. J'ai rendez-vous pour midi et demie (sic) ou une heure.

Tout d'un coup je tombe sur une petite troupe de figurants de cinéma, des garçons qui se mettent en tenue de lutteur, torse nu. Je fais comme eux. Le metteur en scène vient les chercher. Il me regarde et me dit d'abord qu'il ne m'a jamais demandé de figurer. Puis il m'accepte après q[uel]que réflexion. Comme j'ai une visière de casquette devant les yeux il me la relève et ayant considéré ma figure a l'air très satisfait et me dit qu'il va profiter de ma présence pour faire quelque chose de bien. Je suis tout réjoui et accepte de rater mon rendez-vous. A ce moment j'ai une vieille culotte d'un de mes anciens costumes de sport et comme elle tombe je la serre fortement avec une ceinture. Mais j'ai perdu du temps et mes compagnons ont commencé à lutter.

C'est alors que je m'aperçois que le metteur en scène est une jeune et jolie femme. Mais elle n'a absolument aucune considération pour moi. Elle est assise au pied d'un arbre. Mais elle demande à un beau garçon qui doit être son amant de lui parler de l'été. Il est incapable de rien dire sur le sujet et je m'avance à mon tour non sans quelque difficulté. J'improvise un brillant discours que je termine ainsi : "Le soleil d'été est comme un baiser qui des yeux nous réchauffe le coeur." ou à peu près. La jeune femme semble ravie et extasiée et me regarde avec des yeux où je crois distinguer une grande tendresse à mon égard.

Personne ne s'y trompe car le beau jeune homme de tout à l'heure qui est assis sur un lit à côté de moi me dit : "allez-y c'est votre tour" et il pleure. Mais ses pleurs sont joyeux car il m'embrasse avec reconnaissance en me disant pour s'excuser : "Comment aurais-je pu prévoir : elle a toujours en horreur les blondins". Or je pense, en effet que je suis blondin et j'ai honte de ne pas avoir beaucoup de cheveux.

Cependant au moment où je me dirige vers la belle jeune femme, je m'aperçois qu'elle est entrée dans une boutique en contre-bas et qu'elle est autour d'une table en compagnie d'autres femmes. Je réfléchis que ce doit être la boutique de M. L.. La belle jeune femme sanglotte (sic) éperdument et semble avouer ou raconter quelques fautes.

Revenant à l'état de demi veille j'ai l'idée d'interpréter ce rêve selon Freud et le principe de la double personnalité d'un même objet dans un rêve et je conclus que la jeune femme et le jeune homme sont Arlette puis je me rendors".

450 €