Correspondance adressée à Maurice Nadeau
Noël 1946 au 23 novembre 1948
3 LAS au format in-4 et in-8 et 1 CAS in-16 formant un ensemble de 7 pp.
Correspondance, composée de 3 lettres et une carte autographes signées, adressée à Maurice Nadeau ou son épouse Marthe, de Noël 1946 à l'automne 1948.
Critique littéraire et grande spécialiste de la littérature anglo-saxonne, Claude-Edmonde Magny (1913-1966) fut la première femme à rejoindre le jury du Renaudot où siegea Maurice Nadeau de 1945 à 1969. Elle fut une collaboratrice régulière de la revue Esprit où elle signa de nombreux articles sur les écrivains de la déportation et sur Georges Bataille.
Il est question dans cette correspondance de collaborations au journal Combat, du Prix Saint-Dominique et de ses démêlés avec Mme Arban et du Prix Renaudot de 1948. Après avoir indiqué aimer "Moi qui ne suis qu'amour" de Dominique Rolin et "Vipère au poing" de Hervé Bazin, elle demande à Maurice Nadeau "quels sont ses poulains".
LAS : "Vitrey, lundi de Noël 46 / Cher ami, Je suis partie trop précipitamment ici le surlendemain de Noël pour avoir le temps d'écrire l'article sur le roman américain sur le bouquin de Gennie, ou même d'emmener les bouquins nécessaires. Je rentre à Paris jeudi soir. S'il est encore temps pour le premier, voulez-vous avoir la gentillesse de me passer un coup de fil le plus tôt possible (quoique je commence à douter fortement que vous sachiez vous servir du téléphone) et je m'y mettrai le plus tôt possible. Vous ne croyez sans doute plus beaucoup à la réalité de cette promesse (et moi non plus) mais on va tout de même essayer de lui en donner un peu ! [...]".
LAS, 12 août 1947 (cachet de l'enveloppe conservée) : "Samedi soir. / Cher ami, Deux mots avant mon départ pour l'Angleterre. Vous recevrez lundi un exemplaire dactylographié de ma lettre à Madame Arban, ou je remets au point ses accusations et raconte la vraie histoire des Prix Saint-Dominique. J'ai pris soin d'être extrêmement précise sur les dates etc... Et nous pourrons, si elle s'entêtait produire des témoins etc... J'espère pour Combat que l'affaire s'en arrêtera là. Nous préférerions toutes éviter ce genre de publicité, et serions heureuses que vous renonciez à publier sa lettre (ainsi que la mienne) si vous n'êtes pas trop engagé envers elle est si vous avez d'autres distractions à offrir aux lecteurs de la page littéraire de Combat. Sinon, le bras droit et la vérité (pour ne rien dire de l'orthographe) son de notre côté (et cote !). Si ça vous amuse, appelez ma lettre "Persécuteur persécuté" (comme compensation Elsa !). Je crois que si vous tenez à publier, il serait meilleur (pour nous) de publier in extenso malgré sa longueur, la lettre de Madame Arban. À décembre, j'espère et merci encore de l'amitié que vous avez eue en venant me voir hier soir. Bien sympathiquement vôtre, Claude-Edmonde. Jeannine Delpech est maintenant la secrétaire de notre prix. 29, Avenue Emile Deschanel. Louise de Vilmorin ne pouvant se rendre régulièrement à nos réunions nous regrettons qu'elle ne puisse faire partie de notre jury. Il suffit de ne plus la mentionner dans la liste des membres".
LAS à Marthe Nadeau : "Paris, lundi. / Chère Madame, / Je tiens à vous remercier infiniment de la si agréable journée que ma fille et moi avons passée hier chez vous; (j'espère que cette lettre vous parviendra mieux que la précédente !) Je regrette simplement que nous ne nous soyons pas annoncées d'une façon plus efficace et je voudrais être sûre que nous ne vous avons pas trop dérangée. Nicole se rappelle au souvenir de toute la maisonnée, et spécialement à celui de Gilles (qu'elle s'obstine à appeler Jules! ) - il y a aussi une chèvre, sise au fond du parc et, je crois, extérieure à vos domaines, qui a fait une forte impression ! Voudriez-vous avoir la gentillesse de dire à votre mari, que je parlerais volontiers dans Combat du Vin de Paris, de Marcel Aymé, et/ou des Mémoires de Maurice de Waleffe (voilà où mènent les mauvaises lectures ! ). Ça, au moins, on ne pourra pas dire que c'est ésotérique et pas assez "grand public"! Il y a aussi les Cahiers de la Pléiade, dont j'aimerais rendre compte, mais je crois que Pauwels ne se les réserve ? Avec encore une fois mes remerciements, trouvezr ici, chère Madame, l'expression de mes sentiments amicaux. Claude-Edmonde Magny".
CAS : "Cambridge, le 23 novembre 1948 / Cher ami, Je viens d'être très souffrante (derechef une grosse grippe) et ne suis pas encore très bien, si bien que je n'ai pu vous écrire avant, pour vous demander quels étaient vos favoris pour le Renaudot. Moi je suis très très emballée par le livre de Dominique Rolin, Moi qui ne suis qu'amour - qui me semble dire pour la première fois des choses que nul homme n'avait encore exprimées - l'avez-vous lu ? Et qu'en pensez-vous ? (et le R[enaudot] pourrait bien, pour une fois, prouver qu'il n'est pas systématiquement misogyne!) Ceci dit, je trouve très bon aussi le livre d'Hervé Bazin [Vipère au poing] - et bien sûr je conserve toujours à Calet la même estime. N'ai pas encore lu le [Pierre] Fisson [Voyage aux horizons, qui reçut le prix en 1948]. Avez-vous d'autres poulains ? Si oui, mettez-moi vite un petit mot que je me les fasse envoyer. De toute façon, cela me ferait grand plaisir d'avoir de vos nouvelles - et même de vous voir un peu plus longuement à Paris que nous n'avons pu le faire À mon dernier passage ! Je rentre vendredi soir 3 décembre - téléphonez-moi dans la soirée ou tôt le matin, et venez prendre un drink vers 11h 1/2, midi ? (mais téléphonez, parce que autrement je pourrais être sortie). Toujours très fidèlement à vous, Claude-Edmonde".
200 €
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