[BAUDELAIRE (Charles)]

Les Mystères galans des théâtres de Paris

(actrices galantes)

Paris, Cazel, 1844

In-16 (14,2 x 12 cm), reliure du XIXème siècle en bradel demi-toile rouge, titre en long sur pièce de maroquin, non rogné, étui, IX pp., 125 pp., 1 f. n. ch.

Rarissime édition originale, ornée d'un titre-frontispice gravé par Nadar, du premier ouvrage imprimé comportant des contributions de Charles Baudelaire.

Ce recueil collectif, publié anonymement et découvert par Jacques Crépet, est composé d’anecdotes scandaleuses concernant des actrices parisiennes et de violentes diatribes à l’encontre de personnalités du monde des lettres et des tréteaux dont le dramaturge François Ponsard, le Baron Jérôme Pichon bibliophile et bibliographe, l’ecclésiastique Alphonse-Louis Constant qui deviendra l’une des grandes figures de l’occultisme.

La paternité de l’intégralité des textes et articles, formant ce volume n’a, à ce jour, pas pu être établie. Baudelaire se défendit d’ailleurs, probablement par intérêt, d’être l’auteur de l’article fustigeant le Baron Pichon (cf. lettre adressée à lui datée du 4 mars 1844), propriétaire de l’Hôtel de Lauzun où logeait le peintre Fernand Boissard chez qui furent organisées de 1844 à 1849 les fameuses séances du Club des Hashischins. Mais comme le dit l’adage, pas de fumée sans feu.

Même si l’article concernant le Baron Pichon ne peut être attribué à Baudelaire avec certitude, «d’autres pages [des Mystères galants] sont presque certainement de lui, notamment l’attaque contre Ponsard» (Claude Pichois & Jean Ziegler, Charles Baudelaire, Fayard, 2005, p. 245 et 246).

Baudelaire, peu sensible au théâtre consensuel caressant dans le sens du poil la bourgeoisie bien pensante, n’aurait certainement pas refusé d’écorcher sur douze pages l’auteur de Lucrèce, drame antique en vers, composé en réaction au romantisme ambiant, acclamé lors de sa création en avril 1843 au Théâtre de l’Odéon peu après que Les Burgraves eurent été sifflés : «De même qu’en pilant dans un mortier du Dorat avec du Victor Hugo, vous obtenez Arsène Houssaye ; de même en saupoudrant Tite-Live d’André Chénier et Racine de Catulle, vous faites un gâteau de farine fort indigeste, qu’on nomme Ponsard, fait grand homme par hasard, comme Sganarelle, médecin malgré lui».

Les Mystères galants des théâtres de Paris sont repris intégralement dans l’édition des Oeuvres complètes de Baudelaire dans la Bibliothèque de la Pléiade (Tome II, p. 985 et suivantes).

Séduisant exemplaire en reliure du XIXème siècle, très beau titre gravé par Nadar.