CHAR (René)

Jeanne qu'on brula verte

Alès, PAB, 1956

Minuscule (8,7 x 8,7 cm), broché, couverture blanche rempliée imprimée en noir, 12 ff. n. ch.

Édition originale illustrée d'un frontispice de Georges Braque en noir (après une première édition sans le frontispice presque entièrement détruite).

Tirage limité à 99 exemplaires numérotés, justifiés et signés par l'éditeur.

Un des 87 exemplaires sur Rives (après 12 Chine).

Envoi autographe de l'auteur à l'encre bleue : "Pour Mimi" sur la page de titre et signature (monogramme) de René Char au colophon.

"Écrit à la demande de Pierre-André Benoit, ce portrait de Jeanne d'Arc brulée dans la verdeur de sa jeunesse fut adressé à Alès à la fin de juillet 1956. Après avoir écarté le risque d'une publication au calendrier du livre chrétien, où PAB l'entraînait plus ou moins ingénument, Char demanda à celui-ci de l'éditer lui-même. L'impression en était à peine achevée, fin août, quand l'envoi par Georges Braque d'un dessin de titre changea la donne : les plombs conservés furent retirés avec le dessin cliché, la couverture recomposée selon les indications de Char, et les exemplaires de la première édition... brûlés - presque tous." (Antoine Coron).

Marie-Louise Roux (1935-2010) est la fille d'un couple d'amis proches de René Char : le Dr Jean Roux de L'Isle-sur-Sorgue - qui fut longtemps le médecin personnel du poète - et son épouse, Simone.

Les lettres envoyées par René Char à Simone Roux, nous apprennent que René Char interviendra en 1954 pour aider leur fille, Marie-Louise, surnommée Mimi, alors âgée de 19 ans, à s’inscrire à la faculté de médecine à Paris.

René Char offrira à Mimi bon nombre de livres parus dans la seconde moitié des années 50. Il lui réservera également des plaquettes à petit tirage éditées par Pierre André Benoit. Le plus souvent, ces livres sont ornés de belles dédicaces. Certaines d’entre-elles laissent deviner que l’auteur d’Éros suspendu n’était pas insensible aux charmes de la jeune Marie-Louise.

Une lettre qu'il adressa à Marie-Louise le 18 décembre 63 ne laisse aucun doute : « J'espère que tu auras un peu de / temps à l'Isle et que j'aurai ta / visite souvent. Je suis enfermé par / la neige - mais elle fond ! Quand / tu arriveras le ciel sera plus / clément et les sentiers tout ouverts / à nous. Je t'attends. T'embrasse. / Désir de te voir. / René ».

Le cabanon des Busclats dont il est question dans cette lettre avait été acheté par René Char au Dr Jean Roux en 1960.

Diplômée de médecine, Marie-Louise Roux épousera à l’Isle sur Sorgue le 18 décembre 1966, Pierre-Christian Taittinger, fils du fondateur de la maison de Champagne et homme politique, futur sénateur et maire du XVIe arrondissement de Paris.

René Char adressera une lettre de félicitation à Simone pour cette union. Il semble ensuite avoir cessé d’envoyer ses livres à Marie-Louise.

Antoine Coron, René Char [Catalogue de l'exposition organisée à la BNF du 4 mai au 29 juillet 2007], pp. 44, 144 et 166

750 €