GUERIN (Raymond)

Les Poulpes

Paris, Gallimard, 1953

20,7 x 14,2 cm, broché, couverture crème imprimée, 571 pp., 2 ff. n. ch.

Edition originale du chef-d'oeuvre de l'auteur.

Un des 89 ex. num. sur vélin pur fil Lafuma-Navarre, seul grand papier.

Bel exemplaire, broché, tel que paru.

Les Poulpes sont les formes hideuses dont se sert la Société pour avilir et museler toujours davantage les individus. Les individus ici, ce sont des prisonniers, prisonniers d'hier, prisonniers de tous les temps. Raymond Guérin, en maint endroit, les appelle des larves. Car c'est bien une vie larvaire que traînent ceux dont il retrace ici l'existence dérisoire. Mais Raymond Guérin est un grand romancier. Ces larves prennent sous sa plume des figures saisissantes. Avec un magma de quelques centaines de reclus, il recrée toute une Société. Société confinée, sans doute, soumise aux exigences de la faim, à la tyrannie des geôliers, aux sottises de la propagande, mais société quand même, avec ses lâchetés, ses héroïsmes, ses amours, sa politique. Ceux qui la composent sont eux-mêmes affublés de sobriquets qui les dépeignent tout en les dépersonnalisant : Domisoldo, Le Folliculaire, Thorax d'Ajax, Le Prince, Tante Pitty, Marie Madeleine, Alcibiade, Paludes, ... et surtout Le Grand Dab qui n'est autre que Monsieur Hermès, le héros de L'Apprenti.

"Il s'agit là, avant tout, écrit l'auteur, d'un livre de dérision. Dérision du sujet et dérision du style." Mais il s'agit aussi d'une véritable épopée, dure, implacable, désespérée. C'est le constat tragique d'un homme conscient de l'amère dérision de la vie. C'est le bilan d'un destin irrémédiablement voué au cauchemar et à la fantasmagorie criminelle d'une société policière.

750 €