SAPHO (Princesse)

Le Tutu - Moeurs fin de siècle

Avec une planche de musique céleste et une composition symbolique de Binet

Paris, Genonceaux, 1891

In-12 (18,7 x 12 cm), broché, couverture illustrée, 1 f. fin, 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 319 pp., 1 f. fin

Très rare édition originale (pas de grand papier) du roman le plus mystérieux du XIXe siècle.

Elle fut imprimée à Paris par Léon Genonceaux qui venait d'éditer, non sans controverse, Le Reliquaire de Rimbaud et la deuxième édition des Chants de Maldoror de Lautréamont qui fera connaître le chef-doeuvre de Lautréamont.

Sa diffusion confidentielle intervenue en plein milieu des démêlés de Genonceaux avec la justice et l'absence de chronique ou même notule dans la presse de l'époque l'avait enfoui six pieds sous terre.

C'est grâce à la sagacité de Pascal Pia, qui le redécouvrit en 1966, que le roman sortit des ténèbres.

"Le hasard seul m'a fait découvrir ce roman... Tous les personnages du livres sont des excentriques, des extravagants, voire des monstres - au sens propre du terme. Le premier d'entre eux, Mauri de Noirof, épouse une riche héritière obèse et portée sur la boisson, engrosse une femme à deux têtes qui s'exhibait dans les cirques, subit le traitement grâce auquel un médecin procure aux femmes stériles comme aux hommes la possibilité d'allaiter, devient député, ministre de la Justice, et se livre en compagnie de sa mère à des orgies de débris anatomiques dans la garçonnière où Gabrielle Bompard et son amant avaient estourbi l'huissier Gouffé. Mauri et Madame de Noirof mère se délectent des Chants de Maldoror. Mauri les lit à haute voix, ce qui permet à l'auteur du Tutu d'en reproduire textuellement plusieurs pages" (trois pages et demie du Chant troisième et six pages du Chant quatrième). (Pascal Pia, la Quinzaine Littéraire, 1966).

Si l'absence d'un auteur clairement identifié (Pia l'attribue à Genonceaux) et la surprenante modernité de l'écriture - qui annonce Jarry, Queneau, le Surréalisme - ont pu faire soupçonner à certains une supercherie, l'authenticité de ce chef-d'oeuvre est aujourd'hui établie de manière irréfutable.

Le Tutu fut réédité en 1991, par les Éditions Tristram, provoquant émoi et sidération chez nombre de critiques et lecteurs.

Complet de tous ses attributs : sa fragile et extraordinaire couverture illustrée ici en belle condition, les 4 pages blanches en fin des chapitres I, IV, VI et IX, la planche de musique céleste et la composition symbolique de Binet.

Broché tel que paru, quelques notes au crayon, quelques très rares et pâles rousseurs.