BATAILLE (Georges)

Correspondance adressée à Maurice Nadeau

du 4 janvier 1946 au 26 septembre 1959

20 LAS de format in-4 (10 LAS) et in-8 (10 LAS) pour un total de 30 pp. rédigées à l'encre, certaines sur papier à en-tête de la revue Critique.

Belle correspondance témoignant de la collaboration littéraire nourrie entretenue pendant presque quinze années par Georges Bataille et Maurice Nadeau, chacun contribuant par des articles aux revues dirigées par l'autre.

Il y est question de philosophie, de politique et d'engagement, d'adhésion au comité de soutien Henry Miller, de littérature érotique ...

On joint le tract ronéotypé en faveur de Henry Miller adressé au juge du tribunal de Nancy en 1949 signé par Georges Bataille.

Nous ne pouvons en donner ici que quelques bribes :

Vézelay, 4 janvier 1946 : "D'un côté votre demande répond à une préoccupation devenue essentielle pour moi ces temps-ci. D'un autre côté, la question est des plus obscures. Le fait qu'on ne puisse finalement rien dire si l'on n'a quelque idée des philosophies de Heidegger et de Sartre donne la sensation d'être blousé. [...] Croyez-vous qu'il soit possible de trouver actuellement à Paris un exemplaire d'Arcane 17 ?"

Vézelay (Yonne), 25 janvier 1946 : "Je serai reconnaissant si vous pouviez envoyer un exemplaire de la Revue Internationale à Erich Weil [...] Erich Weil doit rendre compte, en même temps que de l'article d'Etiemble (sur le matérialisme dialectique) dans l'Arche, du texte d'Engels. L'article d'Etiemble est nettement mauvais. C'est d'ailleurs dans le sens du matérialisme dialectique, et non contre, que Weil doit s'exprimer".

Vézelay (Yonne), 26 janvier 1946 : "Oublié de vous rappeler que nous attendons - le plus vite que vous pourrez - votre article pour le cahier sur la littérature et la politique".

Vézelay, 26 janvier 1947 : "Je viens d'être malade et mes papiers se sont amoncelés... Mais il est inutile de dire que j'accepte de faire partie du comité [de défense d'Henry Miller] dont vous m'avez envoyé l'annonce".

Vézelay, 18 juillet 1947 : "Vous l'avez laissé compter sur votre article sur Balzac pour une date très proche. [...] Je viens de lire Rupture inaugurale. Je suis en tout cas très d'accord sur les pages concernant le christianisme. Le reste forcément... mais je serais content si vous me disiez votre point de vue sur cette question du christianisme".

Vézelay, 24 janvier 1948 : "Je vous envoie un article pour la page littéraire de Combat. Je souhaite que vous me disiez s'il est assez clair, si des articles de ce genre conviennent vraiment. J'aimerais en effet vous en donner d'autres : en particulier, un sur le livre de Merleau-Ponty, un sur l'Introduction à la lecture de Hegel de Kojève. Il y aurait intérêt, me semble-t-il, a être plus clair que dans le premier essai (à la rigueur, il s'agit aujourd'hui d'un sujet familier qui, peut-être, s'associe dans l'esprit du lecteur à des idées déjà élaborées, mais s'il s'agit de la crise du marxisme, ou de Hegel, il serait nécessaire de reprendre davantage un a b c). [...] De toutes façons, il me semble que mon attitude est assez semblable à la vôtre pour que ma proposition d'aujourd'hui ait un sens. Et je ne vois pas d'autre organe où je pourrais m'exprimer sans introduire de désagréables malentendus. Je voulais depuis longtemps vous remercier d'avoir parlé de moi comme vous l'avez fait, c'est-à-dire en touchant l'essentiel et non, comme j'en ai l'habitude, en passant à côté. Je ferai seulement cette réserve sur un point: c'est que l'absence de système et l'absence d'art sont en moi des apparences. La plupart de mes manuscrits sont raturés à l'extrême et les réflexions désordonnées que j'ai publiées élaboraient un système cohérent (que j'expose d'ailleurs dans un article sur l'existentialisme dont la première partie a paru dans le n°19 de Critique)".

Vézelay, 16 février 1948 : "Je comptais vous envoyer au courrier aujourd'hui un article dur Merleau-Ponty. Il n'est pas tout à fait prêt mais il le sera à coup sûr demain. [...] J'ai reçu récemment votre anthologie de Sade qui me semble admirable en tout point. Il est peut-être difficile d'en parler dans Combat mais un article sur l'article de Maurice Blanchot dans Les Temps modernes n'aurait pas le même inconvénient. Je tiendrai beaucoup à le faire et je pourrais tout de même indiquer en note le fait que votre anthologie permet enfin de connaître Sade (elle ne pourrait même pas être superflue à qui aurait les oeuvres complètes: pourquoi ne pas avouer que Sade est plus lisible en anthologie ?)".

Vézelay, 17 février 1948 : "Je vous envoie l'article annoncé. Il me semble plus clair que le précédent".

Carpentras, le 25 avril 1951 : "Voilà le texte signé de moi concernant la nouvelle affaire Miller. Je crois que la lettre d'Humeau impliquait mon accord en cas de non réponse... Voici en tout cas ma signature... Je ne tarderai pas à vous envoyer "L'Histoire est-elle finie" pour Combat".

Orléans, 1er janvier 1955 : "J'ai trouvé un fragment, qui je pense, vous intéressera et que vous pouvez dès maintenant annoncer sous le titre : "L'Érotisme fondamental. C'est sans doute le texte que je choisirais si l'on me demandait maintenant de n'en laisser qu'un seul. [...] Ne publierez-vous pas Place des angoisses à temps pour prix des Critiques ?".

Orléans, le 5 septembre 1956 : "Je suis naturellement disposé à venir à Zurich le 24. Mais comme je vous l'ai dit - je crois ? - je viendrai en voiture avec ma femme ((je ne conduis pas moi-même)".

Orléans, le 19 avril 1958 : "Je vous donnerai un article où je reviendrai sur ce que j'avais dit précédemment sur l'abominable [sort] à Nietzsche. Où je tenterai de reprendre un peu sérieusement les raisons profondes que nous avons de donner à Nietzsche une qui n'appartient à nul autre".

Orléans, 15 octobre 1958 : "Je viens de lire une bonne partie de La Gana [publié sous le pseudonyme de Jean Douassot] qui m'a vivement ému. Je suppose que vous avez entendu parler de la revue que je prépare (sur la sensualité et l'érotisme). Je voudrais, dans le 1er n° donner un compte-rendu. C'est pourquoi j'aimerais vous rencontrer. [...] Evidemment je ne pourrais facilement parler de La Gana dans ma revue sans avoir lu personnellement au moins quelques unes des pages que votre avertissement évoque ? Est-ce impossible ? [...] J'aimerais aussi faire un c.r. dans Critique".

Orléans, le 26 septembre 1959 : "Je vous envoie ces quelques pages d'une introduction à un "Procès de Gilles de Rais" que doit publier le Club français du livre. [...] Je souhaite vivement que persiste le succès des Lettres Nouvelles hebdomadaires, et si je puis faire quelque chose pour vous aider, je le ferai volontiers".

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