GOMBROWICZ (Witold)

Correspondance adressée à Maurice Nadeau

du 12 décembre 1962 au 29 mai 1967

2 LAS et 4 LS au format in-4 formant un ensemble de 6 pp.

Correspondance, constituée de 2 lettres autographes signées et de 4 lettres signées, adressée à Maurice Nadeau à propos de la publication de la traduction française de Transatlantique, du Journal, de ses pièces de théâtre, Yvonne et Le Mariage, d'une éventuelle réédition de La Pornographie et du versement du montant du prix Interallié que l'écrivain polonais avait reçu à l'occasion de la publication de Cosmos en 1967.

On joint une LAS de son épouse, Rita Gombrowicz, datée du 18 janvier 1987 à propos de la publication de lettres montrant les relations de Witold Gombrowicz avec ses éditeurs.

LS du 12 décembre 1962, enveloppe d'expédition depuis l'Argentine jointe : "Cher Nadeau, Kot m'écrit que vous avez des inquiétudes quant à la lenteur Kosko. Moi de même. On m'informe que Kosko est absorbé par d'autres occupations et qu'il a très peu de temps pour traduire. Je me demande donc, s'il ne serait pas possible de diviser ce travail entre Kosko, Sidre et Kukuska. Je crois qu'il faut faire le possible pour terminer au plus vite avec le Journal. Weidlé, qui l'a lu en allemand, est aussi d'opinion qu'il est très important de le publier sans trop de retard. Et, comme vous savez déjà, je suis absolument contraire à le publier dans deux volumes, ce genre de littérature peut convaincre seulement par l'abondance des traits, points de vue etc. Le lecteur doit entrer dans la matière. [...] Je vous serais très obligé si vous pouviez me dire quelque chose au sujet de la vente de "La Pornographie". [...] Je sais qu'en la NRF paru (sic) une critique fort défavorable. Depuis longtemps je ne reçois pas des extraits de la presse. Est-ce qu'il n'y a rien ? ...".

LS du 3 mars 1967  : "Cher Maurice Nadeau, d'accord, je n'ai rien contre Alan Kosko, pourvu qu'il fasse ce travail à temps. Mais est-ce que qu'il le fera ? J'imagine que vous avez des moyens pour le contrôler et le pressionner (sic). Melle Kukulczankae, qui traduit, avec Monsieur Sidre, "Le Mariage" et "L'Yvonne", m'écrit qu'il se peut que vous éditerez ses pièces dans un volume. Est-ce que vraiment vous pensez le faire ? Cela pourrait faciliter la mise en scène de ces ouvrages, ce qui serait, sans doute, très utile pour me faire connaître plus à Paris. Mais il me semble que cette édition a besoin aussi d'une préface. Tous mes ouvrages ont besoin d'un commentaire, puisque c'est un genre d'avant-garde différent de celui qui est en vogue à Paris (une avant-garde "slave" si vous voulez), il faut donc éviter des malentendus. Si vous croyez que ma préface à "La Pornographie" a été efficace, je pourrais écrire quelque chose pour cette édition. [...] C'est évidemment très agréable pour moi, d'être reconnu comme un auteur d'élite, mais j'aspire à quelque chose de plus, à être vraiment lu... [...] Si vous ne faites pas une seconde édition de "La Pornographie" cela prouvera que je n'ai pas encore trouvé mes lecteurs. [...]".

LS du 24 juillet 1963 à propos de sa pièce Le Mariage : "Mon cher Nadeau, Je viens de recevoir une lettre de Georges Sidre, il me prie d'insister auprès de vous pour que "Le Mariage" paraisse avant "Le Journal". Je ne suis pas de son avis. Cependant, il a peut-être raison quand il dit, qu'il faut faire un effort pour que le milieu théâtrale (sic) se familiarise un peu avec ce drame en vue de son (sic) représentation [...] en automne. Il me semble que l'échec du Mariage au théâtre n'est pas justifié, J'ai toujours considéré cette pièce comme un de mes ouvrages plus réussis et, lors de sa représentation en Pologne, (qui a été tout de suite interdite par le gouvernement) on me disait qu'il est très "théâtrale" (sic). Il se peut que la critique et le public n'ont pas compris grand chose de cette pièce qui est difficile et pas trop ressemblante au théâtre qui est en vogue aujourd'hui. ou, peut-être, la mise en scène de Lavelli, quoique très réussie, était trop moderne pour ce drame, qui est une parodie de Shakespeare et devrait être joué dans le style shakespearien. Il me vient à la tête que peut-être le mieux serait [de] publier au moins un acte dans les lettres nouvelles [...]".

LAS du 17 mars 1965 : "Cher Nadeau, Mme Geneviève m'écrit que le théâtre paraîtra en mai. Et Bakakaï en 1965 (il veut dire en 1966). J'espère, quand même, que je réussirai à convaincre Monsieur Bourgois que cette façon de méditer au ralenti est nuisible autant pour lui que pour moi et qu'il faut que ce volume paraisse à la fin d'année. Je suppose que vous allez m'appuyer dans cette démarche et que, en tout cas, vous ne consentirez pas un nouveau retard en ce qui concerne le "Théâtre". Quant à l'édition même, je voudrais vous rappeler : 1°/ Je vous ai envoyé une petite préface [...] 2°/ Je vous ai envoyé aussi une note qui contient les choses que je voudrais que le lecteur sache. J'espère que vous écrirez un commentaire à cette édition aussi réussi, que celui du Journal, et que vous utiliserez ces données. [...] Je pense que la publication de mon Journal dans les Lettres Nouvelles est un facteur très important. J'ai l'impression que maintenant le fruit de la gloire est mur et qu'il suffit  [de] secouer un tout petit peu l'arbre de… de quoi?… de la vie?… Pour qu'il tombe dans nos bras ! Aaah!".

LAS du 21 juin 1965 : "Cher Nadeau, Je suis en Italie, je viens de recevoir votre lettre du 18 juin. Je vous souhaite que toute cette métamorphose s'arrange d'une façon vraiment satisfaisante pour vous et les Lettres Nouvelles. Naturellement, je ne vais pas signer aucun contrat avec Julliard avant que cette situation ne se cristalise (sic). Après une collaboration de 7 années je ne voudrais pas vous quitter. Mais je dois tenir en compte que Julliard (concrètement : M. Bourgois) m'a démontré dernièrement l'intérêt qu'il a pour m'éditer. On m'a promis d'éditer un ouvrage par an, de me faire de la publicité, etc. Tandis que je n'ai aucune idée quel est l'intérêt de Gallimard pour me publier. Je sais que votre présence est une garantie pour moi, mais quand même, avant de me décider, je voudrais entrer en contact direct avec mon nouvel éditeur. Je voudrais avoir une lettre de lui avec la proposition concrète de rééditer Ferdydurke et La Pornographie  [...] Est-ce que M. Bourgois reste chez Julliard, à son poste actuel ? Quelle est sa situation ?  [...]".

LS du 29 mai 1967 à propos de prix Interallié que Gombrowicz venait de recevoir pour Cosmos : "Mon cher Nadeau, Je suis assez préoccupé par votre lettre concernant les impôts. En même temps, j'ai reçu une lettre des éd. Gallimard (M.B. Huguenin) où on me dit ceci : "Le montant du prix doit vous être remis sous forme d'un chèque tiré sur la banque à New York. [...] On voit donc que c'est Gallimard qui va m'envoyer le chèque. Or, je me demande si cela ne serait pas mieux que le chèque me soit envoyé d'un autre pays.  [...].

3 000 €