LE CLEZIO (Jean-Marie)

La Guerre

Paris, Gallimard, Coll. Le Chemin, 1970

20,5 x 14,2 cm, couv. imprimée, 288 pp. + un cahier de 16 pp. intitulé "Clichés" comportant des photographies en noir et blanc

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 36 Hollande van Gelder et 66 vélin pur fil).

Très bel envoi autographe signé de l'auteur : "Pour Monsieur Maurice Nadeau / ce journal de guerre, mais / les nouvelles sontà l'intérieur, pas au dehors / Avec tous les remerciemets de / JMG Le Clezio".

On joint :

Lettre adressée à Maurice Nadeau à propos de La Guerre.

Novembre 1970. 1 LAS au format in-8 d'1 p..

Importante lettre adressée à Maurice Nadeau à propos de la chronique qu'il venait de publier dans la Quinzaine Littéraire concernant La Guerre, cinquième roman de JMG Le Clezio qui venait de paraître chez Gallimard.

Retranscription : "Nice nov. 1970 / Cher Monsieur, Merci de votre lettre, et du beau texte que vous avez écrit dans la Quinzaine Littéraire à-propos de La Guerre. Ce n'est pas facile de publier (surtout des romans) par ce qu'on se demande toujours à quoi cela va servir au milieu des autres, je veux dire qu'on n'a pas envie d'entrer en lice, de se mesurer aux autres, etc. Alors votre témoignage d'amitié transforme le livre en lettre ouverte qu'on écrit à tous les amis inconnus, et à ce moment-là, ça cesse d'être difficile, ça devient vrai, simple. Ça n'est plus de la compétition. Autrefois, je croyais qu'écrire, ça simplifiait tout dans la vie, je croyais que c'était un bon moyen pour entrer dans la vie (avec les autres). Je m'aperçois que c'est à peu près le contraire. Que la rupture augmente au fur et à mesure qu'on la raconte, comme si l'écriture était un de ces animaux monstrueux qui se dévorent eux-mêmes. Et en même temps, que tout ce qui est beau dans l'acte d'écrire, c'est ce qu'il fait apparaître qui n'est pas à soi, qui est à tout le monde. Tout cela est vraiment bizarre, on n'est pas son propre maître. On croyait avoir une parole, et on découvre que la "beauté", l'"harmonie", la "vérité" sont des produits du hasard, qu'elles apparaissent de temps en temps machinalement. Le roman (je comprends très bien que vous n'aimiez pas tellement cela) n'est supportable que si on ne le regarde pas comme le délire d'un individu, mais comme une des voix. Je vis de plus en plus avec les indiens Choco du Panama, et ce qui m'a surpris le plus c'est qu'il ont des romans eux aussi; des histoires plutôt (c'est ça qu'on devrait dire au fond : des histoires) qu'ils se transmettent oralement, avec des variantes. Ce sont des mythes si on veut, mais ce sont aussi des récits, avec des personnages, des dialogues, des essais, des descriptions etc. Ça doit être un vice (ou une vertu ?) fondamentale de l'homme que de raconter des histoires ? Bien cordialement vôtre. JMG Le Clezio".

1 500 €