QUENEAU (Raymond)

Correspondance adressée à Maurice Nadeau

7 février 1948 au 3 novembre 1975

34 LAS, la plupart au format in-8 sur papier à en-tête de la nrf, formant un ensemble d'une trentaine de pages, une enveloppe conservée

Correspondance adressée à Maurice Nadeau, composée de 34 lettres autographes signées, rédigées par Queneau avec sa verve habituelle.

Cette correspondance, échangée sur une période de plus de 25 ans, témoigne de collaborations à l'Observateur, aux Lettres Nouvelles et à la Quinzaine Littéraire, de services éditoriaux rendus ou demandés, de prix littéraires, de coquetèles, etc. Il y est question du poète grec Constantin Cavafy, de James Joyce, Gabriel Pomerand, Stig Dagerman, Clément Pansaers, de Queneau déchiffré de Claude Simonnet qui sera publié par Nadeau chez Julliard en 1962, de la fin des Lettres Nouvelles, d'Henry Miller, de l'OULIPO, d'une réédition de Déjà Jadis de Ribemont-Dessaignes et de dessins aquarelles et gouaches de Queneau.

1. LAS : "7. 2. 48 / Mon cher Nadeau Avez-vous diffusée par la Maison du Livre, une traduction des poèmes de Cavafis publiée à Lausanne par l'Abbaye du livre. Elle est très bonne et je me suis fait un peu le champion de Cavafis en France. C'est un très très grand bonhomme, je crois. Vous qui avez une "tribune" vous devriez en parler - s'il m'est permis de vous donner un conseil... Merci pour le Sade. Excellent, excellent. Mais... vous croyez que... le laïus au dos sur le Graal fait bien [mar[r]ant?]. Cordialement Queneau Et bravo pour votre article sur Artaud. C'était quelque chose, hein ?".

2. LAS, s.d. rédigée d'un ton humoristique : "5 avril / Mon cher Nadeau La manière forte a du bon. Mais le poème en a-t-il ? très cordialement Queneau".

3. LAS du 23 janvier 1951 : "Je sèche sur Pédenzigue. Au fait quel en est le titre ? Est-ce toujours l'honneur de P. ? Ça me serait utile de le savoir. Je crois que je ne dépasserai pas 1 page 1/2 ou 2 ou 3 : juste un petit air de flûte. Projet Seghers : rien à faire. G. G. [Gaston Gallimard] y est opposé et je ne peux insister. Je suis navré. Balanof vous a remis un manuscrit de Roschmann * : c'est excellent. On devrait le prendre ici, mais on a le Hersey et encore un autre livre sur la résistance juive en Pologne. Bien cordialement, Queneau / *approximativement".

4. LAS du 25 juillet 1951 à propos de James Joyce : "Le premier livre de Joyce que j'aie lu, c'est Portrait of the artist as a young man. Puis, Dubliners. Un peu plus tard Ulysse en français (pendant un séjour au Portugal en 1929). Et je l'ai lu en anglais, avec un plan de Dublin acheté rue St Lazare près de ND de Lorette chez ce spécialiste de cartes géographiques qui a une si jolie vitrine, avec l'aide aussi de la traduction et du livre de St[uart] Gilbert. J'ai passé 3 mois à peu près uniquement à faire ça, au début de 33, je venais de finir le Chiendent. J'ai écrit Gueule de Pierre l'été suivant, en utilisant des méthodes tout à fait joyciennes ; plans superposés, implications, correspondances, allusions, etc. Avez-vous remarqué que Joyce et Freud veulent dire tous deux joie ? Bien cordialement Queneau".

5. LAS du 30 octobre 1953 : "Non décidément je ne serai pas prêt pour décembre. J'en suis désolé. Mais rien à faire, je suis trop engoncourscaillé en ce moment pour vous préparer quelque chose aux petits oignons. En fait, c'est trop tôt d'au moins plusieurs mois. Je ne pourrais plus travailler à quelque chose dont j'aurais défloré le chef. C'est comme ça que je suis resté en panne avec Philosophes et voyous. Le déj. Goncourt est fixé à mardi ce qui fait que je ne pourrai pas déjeuner avec mes collègues ce mois-ci. Si vous y allez voulez-vous m'excuser ? Et m'excuser encore une fois pour la revue ? Bien amicalement Queneau".

6. LAS du 12 avril 1954 : "Mon cher Nadeau, un jeune poète ex télégraphiste va vous apporter un article sur le succès en librairie (je crois). Il a été documentaliste (c'est un mot qui existe) dans un quotidien et il aimerait reprendre ce métier à l'Observateur où, paraît-il, on a besoin de ce genre de spécialistes. Je me permets de le recommander à vos bons soins. Il s'appelle Soulis et vous harponnera chez Julliard d'ici deux à trois jours (le temps que je vous écrive, quoi). Merci d'avance et bien cordialement. Queneau".

7. LAS du 5 mai 1954, enveloppe conservée : "Cher ami, En attendant les sonnets (combien dois-je vous en proposer : 3? 9? 27? 81?), je vous envoie, par le même courrier, un astucieux essai de Robert Estivals, qui ne me paraît pas indigne de votre Revue. Bien cordialement Queneau".

8. LAS du 11 mai 1954 : "Voici un échantillon du travail, accompagné de toutes mes amitiés. Queneau. Pièces jointes 2-3-31-27-32-33".

9. LAS du 15 février 1955 : "Mon cher Nadeau, C'est entendu ! Je vous enverrai ça vers le 10 mars. Un petit choix. Je pense d'ailleurs qu'on se verra le 1. Bien cordialement Queneau".

10. LAS du 3 mars 1955 : "En voilà 6, ça ira j'espère, il ne faut pas abuser. S'il y en a qui ne vous conviennent pas, j'en ai d'autres en réserve. Mort au coq et bien cordialement Queneau".

11. LAS du 18 avril 1955 : "Mon cher Nadeau, Pomerand dont vous n'ignorez sans doute pas les exploits récents a un manuscrit à vous soumettre. Genet le confiera à Mme sorbet qui, etc. Je le recommande à votre attention. Voilà qui est fait. Tosi fut, ces jours-ci, parisien; Point ne l'ai vu. Paraît que Florence ? pourrait marcher l'année prochaine. Votre tout dévoué Queneau."

12. LAS du 18 mai 1955 : "Mon cher Nadeau, Je pars pour quelques jours et, en revenant, j'ai un travail urgent qui va me demander trois semaines sans que je puisse m'occuper de quoi que ce soit d'autre (d'ailleurs je n'aurai à peu près rien lu pour le prix, je ne sais même pas encore si j'irai). Dans ces conditions, je ne veux rien faire pour cette jeune personne, au moins pour le moment. Je n'ai pas encore eu le temps d'étudier la traduction Du Bouchet des Veillées des Finnegans [Finnegans Wake] mais peut-être en a-t-il une copie que vous pourriez lui demander directement. Voici son adresse : (tiens, c'est votre voisin) 15 rue Malebranche. Merci pour le vermout et bien cordialement Queneau".

13. LAS du 14 mars 1956 : "Mon cher Nadeau, Excusez moi de vous avoir envoyé un Monsieur Rosenberg de Der Tag. Il voulait interviouver qqu'un de qualifié sur moi. Curieuse idée qui m'a fait penser à vous. Il n'est pas trop terrible. C'est un méchant tour que je vous ai joué là. Pardon. Queneau. PS. Et merci!".

14. LAS du 27 avril 1956 : "Mon cher Nadeau, Votre lettre ne désole - mais que faire ??? Oui, que faire ??? Je promets, je promets - mais quoi ??? Mais quoi ??? Et en prose, encore... Je ne vais plus penser qu'à vous, aux Lettres Nouvelles... remords, remords... Votre ami consterné. Queneau. PS 1 - qu'est ce que c'est que tous ces changements de dates pour le prix ? PS 2 - Le texte sur Fourier est écrit depuis 2 ans".

15. LAS du 24 mai 1956 : "Cher ami, Ce texte serait peut-être susceptible de vous intéresser. [Stig] Dagerman, vous savez, s'est suicidé il y a 1 an ou 2 et ceci est le 1er chapitre d'un roman inachevé. [Carl Gustaf] Bjurström - qui habite 36 av. de Chatillon, a continué à travailler à sa (cette) traduction. Bien amicalement Queneau".

16. LAS du 7 septembre 1956 : "Cher ami, Je vous envoie le 16 décembre de Marc Duprat, recommandé par Michaux. C'est pas mal, mais le type est un peu insupportable. La coupure serait de rigueur. Quoi qu'il en soit, que le manuscrit vous plaise ou non, vous seriez gentil de m'en prévenir avant d'alerter le bonhomme. C'est le genre d'être à se piquer. Bien amicalement Queneau".

17. LAS du 27 septembre 1956 : "Mon cher Nadeau, Duprat, l'homme du 13 nov. (ou qque chose comme ça) me harcèle. Ai-je une bonne nouvelle pour lui du côté Lettres nouvelles ? Sinon, je le liquide (mais vous seriez gentil de me rendre son mss.) On se voit sans doute mardi prochain. Bien cordialement Queneau".

18. LAS du 12 octobre 1956 : "Mon cher Nadeau, C'est vrai, vous étiez à Zurich, maintenant avez-vous eu le temps de vous occuper de mon bonhomme ? Je vous renvoie les cahiers de la "mystique". C'est assez décevant, très même - vous ne trouvez pas ? (comme dirait Paulhan). Merci bien amicalement Queneau".

19. LAS du 22 mai 1957 : "Cher ami, Si vous pensez nécessaire de m'envoyer des épreuves pour les poèmes (au fait, si vous en voulez), voici mon adresse chez Madame Barbizan Isba Cortina d'Ampezzo (Italie). Y a-t-il eu un beau coquetèle  pour le prix ? Dans le Cortina en question, il pleut sans arrêt. Bien cordialement Queneau".

20. LAS du 20 juin 1957 : "Mon cher Nadeau, Le rejet de la fin du poème p. 1 à la p. 2 n'est peut-être pas très heureux ? Je suppose que vous arrangerez ça. Ne prenez pas ça mal : mais c'est une drôle d'idée de tirer des épreuves sur papier buvard. Je suis rentré avec les orages. Il paraît qu'il y a un coquetèle maison demain. Vous y verra-t-on ? Bien cordialement Queneau".

21. LAS du 10 avril 1958 : "Cher ami, Ci-joint une nouvelle en allemand que l'auteur estime tout à fait destinée aux Lettres Nouvelles. Je vous la transmets donc ; Elle a paru dans une revue qui vient de publier quelques traductions d'Exercices de style : c'est une référence... Avez-vous lu les lettres de Clément Pansaers ? Je n'ai pas reçu les propos de Masson. Je me demande pourquoi je suis tenu à l'écart de la bonne parole. Peut-être un geste généreux de votre part... Il paraît que nous déjeunons ensemble le 15. J'en suis ravi. Bien cordialement Queneau".

22. LAS du 24 juin 1958 : "Mon cher Nadeau, Je vous soumets cet article de la part de Flinker, le libraire allemand de la Cité. Il est traduit (l'article) par Jacottet. S'il ne vous intéresse pas voulez-vous me le rendre à notre prochain bbq ? Bien amicalement Queneau".

23. LAS du 19 septembre 1958 : "Mon cher Nadeau, Je suis inexcusable de ne pas vous avoir encore remercié pour votre observation qui m'en a appris long sur mon compte. Perdu dans les somptuosités de la bagnole à Dutourd, Votre rencontre m'a rappelé aux plaisirs de l'amitié. Je pense aussi aux Lettres Nouvelles. Bien cordialement Queneau".

24. LAS du 5 janvier 1959 : "Mon cher Nadeau, Je ne vous verrai sans doute pas demain à notre déjeuner. Aussi vous souhaitè-je (par la présente) la bonne et heureuse ; et encore que je tenais à vous dire combien je déplore la disparition des Lettres Nouvelles. J'espère que l'incident dont vous m'avez parlé n'y est pour rien. Bien cordialement Queneau".

25. LAS du 15 avril 1959 : "Cher ami, Voici le Chant. Si ça vous est agréable de le publier, moi aussi ça me l'est. Ne le perdez pas surtout ! Je n'en ai pas d'autre exemplaire. On peut supprimer l'épigraphe. Ce qui serait joli ce serait d'avoir le signe dit pied-de-mouche pour les || (nécessaires). Merci et bien cordialement Queneau".

26. LAS : "28 12 1961 / Cher ami Le ms de Simonnet est excellent et, à première vue, je n'ai aucune remarque à faire ou correction à lui indiquer. C'est un peu beaucoup élogieux, mais, comme je le lui ai écrit, j'ai l'impression qu'il était derrière mon dos quand j'écrivais ce livre et regardait par dessus mon épaule. Je suis content que vous le preniez pour l'édition, ça lui donnera du courage pour d'autres travaux. Il paraît qu'on change de bistrot pour notre prochaine réunion. Tous mes voeux pour 1962 Bien cordialement vôtre Queneau".

27. LAS du 26 novembre 1962 : "Cher ami, [André] Lejard [fondateur des Éditions du Chêne au côté de Maurice Girodias] m'envoie ce projet pro-Miller ; il me semble qu'il a besoin d'être retapé. Vous devriez retrousser vos manches et vous y mettre, vous feriez ça très bien. On ne vous a pas vu au dernier P. M. L. E. Avec toute mon amitié Queneau".

28. LAS du 23 mai 1967 : "Mon cher Nadeau, Les Lettres Nouvelles s'intéressent-elles à l'OULIPO ? Si oui, voici une nouvelle "structure" inventée par cette compagnie en général et par votre serviteur en particulier. Si vous n'y voyez nul usage, dites le moi. Bien cordialement Queneau / jusqu'au 15 juin chez Monsieur Claude Gallimard / Quartier Valmer / 83 La Croix Valmer".

29. LAS du 29 octobre 1969 : "Mon cher Nadeau, Ribemont-Dessaignes souhaiterait voir réédité Déjà jadis que vous publiâtes il y a 11 ans lorsque la collection LN s'hébergeait chez Julliard. Il y ajouterait deux chapitres. Il m'en a parlé pour Gallimard, mais j'ai pensé que vous souhaiteriez peut-être reprendre cet ouvrage chez Denoël. Bien cordialement Queneau".

30. LAS du 9 juillet 1970 : "Mon cher Nadeau, J.J. Marchand vous a, je crois, envoyé un article sur de Defontenay. Je suis bien impatient de le lire. Où et quand pensez-vous le faire paraître (si vous le faites paraître) ? J'ai hâte de connaître les découvertes de J.J.M. Bien cordialement Queneau".

31. LAS du 3 février 1972 : "Mon cher Nadeau, La seule solution, je crois, c'est l'appel à la Caisse des Lettres. On est à peu près sûr d'avoir une aide (substantielle) si l'on soutient avec fermeté que le livre est absolument invendable. En tout cas, je vous remercie de l'accueil que vous avez fait à Claude Rameil. Bien cordialement Queneau".

32. LAS du 10 janvier 1973 : "Mon cher Nadeau, Ce n'est pas une préface mais un avant-propos de 15 ou 20 lignes. Je ne crois pas que cela mérite un sort particulier. Tous mes vœux pour la nouvelle année et mon très amical souvenir. Queneau".

33. LAS du 21 janvier 1974 : "Mon cher Nadeau, Le pauvre Alain Calame qui, après avoir été très malade, semblait aller mieux mais dont la dernière lettre n'indique pas une amélioration bien stable, s'inquiète d'un texte sur le labyrinthe et Raymond Roussel qu'il vous aurait remis. Il me demande de vous demander ce que vous en pensez. Voilà qui est fait. Un petit mot de vous lui ferait plaisir. À propos, tous mes vœux. Bien cordialement, Queneau".

34. LAS du 3 novembre 1975 : "Cher ami, Je cherche en vain ses dessins, aquarelles ou gouaches. J'en ai fait un paquet il y a quelques années et je ne sais plus où il se trouve. Vous voudrez bien excuser. Les recherches continuent ! Bien à vous Queneau".

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