SIMON (Claude)

Correspondance et livres adressés à Maurice Nadeau

Du 26 octobre 1949 au 1er octobre 1999

22 LAS (17 pp. 1/2 in-4 et 14 pp. 1/2 in-8) et 1 CAS  (1 p. in-16), 7 enveloppes conservées, 13 livres avec envoi

Importante correspondance - composée de 22 lettres autographes signées et 1 carte autographe signée - adressée par Claude Simon à Maurice Nadeau, qui fut le premier critique littéraire à chroniquer le premier roman de Claude Simon, Le Tricheur, paru en Sagittaire en 1945.

On joint 13 livres en édition originale avec envoi à Maurice Nadeau dont Le Tricheur.

Dans son article paru alors dans Combat, Maurice Nadeau le considérait comme « un nouveau roman de l’absurde » et le comparait à L’Étranger (1942) d’Albert Camus.

Les deux hommes resteront ensuite en contact pendant près de 50 ans.

Maurice Nadeau publiera de nombreux textes de Claude Simon dans les Lettres Nouvelles puis dans la Quinzaine Littéraire :
- « Babel », Les Lettres nouvelles, 31, 1955, p. 391-413 ;
- « Le Cheval », Les Lettres nouvelles, 57, 1958, p. 169-89, et 58, 1958, p. 379-94. Certains éléments, retravaillés, sont repris dans La Route des Flandres.
- « Mot à mot », Les Lettres nouvelles, nouv. série, 6, 8 avril 1959, p. 6-10. Repris en partie dans Histoire, Minuit, p. 155-159.
- « Matériaux de construction », Les Lettres nouvelles, 9, décembre 1960, p. 112-122. Repris en partie dans Le Palace, p. 435-436, et en partie, fragmentairement, dans Histoire, Minuit, p. 46-49
- « Inventaire », Les Lettres nouvelles, 22, février 1962, p. 50-58. Repris dans Le Palace, p. 415-422.
etc.

Cette correspondance comprend notamment deux lettres exceptionnelles (cf. 2. et 3. ci-dessous) rendant compte de la genèse des Juges (première version de Gulliver, roman refusé par Corrêa en juin 1950, qui paraîtra finalement en 1952 chez Calmann-Lévy) et dans lesquelles Claude Simon revient également sur Le Tricheur.

Les lettres "haute époque" et de cette qualité de Claude Simon sont rares et précieuses.

Celles-ci nous éclairent sur l'écriture de ses deux premiers romans et sur les conseils qu'a pu lui prodiguer Maurice Nadeau, le premier critique littéraire à avoir rendu compte du Tricheur.

1. LAS du 26 octobre 1949 à propos des Juges: « Paris le 26 octobre 49 / Cher monsieur, Je viens de terminer le roman dont je vous avais parlé voici deux ans. Je m’excuse d’être resté aussi longtemps sans vous donner signe de vie, mais les nécessités matérielles m’ont obligé à vivre le plus souvent à Perpignan, n’ayant l’occasion de faire à Paris que de très brefs séjours. Vous m’aviez fait part, je crois, de votre désir de lire cet ouvrage pour, éventuellement, le publier dans la collection que vous dirigez aux éditions du Pavois. Si cela vous intéresse toujours voulez-vous me fixer un rendez-vous pour que je vous l’apporte ? Je serai heureux de vous revoir et de connaître votre jugement sur ce nouvel ouvrage, l’intérêt que vous aviez porté au Tricheur m’ayant été un précieux encouragement. Présentez, je vous prie, mes hommages à Madame Nadeau, et croyez à l’expression de mes sentiments les meilleurs. Claude Simon / Claude Simon 33 Villa d’Alesia 14ème VAU 52.88 ».

2. Formidable LAS à propos des Juges et du Tricheur: « Paris le 9 novembre 49 / Cher monsieur, comme je vous le disais hier, le sort m’a décidément refusé le don de la parole. Vous avez dû me trouver bien ridicule, mais cette sorte de parade foraine qui consiste à vanter les mérites de sa propre marchandise, s’il m’est encore possible de l’exécuter pour vendre mon vin (je le fais d’ailleurs très mal !) représente pour moi un tour de force insurmontable quand il me faut, même devant mes plus intimes amis, commenter ce que j’écris.

Je vous expliquais d’autre part que j’ai apporté tout mon soin – ç’a même était là le plus gros de mon effort – à suggérer plutôt qu’à dire, tout au long du récit des épisodes d’une histoire presque policière (et aussi presque authentique). Pour employer une image, un peu grosse peut-être, un peu fausse aussi car elle laisserait supposer la gratuité d’une intrigue-prétexte (ce qui n’est pas), la trame des faits est en quelque sorte la sauce destinée à faire passer le poisson.

1°) Je pense qu’il est impossible de convaincre par l’exposé d’arguments directs (si ce l’était, depuis qu’il existe des philosophes et des moralistes tous remplis de louables intentions rationnellement présentées, le monde devrait être, voilà longtemps, parvenu à un état idyllique…) le seul moyen (x) à mon avis de faire avaler ou admettre certaines idées assez dures allant à l’encontre de l’indifférence et du conformisme établis est de parvenir à présenter les choses que tout le monde peut voir chaque jour de façon à ce que, sans s’en rendre compte et à son insu, le lecteur dont la réalité ne parvient pas à troubler l’attitude, verra le monde dans l’éclairage cherché. Cette méthode insidieuse, discrète et allusive présente évidemment des inconvénients dans une époque où le public a l’habitude qu’on s’adresse à lui en termes de meetings ou de réunion électorale. Ainsi par exemple, alors que, comme vous le verrez, un des objets des « Juges » est de stigmatiser cette abomination de tous les temps mais actuellement particulièrement virulente qu’est l’antisémitisme, un de mes amis Israélites, après avoir lu le manuscrit, m’a demandé sur un ton où je sentais l’embarras et la gêne, si je ne craignais pas qu’on m’accuse d’antisémitisme… De même sur la question des communistes dont je vous parlais et qui a peut-être effrayé la direction du Sagittaire. Je me garde d’émettre le moindre jugement (ce n’est pas à mon sens le rôle du romancier, et d’ailleurs le titre même du livre est là-dessus une indication). Cependant les portraits que je fais de divers membres du Parti (vous savez que j’ai été moi-même militant communiste avant, au cours de la guerre Espagne, de travailler avec les anarchistes syndicalistes de la C.N.T.) répondent évidemment à la sympathie que je ressens pour l’ouvrier communiste et qui n’a d’égale que la répultion (sic) – ou la pitié – que m’inspire l’intellectuel stalinisant. Cette distinction risque sans doute d’échapper à une lecture active ou superficielle, ou d’exaspérer ceux qui veulent absolument voir le monde partagé en tout noirs et tout blancs.

2°) Par ailleurs je ne suis ni assez fort en philosophie (à la place on m’a fait faire des mathématiques) ni non plus assez confiant dans cette prétendue science qui m’apparaît plutôt comme une gymnastique de l’esprit ou un art d’agrément, pour m’être fabriqué une théorie. Peut-être est-ce insuffisance d’esprit ne me permettant pas de faire une synthèse ; toujours est-il que je ne peux que tâtonner et ne découvrir que des vérités – ou du moins ce que je crois être des vérités (relatives) – partielles. J’ai, dans un essai, décrit mes affres de peintre à peu près semblables en disant à propos du Greco qu’il parvenait à voir quelque chose alors que je ne pouvais voir que « des choses ». À ce propos vous vous rappelez sans doute qu’à la parution du « Tricheur » vous aviez fait un rapprochement avec « L’Étranger » et m’aviez même reproché d’avoir maladroitement dévoilé mes intentions en écrivant le mot « absurde ». En réalité le « Tricheur » commencé en 39, terminé en 41 après plus d’un an d'interruption passé à la guerre et dans un camp de prisonniers dont j’avais réussi à m’évader, ne prétend illustrer aucun système cohérent d’idées. Aurai-je d’ailleurs été capable d’en édifier un que mon horreur des romans à thèses m’eut dissuadé d’une telle tentative. En relisant mon texte j’ai en effet retrouvé cette évocation de l’absurde dont je me souvenais si peu (du moins comme élément essentiel) qu’un moment je crus même que vous m’aviez mal lu, ce dont je m’excuse. C’était au cours de la confrontation du prêtre et de Louis que celui-ci dans sa colère retrouvait – réminiscence de son éducation religieuse et des disputes théologiques – le souvenir des paroles de Tertullien : « Credo quia absurdum est » qu’il paraphrasait et développait sur un mode ironique et rageur.

Pour en revenir aux « Juges » si ce livre paraît un jour j’avais pensé lui mettre en exergue cette citation tirée de la Bible :

« Ne trouvent-ils pas du butin ? Ne le partagent-ils pas ?
Une jeune fille, deux jeunes filles par homme.
Du butin en vêtements de couleur pour Sisera.
Du butin en vêtements de couleur, brodés.
Deux vêtements de couleur, deux vêtements brodés.
Pour le cou du vainqueur…………………………………………………….
Le pays fut en repos pour quarante ans. »

En dehors des admirables qualités poétiques de ces vers je suppose qu’il est inutile de vous commenter, appliqués à notre temps, leur amère et sauvage ironie. Mais j’ai trouvé dernièrement en lisant Lichtenberg un aphorisme qui plus que tout autre commentaire serait propre à définir l’esprit des Juges. Le voici : « Non cogitant, ergo sunt ».

Ce terrible retournement de la parole de Descartes vous déciderez à quel point il m’a enchanté : les seuls personnages du roman à « s’en tirer » (au sens propre et au sens figuré) étant ceux qui ne pensent pas, ou du moins parviennent à neutraliser leur pensée. Le héros principal qui lui, ne peut extirper de lui ce virus que notre monde actuel rend mortel (Lénine aurait souligné cette  découverte de Hegel : « La raison nie », et pour ma part je n’échappe à ces terribles effets que grâce à l’usage de quelques « opiums » anesthésiants dont le principal est la peinture) est peu à peu détruit, et lorsque sa tentative de refuge dans l’enfance ou plutôt l’infantilisme (ce me semble être la caractéristique de la pédérastie) aboutit à un échec passionnel et tragique, il n’est plus qu’un contenu vidé de toute substance, de tout sentiment, que seule une réaction purement animale et sensuelle pousse au suicide.

Lichtenberg dit aussi : « en dehors de l’âme et du corps il avait revêtu un masque de graisse, épais de près d’un pouce, qui dissimulait les mouvements des muscles de son visage comme chez d’autres le corps dissimule les pensées. Sous cette enveloppe, il pouvait rire et faire des grimaces sans que personne parmi les assistants le remarque le moins du monde. Autrement dit il ne doit y avoir dans un livre rien d’autre que ce qu’il convient d’y faire entrer. Pas une pensée ? Pas un mot ? Non sens. – L’homme ne possède-t-il qu’une âme et un corps, n’a-t-il pas aussi la graisse qui n’est ni l’un ni l’autre ? ».

Vous trouverez à la page 430 du manuscrit, soigneusement noyée dans la « graisse » une des idées principales des « Juges » : « en cet instant il subissait dans toute sa violence l’assaut furieux de cette indignation qui n’abdique jamais, tempête et brâme chaque fois qu’apparaît, trop irréfutable, la perfection d’un mécanisme breveté, garanti indestructible et sans possibilités de pannes, contre quoi s’insurge en nous l’obscure nécessité nous persuadant qu’une faveur divine doit exempter l’homme des rigueurs inflexibles d’une raison en même temps revendiquée à titre de privilège esthétique et gratuit : oiseux, sempiternel et insoluble conflit où la partie de nous-même convaincue d’un caractère inviolable et sacré dont serait revêtue notre personne, s’irrite, récuse en le taxant d’ineptie et d’absurdité, l’enchaînement des causes exigé par cette logique sortie de notre esprit et qui n’a d'existence que pour lui. »

Par ailleurs si vous avez déjà jeté un coup d’œil sur le gros (peut-être trop !) paquet de feuilles noircies, vous aurez sans doute déjà remarqué que pour les titres des divers chapitres j’ai emprunté à Goya les légendes qui illustrent la suite des eaux fortes des « Désastres de la guerre ».

En ce qui concerne la construction et la composition du livre vous reconnaîtrez sans peine un nouvel essai de cette tentative du miroir à plusieurs faces que j’avais faite dans la dernière partie du « Tricheur » et qui consiste à aborder un personnage par l’extérieur, par ses reflets, pour se placer ensuite au centre même vers lequel convergent les diverses images. Là non plus il ne s’agit pas d’un jeu littéraire et esthétique, mais de cette marche d’approche pleine d’embûches, ce trajet qu’est obligé de suivre l’auteur (moi du moins) pour investir l’énigme d’un homme.

Voilà, cher Monsieur en vrac, quelques-unes des choses que j’aurais dû vous dire hier pour répondre à vos questions, si une difficulté native à m’exprimer verbalement, la crainte de paraître outrecuidant, ne m’avaient, comme toujours, paralysé. Puisque vous me l’avez demandé je viens, par écrit, de braver le ridicule en parlant longuement de moi comme si j’étais un auteur important, ayant même été jusqu’à me citer et mélanger ma prose à celle de génies.

Je l’ai fait pour faciliter votre lecture. La compréhension que vous avez montrée pour le « Tricheur » me fait penser que vous n’avez évidemment pas besoin de moi pour trouver tout cela, mais j’imagine fort bien le travail que représente pour un homme surchargé le déchiffrage d’un aussi lourd manuscrit. Merci encore de votre excellent accueil d’hier. Présentez, je vous prie mes respectueux hommages à Madame Nadeau et croyez à l’assurance mes sentiments les meilleurs. Claude Simon

x Je ne crois pas que Sartre ait raison lorsque dans son essai sur la Littérature il dit (à peu près) que dans l'urgence on n'a pas le temps de choisir ni de polir ses arguments et que pour frapper dans la bataille l'homme prend ce qui lui tombe sous la main : "une bûche ou un marteau" écrit-il "peu importe". Et si ce qui lui tombe sous la main c'est une pantoufle ? ».

3. Formidable LAS à propos des Juges : « mercredi 1er février 1950 / Cher monsieur / j’ai reçu hier votre excellente lettre. Je veux tout d’abord vous dire ma reconnaissance pour l’attention et le sérieux que vous avez apporté à la lecture de mon manuscrit, pour la peine que vous avez prise en mettant par écrit vos observations.


Cette marque d’intérêt que vous venez de me donner, je voudrais m’efforcer de la justifier. Mais, vous devez vous en doutez, je suis un peu perdu. Je ne discuterai pas vos remarques, ni vos suggestions. Je ne peux que les accepter pour la bonne raison qu’il m’est impossible de « voir » ce que j’ai fait, le travail d’écrivain étant un peu comparable à celui d’un maçon qui construirait un édifice en se tenant constamment à l’intérieur, condamné à ne jamais pouvoir en sortir pour juger de l’effet produit par la façade. Par ailleurs la confiance que j’ai en votre jugement fait que celui-ci provoque chez moi un certain désarroi. Suffit-il de supprimer les morceaux que vous indiquez ainsi que quelques passages alourdissant le récit, d’alléger les phrases trop longues ? Si oui, malgré certaines difficultés qui en résulteront pour raccorder l’intrigue, je pense pouvoir y arriver.

Mais une remarque de votre lettre m’épouvante : « les personnages, écrivez-vous, ont tous l’air de tituber dans une atmosphère fuligineuse. » Ce reproche me rend perplexe parce que vous semblez réprouver là précisément la sensation majeure que j’ai cherché à donner, en vue de quoi j’ai fait le plus d’efforts. J’ai voulu, en effet, rendre cette chose gluante et vertigineuse qu’est la vie lorsqu’elle apparaît en dehors des visions conformistes ou des rationalisations artificielles. Les vérités (?) qui se dérobent, les valeurs fondent sous la main qui cherche à s’y raccrocher, tout ce qui fait que l’époque actuelle donne à l’homme conscient qui ne peut plus s’appuyer sur aucune des anciennes croyances, voit vaciller les nouvelles, la sensation d’être comme ivre, d’avancer dans un univers sans lois et sans consistance.

Cet aspect « sables mouvants » de la vie devient particulièrement aigu lorsqu’on a le malheur (ou peut-être la chance ?) de se trouver dans une « période crise » comme celle des quelques trente-six heures pendant lesquelles se déroule l’action des « Juges » (et pour certains êtres ou trop faibles, ou trop lucides, trop épris d’absolu, une telle période peut durer toute une existence). Mon expérience personnelle m’a appris que les choses se passent comme si la mort violente « dégageait » (pendant un certain nombre d’heures avant et après) une sorte de parfum produisant chez ceux qui participent à l’action un état assez comparable à l’ivresse et à travers lequel les actes les plus simples, les plus courants, prennent un relief nébuleux, étrange. Ainsi, pendant tout l’épisode qui se déroule à l’auberge jusqu’à la mort de Bob, j’ai présenté mes personnages comme plus ou moins saouls (par l’alcool) ce qui n’était en réalité pas absolument nécessaire pour la vérité. Le but de cet artifice était de faire admettre plus facilement par le lecteur, s’il ne s’est jamais trouvé dans des circonstances tragiques, l’univers brouillé dans lequel les acteurs du drame ont l’impression de se mouvoir.

Certaines phrases « kilométriques », là et ailleurs, constituaient une tentative en vue de rendre plus sensible encore, avec le non fractionnement du temps à certains moments, cette atmosphère « fuligineuse ». (Chaque point scandant la fin d’une phrase implique un découpage gênant de la durée, et l’idéal serait, parfois, d'écrire sans ponctuation… et même sans syntaxe.)

Si cependant vous trouvez que cela en vaut la peine, voulez-vous m’aider ? Je sais que c’est là vous demander beaucoup. J’aurais besoin que vous me précisiez vos observations, que vous m’indiquiez par exemple une page bonne à votre avis, et par opposition une mauvaise, que vous me disiez lesquels de ces dialogues incomplets pourraient servir à éclairer le lecteur, également ce qui vous paraît constituer des détails inutiles, forcés. Si vous aviez le temps et si cela ne vous ennuyait pas trop, voudriez-vous m’accorder un entretien, ou, mieux, me faire le plaisir de venir, pour que nous puissions parler à l’aise, dîner un de ces soirs chez moi avec Madame Nadeau à laquelle je vous charge de transmettre mes respectueux hommages.

On vous remerciant encore de ce que vous avez déjà fait pour moi, et, en espérant vous voir bientôt, croyez, je vous prie, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs. Claude Simon ».

4. LAS à propos des "Juges", roman refusé par Corrêa au début le 22 juin 1950 : « Nice le 22 août 50 / Cher monsieur / J'ai reçu votre lettre et suis très sensible à l'intérêt que vous me témoignez. Après le refus de mon livre par les éditions Corrêa, j'avais l'intention de le présenter ailleurs, mais mon départ précipité de Paris m'en a empêché. A la réflexion je vois que c'est mieux ainsi. Ces deux échecs successifs, au Sagittaire et à Corrêa, me font penser que ce roman doit avoir de graves défauts. J'ai emporté avec moi le manuscrit pour essayer de le revoir encore, mais un autre travail commencé entre-temps, des soucis d'affaires, la peinture, et une certaine lassitude que vous devez comprendre, m'ont jusqu'ici empêché de m'y remettre. Je pense aussi que cela est bien. Peut-être faut-il traiter les écrits comme le vin et les laisser décanter. Plus tard, avec le recul, je verrai sans doute mieux ce qui ne va pas... En ce qui concerne cet article, probablement est-il aussi très bon de le laisser "en conserve". D'après le souvenir que j'en garde, il ne me paraît pas très fameux. Je crois me rappeler de deux ou trois passages où je me suis assez mal exprimé et qui peuvent prêter à équivoque. C'est pourquoi je vous demanderai de ne pas le faire paraître sans m'en avertir et me le communiquer auparavant afin que je puisse le revoir. J'espère que vous avez passé de bonnes vacances. Transmettez, je vous prie, mon meilleur souvenir à Madame Nadeau. En vous remerciant encore, je vous prie de croire, cher Monsieur, à mes sentiments les plus cordiaux. Claude Simon ».

5. LAS à propos de sa convalescence et de Gulliver qui vient de paraître chez Calmann-Lévy : « Paris le 18 mai 1952, Cher monsieur, J'ai été très touché par votre petit mot et vous remercie de l'intérêt que vous me portez. Mais je réfléchis que les nouvelles que je vous ai données de moi peuvent faire croire à plus grave que cela n'est. Et j'ai horreur d'apitoyer les gens. Si je vous ai parlé de mon état de santé c'était uniquement pour vous dire la raison qui m'a empêché de vous porter "Gulliver". Mon cas n'est pas tragique. En juillet dernier on m'a découvert au poumon une belle caverne que j'avais intelligemment cultivée par des bains de soleil à la mer (méfiez-vous, pour vous et les vôtres : contrairement à la croyance répandue on ne se doute de rien : on ne tousse pas, On ne panique pas, jusqu'au jour, ou plutôt la nuit - pourquoi ces sortes de choses se passent-t-elles toujours la nuit ? - où on dégueule le sang à flots...). Mais enfin, mise à part une sale période initiale et une assez pénible opération, je le supporte. "Être tuber n'est pas ce qu'un vain peuple pense"... Comme me disait un ami : rien à foutre qu'à rester au page toute la journée, c'est une affaire ! A la longue iI est vrai, cela devient un peu lassant. Mais je me lève déjà depuis quelques temps pour de petites promenades à allure gaga, et question aspect physique je suis resplendissant : 14 kg pris en dix mois grâce à une méthode de gavage plus perfectionnée que celui des oies... Au reste, car je suis encore ici pour une semaine, si je me sens un peu mieux, et si cela ne vous dérange pas, je passerai vous faire admirer ma mine rebondie un de ces jours en fin de matinée (je crois me rappeler que c'est l'heure qui va le mieux), à moins, et j'en serai ravi, que vous ne vouliez venir jusqu'ici prendre l'apéritif. Merci donc de votre sollicitude à laquelle j'ai été très sensible, mais ne vous inquiétez pas. Qu'aucune compassion ne vienne surtout influencer votre jugement sur "Gulliver" (je vous signale à ce propos que j'ai découvert avec horreur, page 135, un "que j'eusse" au lieu de "que j'aie", correction sans doute d'un typo zélé, et dont je ne suis pas responsable). Enfin les toubibs m'ont promis (et je veux croire qu'ils ne me promènent pas en bateau) que je pourrais dans deux ans faire de nouveau l'ascension du col de Brans en vélo (les exploits cyclistes sont ma grande fierté !). Alors tous les espoirs sont permis!! Bien à vous, Claude Simon ».

6. CAS à propos de la chronique du Sacre du printemps faite par Nadeau dans L'Observateur : « Perpignan le 15 sept. 1954 Cher Monsieur, je tiens à vous remercier tout de suite pour votre article sur "Le Sacre du printemps" paru dans "l'Observateur". Il m'a fait d'autant plus plaisir que je ne m'y attendais pas. Très franchement je croyais que vous n'aimiez plus ce que j'écris. J'en étais peiné, non seulement en me rappelant vos premiers encouragements lors de la parution du "Tricheur" mais encore par ce que j'attache le plus grand prix à votre jugement. J'aimerais vous revoir et si cela ne vous dérange pas j'irai vous rendre visite lorsque je serai de retour à Paris. Voulez vous, je vous prie, soumettre mon meilleur souvenir à Madame Nadeau, et croire à mes sentiments très sincères, Claude Simon ».

7. LAS à propos de la chronique de L'Herbe faite par Maurice Nadeau : « Paris le 27/XI/58 : "Cher Maurice Nadeau, Merci de votre article sur L'Herbe paru ce matin. Très juste votre reproche d'avoir cédé à la convention de la ponctuation. De longs passages du bouquin étaient, sur le manuscrit, sans aucun point ni virgules et c'est Lindon qui les a rajoutés, avec d'ailleurs mon consentement : mon plaisir (écrire sans ponctuation) étant satisfait, je me suis rendu à ses arguments. Ne pas fournir aux Henriot de tout poil un trop bon prétexte à refermer le livre après une demi-page de lecture. Après tout on porte bien une cravate... Un regret : n'être pas capable d'intéresser ceux qui me lisent à l'histoire que je raconte et qui, quand ce ne serait que pour des raisons sentimentales (en particulier parce que cette longue agonie est celle d'une vieille tante que je considérais comme ma mère) fait plus que m'intéresser, contrairement à ce que vous semblez croire. Mais c'est tant pis pour moi... J'ai été désolé, puis soulagé, d'apprendre que vous aviez eu une petite alerte, heureusement sans suite. J'espère que cela en restera là et que vous êtes déjà rétabli. Transmettez, je vous prie, mon meilleur souvenir à Madame Nadeau. Merci encore, et très cordialement à vous, Claude Simon ».

8. LAS à propos « Matériaux de construction » paru dans Les Lettres nouvelles le 9 décembre 1960, de La Route des Flandres et du Manifeste des 121 : « Paris le I/XII/60 Cher Maurice Nadeau, j'ai reçu ce matin les exemplaires du numéro de décembre des Lettres Nouvelles dont je vous remercie. J'aurais déjà dû vous écrire pour vous dire à quel point j'ai été touché par la fidélité de votre vote au Renaudot, jusqu'à la fin. J'espère que vous m'aurez excusé en imaginant la vie effroyablement bousculée que j'ai eue tous ces derniers jours contrastant tellement avec celle de solitude et de lent travail que j'ai l'habitude de mener... Je veux aussi vous féliciter pour votre remarquable article sur les 121 ont j'approuve totalement et le fond et la forme admirables de mesure et de dignité. Bravo et merci pour vous tous de vous être fait notre porte parole de cette façon. En tout amitié, Claude Simon / en toute amitié aussi le petit reproche de n'avoir pas tenu compte des corrections que j'avais faites sur les épreuves de mes textes. C'est dommage car il y a plusieurs fautes graves. Mais je suppose que j'ai aussi ma part de responsabilité, car j'avais un peu tardé à les renvoyer à Geneviève Serreau ».

9. LAS à propos du Palace, de la guerre d'Espagne et du révolutionnaire espagnol Andreu Nin : « 12 avril 1962 Cher Maurice Nadeau, merci de tout cœur (une fois de plus!...) Pour votre article de l'Express sur "Le Palace". Vous êtes gentil d'en dire tout ce bien. Mais il n'y a pas chez moi de "modestie d'auteur" : seulement la conscience des étroites limites de mes facultés de perception, de cette vision des choses déformée et fragmentaire qui est celle de tout homme... Je ne savais pas que l'on avait fini par connaître de manière aussi détaillée la façon dont Nin avait été supprimé. Mais, voyez-vous (et sans doute est-ce l'âge, sans doute je vieillis !...) je ne peux plus éprouver maintenant qu'une infinie tristesse, une infinie pitié pour tous, assassinés ou assassins (j'entends bien sûr ceux de notre camp). Celui de Nin a été en fin de compte vendu, m'apprenez-vous. Il a donc été lui aussi broyé par cette effrayante et sanglante machine qu'est l'Histoire et qu'il avait sans doute cru servir de bonne foi en commettant un meurtre atroce... Car (peut-être n'ai-je pas su assez bien l'exprimer dans mon livre) tous ces hommes que j'ai connu là-bas (j'ai été tour à tour en contact avec des communistes et les anarchistes) étaient purs. Si aux prises avec ce tragique dilemme (oui, comme l'ont très bien montré [Pierre] Broué et [Émile] Temime dans leur bouquin publié chez Lindon [La Révolution et la guerre d'Espagne], continuer la révolution (comme le voulaient trotskistes et anarchistes) c'était se condamner à perdre la guerre, et stopper la révolution pour faire la guerre (comme l'ont décidé les communistes), c'était aussi se condamner à perdre celle-ci), si donc les uns ou les autres ont opté pour l'une ou l'autre de ces tactiques, je sais qu'il l'ont tous fait de bonne foi. "Commode à dire", m'objecterez-vous: "objectivement" les uns ou les autres ont été coupables. Peut-être. Mais à l'historien ou au sociologue d'en décider et de juger. Pas à moi qui ne peut que remuer avec mélancolie de nostalgiques souvenirs. A vous en toute amitié, Claude Simon ».

10. LAS de remerciement pour l'envoi de son dernier livre, Le roman français depuis la guerre paru Gallimard : « Salses, le 10 décembre 1963, Cher Maurice Nadeau, Merci d'avoir eu la gentillesse de m'envoyer votre livre, et des pages que vous m'y consacrez. Je ne suis plus guère à Paris qu'à l'occasion de brefs passages, mais si jamais vous venez par ici (Salses est un petit village, quinze kilomètres avant d'arriver à Perpignan lorsqu'on vient de Narbonne) vous savez tout le plaisir que j'aurais à vous accueillir. Transmettez, je vous prie mon meilleur souvenir à Madame Nadeau et croyez à mes sentiments très amicaux, Claude Simon ».

11. LAS à propos d'un projet de visite de Nadeau à Salses, de son prochain roman, Histoire et d'un texte pour les Lettres Nouvelles (Des roches striées vert pâle parsemées de points noirs) : « Salses, le 19 décembre 1963 Cher Maurice Nadeau, Sans nouvelle de vous, je m'inquiète de savoir si vous avez bien reçu tous les renseignements sur les hôtels de la côte où j'avais été me renseigner et que je vous avais envoyés dans une lettre postée de la gare de Perpignan, samedi soir. Je serais navré si l'abondance habituelle du courrier de Noël avait retardé celle-ci. À tout hasard je vous redis que, finalement, les deux seuls choix possibles, me semblent "Les Terrasses" (mais un peu cher) ou "Les Templiers", à Collioure vous pouvez vous recommander de ma part (mais il faut vous presser de retenir). Ecrivez-moi un petit mot pour me dire ce qu'il en est. Dans ma hâte, j'ai oublié de vous répondre au sujet du texte que vous m'aviez demandé. Je travaille à un gros bouquin encore informe, mais dans toutes les feuilles qui s'accumulent je pense que je pourrais trouver quelque chose de suffisamment "détachable" pour être publié isolément. Bien amicalement, Claude Simon. Il a fait très froid. Le temps s'est maintenant radouci et il y a un beau soleil. Mais demain ? ».

12. LAS à propos du Palace : « Salses, le 13 janvier 1964, Cher Maurice Nadeau, Quel dommage que vous n'ayez pu venir ! Il a fait ici une longue période d'un temps magnifique dont je n'ai malheureusement pas pu profiter moi-même complètement ayant été obligé d'aller à Paris pour m'occuper de travaux à faire dans un petit appartement que j'ai trouvé. J'avais espéré pouvoir vous rendre visite, mais tout mon temps s'est passé à courir, téléphoner et attendre des plombiers, des peintres et des menuisiers... Je suis heureux de ce que vous me dites du "Palace" dans votre dernière lettre. Je crois en effet que, jusqu'à maintenant, c'est mon meilleur bouquin. Débarrassé en tout cas de l'anecdotique et d'un certain "romanesque" dont La Route des Flandres était encore encombré. Mais un auteur a toujours tendance à préférer le dernier né... J'ai cherché dans mes brouillons et crois avoir trouvé quelque chose qui irait peut-être pour les Lettres Nouvelles. Dès que j'aurai un peu de temps je tâcherai de mettre cela au propre et vous l'enverrai. Vous me direz ce que vous en pensez. Bien amicalement, Claude Simon ».

13. LAS : « Salses, le 28 février 1964, Cher Maurice Nadeau, Voici le texte que je vous avais promis. Excusez moi si j'ai un peu tardé, mais il fallait le mettre au propre et j’étais sur une autre partie de mon bouquin qui marchait assez bien. Alors ça m'ennuyait d'interrompre. Vous savez ce que c'est. Comment allez vous ? Pensez-vous toujours venir pour Pâques dans cette région? Je suis assommé par un temps de corvées matérielles alors que je n'ai envie que d'écrire. Mais c'est, je pense, un peu le cas tout le monde. Transmettez, voulez-vous, mon meilleur souvenir à Madame Nadeau, et croyez, je vous prie, à mes sentiments très amicaux. Claude Simon ».

14. LAS : « Salses, le 16 mars 1964, Cher Maurice Nadeau, Merci de votre mot. Je suis heureux que mon texte vous ait plu. Oui, c'est un extrait du bouquin auquel je travaille. Je pense qu'il faudrait l'indiquer lorsque vous le publierez. Je pense être à Paris en mai. Je serai aussi content de vous voir. À moins que d'ici là vous ne veniez par ici ? Très amicalement. Claude Simon ».

15. LAS : « Salses, le 11 mars 1967, Cher Maurice Nadeau, C'est avec plaisir que je vous donnerai un chapitre de mon roman pour les Lettres Nouvelles, et je ne pense pas que Jérôme Lindon y verrait un inconvénient. Mais savez-vous que le bouquin paraît dans 10 jours ? Ce ne serait par conséquent pas un texte inédit que publieraient alors les Lettres Nouvelles. Qu'en pensez-vous ? Très amicalement. Claude Simon ».

16. LAS à propos d'une chronique de La Bataille de Pharsale, intitulée "Claude Simon à Pharsale", parue dans le n°80 de la Quinzaine Littéraire le 1er octobre 1969 : « Salses, le 2 octobre 1969, Cher Maurice Nadeau, Je tiens à vous dire tout le plaisir que m'a fait votre article de la Quinzaine et à vous en remercier. Voilà maintenant plus de 20 ans que, le premier de tous les critiques, vous avez parlé du Tricheur (cela ne nous rajeunit pas bien sur !), et c'est encore vous qui me soutenez maintenant. Cela compte... Croyez, je vous prie, à mes sentiments amicaux. Claude Simon ».

17. LAS en remerciement d'un article de Viviane Forrester, titré "Une somptueuse plénitude", consacré à Triptyque paru dans le n°158 de la Quinzaine Littéraire : « Paris, le 14 février 1974, Cher Maurice Nadeau, Je tiens à vous dire à quel point j'ai été touché de la place que vous avez réservée dans le dernier numéro de la Quinzaine à l'excellent article de Viviane Forrester sur Triptyque. Voici décidément longtemps (bientôt 30 ans : depuis ce premier article sur le Tricheur dans Combat !...) que vous me soutenez d'une façon ou d'une autre. Une fois de plus, donc, un grand merci, et croyez, je vous prie, à ma fidèle amitié. Claude Simon ».

18. LAS à propos de la bibliographie de son oeuvre à paraître dans la revue Critique : « Salses, le 14 septembre 1981, Cher Maurice Nadeau, La revue "Critique" se propose de publier au mois de novembre un numéro spécial consacré à mon œuvre et dans lequel doit figurer une bibliographie sélective. A ma surprise, celle-ci, établie par Jo van Apeldoorn (professeur à l'université de Groningen) d'après, je crois, la Bibliographie de la France, d'Otto Klapp, ne fait à aucun moment mention de vos articles ni de la Quinzaine. Absent de Paris (où je ne ferai qu'un saut vendredi), je ne peux malheureusement consulter mon dossier de presse personnel, d'ailleurs incomplet à la suite de divers déménagements, mais je n'oublierai jamais que vous avez été le premier de tous les critiques à parler de moi dans Combat lors de la parution en 1945 du Tricheur, et je serais très fâché qu'un événement qui a été pour moi d'une si grande importance ne soit pas rappelé. Je suppose que vos archives doivent être plus en ordre que les miennes. Voudriez-vous donc avoir la gentillesse de m'envoyer* (* d'urgence) (en m'adressant votre lettre aux Éditions de Minuit, 7, rue Bernard Palissy, 75006 Paris) la liste (et les dates) des articles que vous avez écrits sur plusieurs de mes romans ainsi que la référence d'un article (ou d'une interview ?) que j'avais donné à la Quinzaine sur le réalisme en littérature (il doit y avoir douze ou quinze ans de cela...). Merci par avance et croyez, cher Maurice Nadeau, à ma fidèle amitié. Claude Simon ».

19. LAS dans laquelle Claude Simon confirme son adhésion au Comité de patronage de la Quinzaine : « Paris, le 7 décembre 1982, Cher Maurice Nadeau, On me fait suivre ici votre lettre du trois adressée à Salses. C'est naturellement avec plaisir que je ferai partie du Comité de patronage de la Quinzaine si vous pensez que cela peut vous aider dans votre effort pour maintenir une publication en effet, comme vous le dites, unique en France par sa tenue et sa rigueur. Avec tout mon cœur pour elle (et pour vous...) et mes amitiés. Claude Simon ».

20. LAS : « Paris, le 6 mai 1991, Cher Maurice Nadeau, Voici les réponses, certainement maladroites, à vos questions : 1) "Donner" un langage à la nature ? Tout au plus, me semble-t-il, pourrait-on parler de "?". À moins de considérer que la nature parle par son silence même et sa beauté. Ce qui serait plutôt ma façon de voir. 2) Le sentiment de la nature et son respect sont beaucoup plus forts en Europe du Nord (cela commence déjà aux Pays-Bas) qu'en France où, sous ce rapport (et d'autres, hélas...) on en est encore à l'âge de pierre... ou plutôt du béton (ce béton qui, comme le disent avec satisfaction les architectes, "permet tout"...). 3) Considérable. Il m'est insupportable de concevoir que l'on puisse isoler un personnage ou une action de leur environnement. Bien amicalement, Claude Simon ».

22. LAS : « Salses, le 3 octobre 1997, Cher Maurice Nadeau, Un grand merci pour la place que vous avez réservée à mon Jardin des Plantes. Je n'oublierai jamais que vous avez été le premier critique à parler de moi (à propos de Le Tricheur) voilà maintenant près de cinquante ans, dans Combat!... Sans votre article d'alors, peut-être n'aurais-je pas continué à écrire et mon destin eut été tout autre. Vous voyez une importance du rôle que vous avez joué dans ma vie !... Merci encore de tout et bien amicalement.  Claude Simon / Ci-joint une photocopie de la lettre que j'envoie par le même courrier à votre excellent collaborateur Maurice Mourier qui s'est, me semble-t-il, laissé peut-être entraîner au-delà de [?] par un vocabulaire courtelinesque qui me paraît un peu déplacé. J'espère que ni vous ni lui ne prendrez mal les petites restrictions que je me sens obligé de faire ».

23. LAS : « Paris, le 29 juillet 1998, Cher Maurice Nadeau, Je n'ai rien demandé ni "recommandé" à votre collaboratrice Tiphaine Samoyault (Q.L. n°744, page 30 : "Claude Simon nous a recommandé, etc."). J'ai envoyé une réponse à son questionnaire, c'est tout. J'ai ensuite, par politesse, répondu sur un mode plaisant à une lettre (de consolation ??...) qu'elle a cru devoir m'écrire. Il était évident que cette dernière lettre était d'ordre strictement privé. Je m'étonne donc que votre collaboratrice en fasse mention pour "compléter" ma réponse à son enquête, en oubliant de mentionner sa propre lettre. Je pense qu'un tel procédé est des plus incorrects. Persuadé que ceci n'a pu se faire qu'à votre insu, je vous prie de croire, cher Maurice Nadeau, à mes sentiments bien cordiaux, Claude Simon ».

24. LAS : « Paris, le 1er octobre 1999, Cher Maurice Nadeau, "Il y a trente ans dans la Quinzaine". Comme vous y parliez bien de ce que j'avais tenté de faire ! Je vous ai écrit, il y a quelque temps, en vous rappelant que vous avez été le premier à parler de moi (il s'agissait de Le Tricheur) et que sans cet article ma vie aurait peut-être été toute différente... Je suis extrêmement touché de cet autre rappel (à ce propos, je me demande souvent si Pharsale ne serait pas mon meilleur bouquin...). J'écris encore des souvenirs. Mais avec l'âge, cela change. Maintenant ils sont de l'hôpital. Désagréable séjour forcé. Mais c'est déjà du passé et je peux maintenant vous écrire en voyant de mon bureau les arbres de la Place Monge. Merci encore, et très cordialement à vous, Claude Simon ».

On joint 13 livres en édition originale avec envoi à Maurice Nadeau :

1. Le Tricheur

Paris, Sagittaire, 1945

18,4 x 12 cm, broché, couverture blanche imprimée, 250 pp., 2 ff. n. ch.

Rare édition originale du premier roman de l'auteur.

Exemplaire du SP.

Précieux envoi autographe de l'auteur : "A Maurice Nadeau / meilleur hommage / Claude Simon".

Sous sa première couverture aux éditions du Sagittaire, dos lég. gauchi et bruni.

Importante provenance.

A sa sortie, Le Tricheur fut bien accueilli par la critique. Maurice Nadeau, dans Combat, parle d’ « un nouveau roman de l’absurde » et le compare à L’Étranger (1942) d’Albert Camus : "Le Tricheur, achevé en 1941, eut pu paraître en même temps que l'Étranger, et on eut sans doute à ce moment discuté des mérites respectifs des deux ouvrages. C'est un livre remarquable. De belles pages ne peuvent être le fait que d'un grand écrivain".

En 1957, les éditions de Minuit rachèteront au Sagittaire les invendus de l'édition originale du Tricheur et les diffuseront sous recouvrure.

A la demande de l'auteur, le roman ne sera pas réédité.

2. Le Vent

Tentative de restitution d'un rétable baroque

Paris, Les Editions de Minuit, 1957

19,2 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, photographie originale de Claude Simon, 241 pp., 1 f. n. ch.

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 35 ex. sur pur fil).

Envoi autographe signé de l'auteur : "à Maurice Nadeau / cette [Tentative de restitution d'un rétable baroque] / en très amical hommage / 17 septembre 1957 / Claude Simon".


3. L'Herbe

Paris, Les Éditions de Minuit, 1958

19,4 x 14,3 cm, broché, couverture imprimée, 262 pp.

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 47 ex. sur pur fil).

Envoi autographe signé de l'auteur : "Pour Maurice Nadeau / amical hommage de l'auteur / Claude Simon / 14/X/58 / [L'Herbe] / qui doit beaucoup à / Maurice Nadeau, et notamment / son exergue".

Petite déchirure en pied, couv. lég. poussiéreuse.


4. La Route des Flandres

Paris, Les Éditions de Minuit, 1960

19,4 x 14,3 cm, broché, couverture imprimée, 314 pp., 1 f. n. ch.

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 87 ex. sur pur fil).

Bel envoi autographe signé : "Pour Maurice Nadeau / Mon premier critique / Avec l'expression de ma / gratitude et de ma très / vive sympathie / Claude Simon / 22/IX/60".

Dos bruni, tache sur le premier plat de couverture et le feuillet d'achevé d'imprimer.


5. Le Palace

Paris, Les Editions de Minuit, 1962

19,1 x 14,2 cm, broché, couv. imprimée, 230 pp.

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 87 ex. sur papier pur fil  et 412 ex. sur vélin).

Envoi autographe signé : "Pour Maurice Nadeau / en amitié / Claude Simon / 2/IV/62".

6. Histoire

Paris, Les Éditions de Minuit, 1967

19,5 x 14,4 cm, broché, couverture blanche imprimée en bleu et noir, 402 pp., 1 f. n. ch.

Édition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 106 ex. sur papier
pur fil Lafuma et 112 ex. sur bouffant select).

Bel envoi autographe signé : "Pour Maurice Nadeau / L'un de mes premiers vrais lecteurs / avec ma fidèle amitié / Paris, le 21 mars 1967".

7. La Bataille de Pharsale

Paris, Les Éditions de Minuit, 1969

18,4 x 13,2 cm, broché, couverture imprimée à rabats, 271 pp..

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 97 ex. sur pur fil et 112 bouffant select).

Envoi autographe signé : "Pour Maurice Nadeau / amicalement / Claude Simon / 5 septembre 1969".

Prière d'insérer. Marque de pli au second plat de couverture.


8. Les Corps conducteurs

Paris, Les Editions de Minuit, 1971

19,1 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 225 pp., 1 f. n. ch.

Edition originale sur papier d'édition (après 97 ex. sur pur fil Lafuma).

Envoi autographe signé de l'auteur :"Pour Maurice Nadeau / amicalement / Claude Simon".

Prière d'insérer joint.


9. Triptyque

Paris, Les Éditions de Minuit, 1973

18,5 x 13,6 cm, broché, couverture imprimée à rabats, 225 pp., 1 f. n. ch.

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 97 ex. sur pur fil et 92 bouffant select).

Envoi autographe signé : "Pour Maurice Nadeau / amicalement / Claude Simon".

Couv. lég. poussiéreuse.

10. Leçon de choses

Paris, Les Editions de Minuit, 1975

19,1 x 14,2 cm, broché, couverture imprimée, 172 pp., 2 ff. n. ch.

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 82 ex. sur papier pur fil Lafuma et 92 bouffant select).

Envoi autographe signé de l'auteur : "Pour Maurice Nadeau / avec la très amicale sympathie de / Claude Simon".

Curieux exemplaire de presse auquel il manque - en raison d'un probable défaut de fabrication - le dernier cahier contenant la dernière partie du recueil titrée "Courts-circuits".

Prière d'insérer joint.

Taches sur la couverture.

11. Les Géorgiques

Paris, Les Editions de Minuit, 1981

18,3 x 13,4 cm, broché, couverture blanche imprimée en bleu et noir, 477 pp., 1 f. n. ch.

Édition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 109 ex. sur vélin chiffon de Lana).

Envoi autographe signé de l'auteur : "Pour Maurice Nadeau / très amicalement / Claude Simon".


12. L'Invitation

Paris, Les Éditions de Minuit, 1987

18,2 x 13,5 cm, broché, couverture imprimée, 93 pp., 1 f. n. ch.

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 109 ex. sur vélin chiffon de Lana).

Envoi autographe signé : "Pour Maurice Nadeau / bien cordialement / Claude Simon".

Fines piqûres sur la couverture.

13. Le Tramway

Paris, Les Éditions de Minuit, 2001

18,5 x 13,5 cm, broché, couverture imprimée, 141 pp., 1 f. n. ch.

Edition originale.

Exemplaire du tirage courant (après 109 ex. sur vergé).

Envoi autographe signé : "Pour Maurice Nadeau / très cordialement / Claude Simon".

25 000 €