BOUQUET (Jean-Louis)

Le Visage de feu

Paris, Robert Marin, Coll. "L'Envers du miroir", 1951

19,4 x 14,5 cm, broché, couverture en couleurs illustrée par Toyen, 233 pp., 2 ff. n. ch.

Edition originale.

Un des 10 ex. num. imprimés sur vélin offset supérieur (seul grand papier).

Inquiétante couverture illustrée par Marie Cermínová, dite « Toyen ».

Broché, en très bel état, petite note au crayon en quatrième de couverture.

Important recueil composé de quatre longues nouvelles fantastiques - "Alastor, ou Le visage de feu", "Assirata, ou Le miroir enchanté", "Alouqa, ou La comédie des morts" et "Asmodaï, ou Le piège aux âmes" - Le Visage de feu est le « premier livre de Jean-Louis Bouquet, qui écrit une langue remarquable [...] et apparaît comme un maître du genre ». (Jean Rousselot, Les Nouvelles littéraires).

Voici comment l'auteur était présenté dans un document tapuscrit joint à un exemplaire du Visage de feu dédicacé à Henri Parisot :

« Jean-Louis Bouquet est né à Paris, tout juste pour apercevoir les lueurs de l’Exposition de 1900, mais il n’a, bien entendu, gardé aucun souvenir de ses impressions de nourrisson. Il raconte (d’un certain ton et comme s’il ne tenait pas trop à être cru) que, dès sa naissance, certains signes semblèrent vouer son existence au « fantastique. » Pendant son enfance, extrêmement heureuse, il eut du goût pour les féeries, les contes merveilleux… et, ce merveilleux, son esprit le transposait avec aisance dans la vie quotidienne.

À la fin de son adolescence, une série de malheurs faucha en quelques mois son père, son frère, et enfin sa mère, dans des circonstances terribles, et son caractère en reçut une profonde atteinte. Il a toujours, ensuite, traîné dans la vie une certaine nostalgie sombre. La modeste fortune familiale ayant fondu, il avait dû interrompre des études commencées brillamment, et tentait de s’initier à une profession assez « technique » dans l’espoir de reprendre, plus tard, le fonds paternel. Il se sentit vite rebuté, il s’était épris du théâtre, puis fut brusquement ébloui par l’aurore du « cinéma-art, » à la fin de la première guerre mondiale. Ses ambitions navraient son tuteur, qui, lassé, lui laissa enfin la bride sur le cou. Avant même sa majorité, Jean-Louis Bouquet écrivait des scénarii sous les palmiers de Nice, aux côtés d’un intéressant novateur : Louis Nalpas.

Dès 1923-24, il faisait « tourner » deux sujets très remarqués : La Cité Foudroyée et le Diable dans la Ville, dans lesquels s’épanouissait cet amour du fantastique qui avait embelli son enfance. Mais le cinéma n’était pas mûr pour de telles formules. En dépit des éloges, Jean-Louis Bouquet ne parvint pas à placer d’autres scénarii du même ordre. On l’employait (et on l’a employé jusqu’à aujourd’hui) à « adapter » des œuvres littéraires ou théâtrales fort diverses, quelquefois insipides, mais sur lesquelles il peinait avec conscience, d’abord par nécessité de vivre, ensuite afin de se prouver qu’il était capable d’affronter tous les genres. En des moments d’humeur, il tenta des « évasions » : dans la publicité, dans la radio, et aussi dans le journalisme, notamment au Monde Illustré.

Mais il avait des occupations plus singulières. Des travaux de documentation à la Bibliothèque Nationale l’avaient ramené aux abords de cet immense domaine du Surnaturel qui l’avait toujours séduit. Il se livra à des études, il pénétra en observateur dans des « milieux » très fermés. Il a ainsi effleuré la kabbale, certaines sciences ésotériques, et la démonologie. Il rêvait de construire une œuvre littéraire sur ces bases étranges, de rapprocher certaines données de la psychologie moderne et les éléments pittoresques de la tradition.

Ce qui lui manquait pour se mettre au gros du travail, c’était le temps. La période de 1940-44, en lui créant des loisirs forcés, le fit entrer dans la période des réalisations. Il commença à entasser manuscrit sur manuscrit. Et voici qu’il livre enfin les premiers : plusieurs récits extraordinaires publiés sous le titre : Le Visage de Feu ».

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