BARTHES (Roland)

Correspondance adressée à Maurice Nadeau

 Du 19 décembre 1947 à février 1977

21 LAS et 10 CS, de formats divers, formant un ensemble d'environ 48 pp..

Importante correspondance, constituée de 21 lettres autographe signées et 10 cartes autographes signées, rendant compte de la collaboration fidèle du sémiologue aux diverses revues dirigées par Maurice Nadeau, initiée à la fin des années 1940 par la publication de textes dans Combat, qui seront rassemblés en 1953 dans Le Degré zéro de l'écriture, et poursuivi ensuite dans France-Observateur, Les Lettres Nouvelles et la Quinzaine Littéraire jusqu'au milieu des années 1970.

Les lettres retranscrites ci-dessous témoignent également des indéfectibles liens d'amitié les unissant et de la profonde estime éprouvée par Roland Barthes pour son confrère.

LAS 1, lettre adressée depuis Bucarest dans laquelle Roland Barthes rend compte de ses premières impressions de la capitale roumaine où il venait d'être nommé bibliothécaire à l'Institut français et annonce joindre un article : « Bucarest, 19 Déc 47 / Mon cher Maurice, Voici l'article promis. / Au cas où tu le publierais, voudrais tu faire / envoyer quelques exemplaires du numéro à / mon adresse à Paris: 11 rue Servandoni, et / faire ultérieurement verser l'argent à mon / compte chèque postal, Paris, N°: 5019.87 ? Merci. / Notre voyage s'est bien passé; ici, je ne puis / voir encore que l'aspect pittoresque des choses, / la misère, qui a l'air très grande, les slo- / gans politiques très nombreux etc. Matérielle- / ment , la vie est bonne pour les Français, il / y a de tout avec de l'argent. Malheureuse- / ment je n'ai vu jusqu'ici qu'une société / très restreinte, politiquement très marquée, une / collection exclusive de [?], sans aucune / intelligence politique et dont l'anti-soviétis- / me ne peut être - celui-là - pris en considé- / ration. je crois que j'aurai du mal à per- / cer ce mur; ce serait pourtant la seule chose / intéressante. Enfin, il faut être patient. / J'espère que tu n'as pas trop de difficultés / à Paris. Toutes mes amitiés à Marthe et / pour toi. / R. Barthes / - Institut Français: 27 Bd Dacia. Bucarest. (Par avion. Censure) / - Par la valise dipl. : aux bons soins de M. Rebeyrol Di- / recteur de l'Inst. Fr. de Bucarest. Ministère des Af. Etr.. Quai / d'Orsay. Paris 7e ».

LAS 2 (2 pp. in-8), rédigée sur papier à en-tête du Ministère des Affaires Étrangères, s.d. [circa fin de l’automne 1950 ?], enveloppe avec au verso, de la main de Maurice Nadeau à l’encre rouge un premier titre biffé « Pour une littérature d’explication et de combat » corrigé en « Pour un langage réel », relatif à la série de 5 articles parus dans Combat du 9 novembre au 16 décembre 1950, qui seront repris dans Le Degré zéro de l’écriture : « Cher Maurice, Voici les 3 premiers articles de la série (remaniés comme convenu), les 2 derniers sont prêts mais je dois les redactylographier. 1) Il faudrait peut-être donner un titre général à la série. Je te laisse juge, mais de toutes manières, il faudrait quelque chose de simple et de pas prétentieux. 2) Si tu fais un chapeau il vaudrait mieux aussi ne pas forcer et laisser entendre peut-être qu’il s’agit d’un point de vue qui a besoin de nuances, et qu’on laisse au lecteur le soin de les y mettre. Enfin, tu as plus l’habitude que moi, tu feras pour le mieux. J’espère rentrer vers mardi. Amitiés. R. Barthes ».

LAS 3 (4 pp. in-8), belle lettre de remerciement pour l’envoi de « Littérature présente », essai de Maurice Nadeau consacré à la littérature contemporaine, paru chez Corrêa en 1952 : « Mercredi soir, Mon cher Maurice, Je reçois ton livre ce soir et comme j’ai passé la soirée à la maison, je l’ai déjà à peu près lu. Car ça se lit, ça se tient admirablement, et je t’assure que cela a un continu qui sera une révélation pour tous les lecteurs habitués à te lire semaine après semaine. Pour moi ce livre m’a fait plaisir car au fond, il n’y a pas un seul point où je ne sois de ton avis et j’éprouve sur tous ces auteurs les mêmes sentiments que toi. Comme, pour la substance, il aurait été aisé de faire un hebdomadaire ! Il y a une unité instinctive possible, et ton livre me l’a très bien exprimé, avec une clarté – tu sais que je ne galvaude pas ce mot – et une force qui me donnent un profond plaisir et une confiance définitive – si ce mot ne te choque pas trop venant de moi qui n’ai presque rien fait et allant à toi qui as fait déjà beaucoup. Je n’ai vu qu’après ma lecture, la dédicace collective que tu as mise, et dans laquelle je suis : je peux te dire que cela m’a ému et que j’ai pensé que tu étais vraiment un chic type, et que j’aimerais bien pouvoir travailler de nouveau pour toi et avec toi. Tout ceci mal dit évidemment, car ça relève de l’émotion et de l’euphorie, mais enfin dit mieux que de vive voix – ce qui ne m’empêchera pas de venir te voir très bientôt. Je ne croyais pas que la parution de ce livre était si proche et vraiment à tous points de vue, j’ai été très heureux et joyeux de le voir paraître. Merci encore d’avoir pensé à moi, dans les deux dédicaces et en me l’envoyant. Bien fidèlement et affectueusement à toi. R. Barthes ».

LAS 4 (2 pp. in-8), s.d. [automne 1954] relatif à l’article sur un hypnotiseur,  « Le Grand Robert », qui paraîtra dans Les Lettres Nouvelles en octobre 1954 : « Jeudi soir, Cher Maurice, Tu te doutes que l’article de [Cyrille] Koupernick dans l’Observateur d’aujourd’hui sur le Grand Robert, m’interdit absolument de publier le mien la semaine prochaine : d’abord parcqu’il s’agit d’un double emploi trop évident, trop rapproché, gênant en raison de la particularité du sujet ; et puis parce que ce que je dis de l’hypnose théâtrale est trop contredit par le papier de ce psychiâtre : je ne veux absolument pas m’exposer à des réfutations « compétentes ». J’ai donc fait sur le champ un nouveau papier, que je te prie instamment de passer à la place du premier. Cher Maurice, je compte absolument sur toi pour faire la substitution, en dépit de ton indulgence probable pour les redites et pour mes papiers. Si tu n’as rien de mieux, je pense même que ce second papier pourrait aller en tête, c’est un bon sujet, mi d’actualité mi général, comme je voudrais bien en faire plus souvent. Cet incident Koupernick me confirme dans la nécessité de prendre des mesures pour éviter le double emploi. Je suis plus décidé que jamais à rester avec toi à l’Observateur et tu peux compter sur moi ; mais je crois qu’il faudra arrêter certaines dispositions avec l’ensemble du journal. Je te ferai des propositions précises à ce sujet dès mon retour. Je vais essayer de te téléphoner ce soir, car je voudrais être sûr que tu peux stopper mon premier article et y substituer le second. Mais dès maintenant pardonne moi, tous les contrordres de cette rentrée. J’espère n’avoir pas trop compliqué ta tâche. Je remanierai le 1er papier que tu pourras passer, si tu veux, dans les LN d’octobre. Ça te va ? A très vite (vers mardi). Ton ami Roland ».

CAS 1 (1 p. in-16), s.d., enveloppe : « Mardi, Cher Maurice, Je vais mieux, j’ai pu faire tant bien que mal le papier ; j’espère beaucoup que tu l’auras à temps pour t’éviter l’ennui d’en cherche un autre. Enfin un peu de beau temps ; les vacances vont commencer quand il faudra partir. Nous rentrons vers le 8, je te téléphone aussitôt, qu’on parle un peu des projets d’hiver. Mille affections à tous. Roland ».

LAS 5 (1 p. in-16), s.d., enveloppe : « Mardi, Cher Maurice, Un type, que tu connais paraît-il, Jacques Charpier, m’envoie cette réponse à Mauriac, qu’il te propose pour l’Observateur. Qu’est-ce que tu en penses ? Je te laisse la décision. Je n’en aime guère l’ironie, à vrai dire. Que vaut le type ? Je te téléphone très vite et en tout cas, à vendredi soir avec [Bernard] Dort. Amitié. Roland. Peut-être comme lettre de lecteur ? ».

LAS 6 (2 pp. in-8) du 21 août [1955] à propos d’une « petite mythologie du mois » à paraître dans les Lettres Nouvelles en septembre 1955 sous le titre « Le Tour de France comme épopée » : « Valence / 21 août / Mon cher Maurice, quelle histoire que cet article ! Tu as dû te faire de la bile (si tu es à Paris), mais je t’assure que moi aussi je m’en suis fait ! Tant que j’ai eu mes cours, jusqu’au vendredi 12, impossible d’en écrire une ligne, j’étais pris littéralement du matin au soir. Nous sommes partis le 13, je ne pouvais faire attendre la famille, et naturellement, dès le voyage commencé, dégelée d’obstacles majeurs qui chaque jour empêchaient que je trouve les quelques heures de travail nécessaires : indispositions, hôtels pleins, bruits etc. Il nous a fallu atterrir à Valence pour que je trouve les deux journées nécessaires. Le résultat n’est pas très bon. C’est un peu lourd et j’ai gâché le sujet. Enfin, c’est fait. Je t’assure que je m’en suis beaucoup fait, la famille pourra te le dire. Je sais que je retarde le numéro et cela m’empoisonnait. Je t’en prie, ne m’en veuille pas trop. À part ça voyage magnifique, pour ce que j’en ai vu jusqu’ici à travers le Tour de France ! Nous continuons vers le sud. Je rentre vers le 10, mais vais me mettre dès maintenant à la prochaine Mythologie. Aie confiance et ne t’inquiète pas. Si tu as le temps, mets-moi un mot à la poste restante centrale de Madrid pour me dire que tu ne m’en veux pas trop et me raconter où vous en êtes de vos vacances. Affections fidèles à tous deux, ton vieux copain Roland ».

LAS 7 (2 pp. in-4), très belle lettre dans laquelle Barthes annoncer souhaiter quitter le comité de rédaction des Lettres Nouvelles : « Hendaye / 22 sept 57 / Mon cher Maurice, Un type m’envoie ce texte pour te le passer, ce que je fais. Cela ne manque pas de qualités, je crois, mais se cache-t-il quelque chose derrière ce bon réalisme rural ? Je ne sais en juger. Je vais rentrer bientôt à Paris ; Hendaye n’a pas encore réussi à effacer en moi l’été que j’ai eu ; c’est-à-dire que je travaille très mal, avec peu d’appétit et pas d’idées. Je suis sec. Ne te fâche pas, Maurice, mais je voudrais qu’on parle ensemble de ma participation au conseil de rédaction : certes, ce n’est pas une charge, de la façon lamentablement paresseuse donc je le prends ; ce n’est pas non plus une responsabilité, puisque j’ai une confiance absolue dans tout ce que tu fais à la revue ; mais c’est une question plus générale pour moi ; il y a longtemps que je voudrais me dégager formellement de toutes ces participations, que ma paresse, mes crises de solipsisme, rendent en fait illusoires (Prix de Mai, Arguments, Théâtre Populaire) ; et si je le fais, il faut que ce soit pour toutes. Dis-moi ce que tu en penses : je ne veux, pour rien au monde, ni t'ennuyer, ni me séparer de toi : tu peux compter sur moi d’une façon totale. Mais comment te dire ? Je voudrais me préparer cette année comme une année « sabbatique », celle où les profs américains, ont tous les 7 ans, 12 mois d’ « irresponsabilité » ; par exemple partir de Paris, peut-être souvent (je ne vais pas reprendre mes cours de Sorbonne pour cela). Au fond, il me serait presque plus facile de te redonner parfois un texte, que d’assurer une présence « parisienne ». C’est probablement une sorte de crise de subjectivité, pas bien belle d’un point de vue « engagé » ; mais je préfère, au fond, essayer de la vivre jusqu’au bout. Enfin, rien de dramatique, ni d’urgent en cela. Réponds-moi avec le point de vue général de la revue. À très vite, ton ami / Roland / Etchetoa Hendaye Plage BP ».

CAS 2 (1 p. in-16), au verso d’une carte postale illustrée d’une photographie aérienne du village basque Urt, compostée le 24 avril 1962 : « Lundi, Cher Maurice, je regrette bien d’avoir manqué ce diner de l’autre soir ; et après, j’ai été bousculé par le travail. Il faut qu’on se revoie après mon retour, au début mai ; A bientôt donc, et fidèles affections à Marthe et à toi. Roland ».

LAS 8, lettre de soutien au moment où Maurice Nadeau s'apprête à rompre avec Julliard, un an avant le lancement de la Quinzaine littéraire et de son départ pour Denoël : « Urt / 21 Juin 1965 / Mon cher Maurice, / Il y a bien longtemps que je / ne t'ai vu - pour les raisons stupides / d'accablement de travail, de dispersion / parisienne, que tu connais. Mais je / pense à toi avec affection, avec fi- / délité, avec solidarité aussi, aujourd'hui où tout ce que tu fais, ce que / tu as fait est menacé (je n'en sais / rien de plus que ce que le Monde a- / vait dit, mais assez pour m'indigner et me dégoûter). Il faut que / tu saches qu'en moi un ami de / la première heure est à tes côtés / et que si tu avais besoin de moi / et de qque façon que ce soit, tu dois me / le dire. Je ne vais plus être à Paris / pendant les vacances; sauf en passant très à la hâte, mais tu peux m'écrire. / Et à la rentrée, nous bavarderons. / Amitiés à Marthe, à toi. Ton ami / Roland / Urt, Basses Pyr. ».

CAS 3 (1 p. in-16), au verso d’une carte postale illustrée d’un autoportrait d’Albrecht Dürer, compostée le 29 juin 1965 : « Urt 29 juin, Cher Maurice, j’ai été bien content d’avoir un mot de toi. Oui, il faudra que nous parlions de tout cela (à la rentrée, fin septembre ?) ; je te dirai où j’en suis (à vrai dire, encore pour moi, des options « universitaires » à lever ; d’où mon manque de disponibilité provisoire). Bonnes vacances à tous. Fidèlement Roland ».

LAS 9 (2 pp. in-8) du 13 avril [1966] à propos de l’article « Situation du linguiste », paru dans la Quinzaine littéraire le 15 mai 1966, sur le livre de E. Benveniste « Problèmes de linguistique générale » : « Urt / 13 avril / Cher Maurice, Je t’envoie tout de suite ma note sur [Émile] Benveniste ; je l’aurais voulu bien meilleure car le livre est important ; mais c’est très difficile à faire, je n’ai aperçu un moyen de prendre le livre qu’une fois tout fini, et je suis, hélas, trop débordé pour recommencer. Du moins ces quelques lignes, si tu les passes, marqueront-elles le livre d’une bonne pierre. Je ne lirai ni le Revel ni le [?] me concernant qu’à mon retour à Paris, la semaine prochaine, car ici je tiens à travailler tranquille, et c’est la bonne méthode de lire tout en bloc, par période ; sinon, on se ronge, inutilement. Je m’en remets donc à toi, Maurice, pour décider s’il n’y a pas incompatibilité entre le Revel et ma collaboration à la Quinzaine ; tu m’as dit que non, Je te fais confiance, mais je t’en prie, surveille tout de même le problème une dernière fois (1). On se téléphone à mon retour. Amitiés. Roland. (1) comme s’il s’agissait de toi. ».

CAS 4 (1 p. in-16), s.d. [circa avril 1966,] sur carte de visite à son adresse personnelle parisienne, à propos de « Proust » livre de G. Painter que Barthes avait chroniqué à l’occasion de la publication de son premier article - « Les vies parallèles » - donné à la Quinzaine littéraire publié en mars 1966 : « Dimanche / Cher Maurice, Philippe Jullian me demande de te passer ce petit texte où il proteste contre la « cabale » dont a été victime parait-il, le Painter (ce dont je ne m’étais pas aperçu) ; il voudrait pour cela l’hospitalité de la Quinzaine ; je lui ai bien dit que je ne pensais pas que la Quinzaine eût une rubrique, pour ce genre de mise au point, mais je te transmets tout de même ; si tu as une seconde, mets lui 2 lignes (54 rue de Miromesnil, 8°). Merci. Le Benveniste suit très vite (d’autant que je quitte Paris vendredi). A toi Roland ».

CAS 5 (1 p. in-16), sur carte postale illustrée au recto d’une photographie en couleurs de cerisiers en fleurs devant le château Hirosaki à Aomori (Japon), compostée le 30 mai [1966 ou 1967?],: « Tokyo, 29 mai / Cher Maurice, un souvenir fidèle et affectueux d’un voyage admirable. Je n’oublie pas Paris, et je rentre d’ailleurs très bientôt. Grande amitié à vous deux. Roland ». De ses trois voyages au Japon entre 1966 et 1968, le sémiologue français Roland Barthes (1915-1980) tirera un ouvrage qui fera date, L’Empire des signes (1970).

LAS 10 (1 p. in-16), s.d. [printemps 1967] relatif à l’article titré « La face baroque » paru dans la Quinzaine littéraire le 15 mai 1967, à propos du livre de l’écrivain cubain, Severo Sarduy, « Écrit en dansant » : « Vendredi / Mon cher Maurice, Voici le (court) texte s/ Severo Sarduy. Je crois qu’il ne soit un peu abstrus et qu’Erval n’en pâlisse, mais je n’ai pas le temps de faire mieux et j’aimerais bien tout de même, avec ton aide, aider Severo. Je pars demain 6 jours pour Urt. S’il y avait une question urgente, tu pourrais m’y téléphoner (47 à Urt, Basses Pyrénées). A bientôt. Ton ami fidèle. Roland ».

CAS 6 (2 pp. in-24) rédigée à l’encre noire sur une carte de visite à propos de l’article « La Peinture est-elle un langage », paru dans la Quinzaine littéraire le 1er mars 1969, sur le livre de J.-L. Schefer « Scénographie d’un tableau » : « Mon cher Maurice, Outre que je voudrais bien sincèrement te revoir un peu, accepterais-tu que je parle dans la Quinzaine du livre de Jean-Louis Schefer « Scénographie d’un tableau » ? Je connais J.L. Schefer depuis son très jeune âge ; je l’aime, je l’estime, je le sais très démuni et j’aimerais l’aider, d’autant que son livre, je le sais, n’est facile ni à lire ni à commenter, quoiqu’à mon avis fondamentalement remarquable. Qu’en penses-tu ? Ton ami Roland / 26-1-69 ».

LAS 11 (2 pp. in-8) rédigée sur papier à en-tête de l’Ecole Pratique des Hautes Études : « 15 février 1969 / Mon cher Maurice, voici mon texte sur Schefer ; je me rends compte qu’il est bien elliptique, ce n’est pas à mes yeux un vrai compte-rendu mais seulement une sorte d’alerte ; j’espère qu’il vous conviendra et je te remercie de l’accueillir. Tu le sais, tu ne peux en douter, je voudrais écrire dans la Quinzaine ; mais tu le vois par ailleurs, je n’écris presque plus d’articles ; l’écoles des Hautes Études est devenue pour moi un véritable métier, très lourd, et je me débats sans cesse pour préserver au moins la possibilité de faire un livre de temps en temps : et cela même est en cause. J’aimerais parler de tout cela avec toi. Pour Marthe et pour toi, l’affection de votre vieil ami. Roland ».

CAS 7 (2 pp. in-24) rédigée sur une carte de visite à l’adresse de l’Ecole Pratique des Hautes Études probablement adressée à Jean Chesneaux en remerciement de l’envoi d’ « Une lecture politique de Jules Verne », paru chez François Maspero en 1971: « je vous remercie très vivement pour votre Jules Verne politique : non seulement de me l’avoir envoyé ; mais de l’avoir écrit. Je me réjouis de le lire aux prochaines vacances ; je n’ai pu encore que le « regarder », mais déjà avec infiniment de plaisir. Merci. RB. 28.2.71 ».

LAS 12 (2 pp. in-8) rédigée sur papier à en-tête à son adresse personnelle : « 7 octobre 1971 / Mon cher Maurice, Tu m’embarrasses bien, car je n’ai pas le courage de te refuser quoi que ce soit (sans parler de mon attachement constant à Michelet), mais en même temps, commencent maintenant ces trois mois de l’année ou je ne puis rien faire d’autre que préparer le séminaire ; j’ai à fournir deux heures de parole nouvelle chaque année par semaine et je ne m’en tire pas si je n’ai pas un bloc de travail continu devant moi. Donc, ce Michelet parait à un très mauvais moment. Pour ne pas être complètement négatif, ne pourrais-tu combiner quelque chose comme quoi je te donnerais deux pages – plus de témoignage que de critique, que tu mettrais avec un autre article ? Cela à la rigueur, je pourrai le faire, dans la mesure où je n’aurai pas trop à lire avant et à m’encombrer du sur-moi d’un « compte rendu ». Qu’en penses-tu ? Tâche de me téléphoner un matin. Ton ami Roland ».
CAS 8 (2 pp. in-16), s.d. : « Samedi soir / Cher Maurice, / Il y a longtemps que je dois te transmettre ce texte que Robbe-Grillet voudrait beaucoup voir publier (sic) dans les L.N.. Voici l’adresse de Robbe-Grillet : 24 plaine de Kerangoff. Brest Saint-Pierre. À très vite. Amitiés. R. Barthes ».

LAS 13 (2 pp. in-8) rédigée sur papier à en-tête à son adresse personnelle, belle lettre de remerciement pour la chronique de « Le Plaisir du texte », publié par les éditions du Seuil : « 15 mars 1973 / Cher Maurice, de nouveau merci de tout cœur pour ton article de la Quinzaine. Cela m’a fait un grand plaisir de te sentir ainsi en lecteur plein de fraîcheur, comme tu le fus pour moi il y a plus de 20 ans. Ton ami Roland ».
LAS 14 (1 p. in-8), datée du 19 janvier [1974], rédigée sur papier à en-tête à son adresse personnelle parisienne, à propos de l’article « Pourquoi j’aime Benveniste » qui paraîtra dans la Quinzaine littéraire du 16-30 avril 1974 : « 19 janv / Mon cher Maurice, Oui, bien sûr, Benveniste, toi… Je vais le faire, donc, si tu m’accordes de faire court, une sorte d’encart ? Et pour quand ? à la hâte plus que jamais mais très fidèlement Roland ».

LAS 15 (1 p. in-16), à propos du même article : « 14 février 1974 / Tu peux changer le titre - ou ne pas en mettre. Bien à toi, cher Maurice RB ».

CAS 9 (1 p. in-16), enveloppe à l’en-tête du Centre d’Etudes Transdisciplinaire (CETSAS), enveloppe : « 25.1.75 / Cher Maurice, l’idée est bonne et je vais essayer : le plus vite possible. Merci de cette proposition. En hâte mais fidèlement à tous deux. R. Barthes ».

LAS 16 (2 pp. in-16), s.d. : « Hendaye Dimanche / Cher Maurice, je t’écris ce mot de mon lit où je suis très mal fichu avec de la fièvre et une espèce de crise de foie absolument abrutissante ; j’ai peur de n’être pas assez bien d’ici samedi pour te faire mon papier de rentrée, et je voudrais que tu prévoies dès maintenant autre chose. Le pourras tu ? Je te promets de faire tout mon possible pour l’écrire, mais il faudrait que j’aille mieux à temps et ce n’est pas sûr. Je te prie bien instamment de prendre tes précautions dès maintenant. Vacances par ailleurs absolument gâchées par le mauvais temps. Nous rentrons vers le 8, si je vais bien. Ecris. Amitiés. Roland ».

CAS 10 (1 p. in-16), sur carte de visite à l’adresse de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes : « Bien sûr, cher Maurice, utilise mon nom pour le texte – et le comité – et cela bien sincèrement. J’espère que ça marchera ! Ton ami fidèle. Roland. 26 IV 75 ».

LAS 17 (1 p. 1/2 in-8) : « 26 oct 75 / Cher Maurice, Bien sûr, de tout cœur avec vous. Je vous donnerai les « peintures » que vous voulez – si ce n’est pas trop ridicule. Dis-moi seulement à quelle date il les faut et où les envoyer. Pour le débat, non, pardonne-moi ; je n’ai plus du tout le courage de ces choses-là ; je m’en tire toujours médiocrement, à mon gré, et cela, en ce qui me concerne, je crois, n’apporte rien à personne ; c’est un peu une question de tempérament ; le mien, sur ce point, est peu rentable – et absolument pas jouissif ! Ton ami fidèle. Roland ».

LAS 18 (1 p. 1/4 in-8), belle lettre rédigée sur papier à en-tête de la Chaire de Sémiologie littéraire du Collège de France relative à la publication de la « Leçon inaugurale » qui sera finalement rééditée par Le Seuil, après sa publication en plaquette par le Collège de France : « 23 Déc 76 / Cher Maurice, Je te remercie de me demander cette leçon, cela me touche – et me toucherait que le dernier « examen » de ma vie parut chez toi qui a été mon premier examinateur : confiant et efficace. Évidemment, cela m’est déjà demandé non seulement par le Seuil – mais aussi par Nora. En fait, rien de décidé, car le Collège – c’est statutaire – publie d’abord le texte en plaquette et ce n’est que 6 mois après le dépôt légal de cette plaquette qu’on peut en éditer (commercialement) le texte. Ce que je veux te dire, c’est que je vais vraiment essayer de te le donner à toi – en arguant de l’élément affectif et symbolique que je te disais au début. Ton ami. Roland ».

LAS 19 (1 p. 1/2 in-8) sur papier à en-tête de la Chaire de Sémiologie littéraire du Collège de France, enveloppe : « 21 Fév 77 / Cher Maurice, Je comprends bien ton projet, mais en ce qui me concerne ce ne sera pas possible : je suis surmené, harcelé, débordé et je n’aspire qu’à une chose : me retire de toute « représentation » ; je supporte très mal tout ce qui est débat public et j’ai décidé, l’âge venant, de ne plus me forcer sur ce qui me rend mal à l’aise ; toutes ces raisons ont fait que je viens de refuser, malgré son insistance, à BH Lévy de participer à ce même Beaubourg à un débat avec Attali : je ne puis accepter ici après avoir refusé là. Réellement, ce n’est pas très grave ; je ne suis pas un bon débateur et le thème du pouvoir, il appartient bien plus à Foucault et à Deleuze qu’à moi. Pardonne-moi, Maurice. Bon courage, bon succès. Ton ami fidèle. Roland ».

LAS 20 (2 pp. in-8) sur papier à en-tête à son adresse personnelle : « Maurice, Signe de mon incurie, je ne retrouve plus ton téléphone, je n’ai pas celui de la Quinzaine, et mes annuaires sont démodés ! Donc ce petit mot : je voudrais te demander de changer notre rendez-vous du mercredi 21 fév : j’ai pu dégager deux réunions (du jeudi et du vendredi) et de la sorte, miracle dans le trimestre, je puis avoir qques jours de libres et partir un peu, car je n’en peux plus ; si je pouvais récupérer le mercredi, je pourrai partir du mardi soir au lundi suivant. Peux-tu me téléphoner (sauf vendredi matin) ? Qu’on arrange un autre rendez-vous. Et cette fois là je prendrai ton téléphone. Merci. Ton ami. Roland ».

LAS 21 (1 p. in-8), s.d., sur papier à en-tête à son adresse à Urt : « Urt / 15 sept / Mon cher Maurice, Ton mot m’arrive ce matin, ici, à Urt, où je suis jusqu’au 1er oct. Je suppose donc qu’il sera trop tard pour que tu joignes mon nom à ta liste ? Je le regrette vivement. En tout cas, tiens ma signature pour acquise. Bon courage à toi Roland ».

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