SAILLET (Maurice)

Correspondance à Maurice Nadeau

Du 1er janvier 1947 au 29 août 1948

13 LAS de format divers signées formant un ensemble d'environ 18 pp.

Correspondance constituée de 13 lettres autographes signées adressées à Maurice Nadeau pendant les années "Combat", rédigées le plus souvent avec beaucoup d'humour, concernant des collaborations et les fameux "billets doux" de Justin Saget.

Elle comprend, entre autres, une très belle lettre autographe en rapport avec la création d'une revue littéraire (cf. LAS 2 ci-dessous) écrite en août 1947.

Maurice Saillet cofondera, six ans plus tard en 1953, avec Maurice Nadeau la revue littéraire Les Lettres nouvelles.

LAS 1, datée du 1er janvier 1947, 1 p. in-8 : « Cher ami, Je suis bien ennuyé (et serais tout à fait désolé si cela vous mettait dans l'embarras) mais je n'ai pas réussi à tordre le mon article sur le C.N.E.. J'y ai pourtant passé quelques nuits blanches. Pour me changer de ces sombres histoires, j'aimerais m'occuper d'un vrai livre - avec votre consentement. Excusez-moi de vous faire ce coup là un jour de l'an. Et bonne année à tous ! Maurice Saillet ».

LAS 2, datée du 5 août 1947, 2 pp. in-8, enveloppe, très belle lettre d'accord pour participer à la création d'une nouvelle revue littéraire : « Burdignin par Boëge / (Haute-Savoie) / Mon cher ami, Votre mot m'arrive un peu tard parce que j'ai quitté Paris brusquement (malade) et sans laisser d'adresse. Je n'ai réparé cet oubli que ces jours-ci. Je vois la fin d'une jaunisse carabinée (6 semaines) et pars vendredi faire un tour dans le midi marin, du côté de Prévert. Votre idée est dans l'air (ou quelque chose d'approchant mais ce sont des dilettantes...) depuis quelques temps, ce sacré snob de bourrique de P. Walberg m'avait demandé d'y penser pendant les vacances; Mais ces gens-là - la frange de Bataille et Breton - sont insupportables. D'ailleurs, les idées sont ce que sont ceux qui les ont. Vous êtes le seul à pouvoir faire quelque chose de bien de cette idée-là.

Naturellement, je suis votre homme, mais :

1) j'écris avec une lenteur affligeante, la boutique me prend pas mal - et je crois - pour tout dire - que vous me voyez beaucoup plus malabar que je ne le suis.

2) si je suis avec vous dans ce "brûlot", je ne suis pas avec vous à COMBAT - dont les "piges"; soit dit franchement, sont nécessaires à mon train de maison.

Oui, votre projet est extraordinaire, et je crois bien que je plaquerais tout (hors la boutique) pour le suivre jusqu'au bout du monde. Avec Maurice Henry, on va pouvoir rigoler. D'accord avec tout ce que vous dites. La Rue était 10 fois trop abondante, et "rêveuse" (molle) et le bout de l'oreille communiste ? Pour le théâtre, je me demande si Michel Cournot (32, rue Leconte de Lisle - XVIe) ne ferait pas l'affaire. Il est d'une tenue et d'une intelligence remarquables. Peut-être ne demande-t-il qu'à se déchainer...
Au fait qu'est-ce que la tenue ? Il faudra, je pense, s'en refaire une idée chaque semaine en lisant les Lettres Françaises et le Canard enchaîné. Bon. Vous avez ma promesse entière et solennelle (J'ai failli vous écrire - mais la jaunisse est arrivé - pour vous proposer "Mon curé chez Gallimard" dans le cadre de la Revue Internationale...) Votre / Maurice Saillet Et comment l'appeleriez (sic) vous ? (J'en garderai le secret) ».

LAS 3, datée du 5 novembre 1947, 1 p. in-8 : « Cher ami, la petite séance un peu pénible de l'autre soir m'a été profitable : je rectifie aujourd'hui dans mon dernier billet. Vous aviez raison : Pichette, ce n'est pas rien. Pour le diner ensemble, je m'en fais un plaisir n'importe quel vendredi sauf celui qui vient. Seul à la boutique cette quinzaine (et à la suite d'un article à fournir à Critique) je vous demande d'arrêter mes papiers à Combat pour 2 ou 3 semaines. ou pour plus longtemps (cela raffermirait peut-être votre position à Combat - mais le mal que j'avais à faire est fait, direz-vous, depuis les brukbillets) [...] ».

LAS 4, datée du 12 décembre 1947, 2 pp. in-8 à propos des Epiphanies de Pichette : « Cher Maurice, [...] Que pensez-vous des Epiphanies ? J'en suis toqué et les revois dimanche soir. Je revois assez souvent Pichette, toujours égal à lui-même (à ce que j'en disais dans Combat). Mais il a le droit, tout compte fait, d'être comme ça : les Epi rendent cette sorte de naturel très acceptable [...] ».

LAS 5, datée du 13 décembre 1947, 2 pp. in-8 à propos des Epiphanies de Pichette : « Cher Maurice, [...] Vu ce matin l'éditeur de l'Apo-libre. Enchanté de l'article d'hier. Vous promet une "Philo dans le boudoir" (dès qu'il sortira) et refera sans doute les 3 plaquettes libres de Verlaine en 1 vol. [...] ».

LAS 6, datée du 8 février 1948 , 1 p. in-16 : « [...] Cet article ne tourne pas rond. La Savoie - ah! les vaches - m'inspire pas. [...] prochaines mains : 1. Lichtenberg et Swift. 2. Situations de Sartre ».

LAS 7, datée du 29 août 1948, 2 pp. in-8 : « [...] Rien reçu de Bourdet. Je te suivrais avec grand plaisir et confiance dans n'importe quel nouveau canard (sauf peut-être si Herbart est le patron du bordel) mais tu sais que je ne suis pas très régule et vite essoufflé. S'il est question, en tous cas, d'attiger le grand Albert, compte sur moi. Lu entièrement "Biffures". J'aime beaucoup. Les nouvelles de Pichette ne nous manquent pas. Les "matins triomphants", ça veut dire qu'il est terriblement fauché et que c'est très bien comme ça. Oui, je me trouve en ce moment dans le 36e dessous. Privé d'amour, te dis-je. Mon poète de gloire tourne à la merde, et  l'idée de revoir Reverdy me donne des épouvantements [...] ».

LAS 8, s.d. [printemps 1948], 1 p. in-8 au crayon bleu:  « [La Maison des amis des livres] et ses dépendances (cela va jusqu'à la Halle aux Vins) te remercie pour l'envoi des Documents surréalistes : nous allons pouvoir nous instruire pendant ces vacances [...] ».

LAS 9, s.d. [circa 1948], 1 p. in-16:  « Alors à vendredi 8 heures à la boutique ou à l'habituel bistrot Il y aura avec nous le brave éditeur d'Apolibre et de Sade. [...] Justin Maurice Prochains billets * Jean Paulhan et ses environs (ou ses avirons) * Le Partage de Claudel ».

LAS 10, s.d. [circa 1948], 2 pp. in-8, au crayon bleu, encre noire et crayon rouge sur papier à en-tête de La Maison des amis des livres :  « Mon cher Maurice, Je me suis cassé la gueule, une fois de plus, sur Paulhan. M'excuse et compte remettre ça dans 15 jours (pas de papier la semaine prochaine à cause de ma prochaine chronique pour le Mercure). Le fluide glacial que tu as déposé vendredi dernier sur la chaise du grand-prêtre fait son effet : tout le monde d'accord ici autour. (Boiffard se marre). C'est bien la première fois qu'un "amoureux [?]" au lieu de se retirer dans la tristesse et la solitude, se change en "vieux complice" - pour la rigolade. Enfin et surtout, tu atteins dans cet article un rare degré de justice. [...] ».

LAS 11, s.d. [circa 1948], 1 p. sur une bande de papier :  « [...] Prochains billets 1. Situations de Sartre 2. Jean Paulhan et ses environs Si le Lichtenberg est trop long on peut au moins faire sauter [...] ».

LAS 12, s.d. [circa 1948], 1 p. in-8, au crayon sur papier à en-tête de La Maison des amis des livres :  « Cher Maurice (1) Beaucoup de température et pas pu faire le Paulhan. J'aurai pourtant bien voulu être du dernier Combat [...] Maurice (1) / (1) Ça se prononce Boris dans mon état ».

LAS 13, s.d. [circa 1948], 1 p. in-16:  « Vendredi matin / Cher Maurice, je ne vais pas très bien ces jours - coup au foie et indigestion hier. [...] (Ces cochons de Combat ne m'ont pas encore envoyé un rond pour février et mars) Ami. Saillet ».

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