L’AVIS DU LIBRAIRE

 

Très rare exemplaire en grand papier truffé d'une belle lettre en rapport avec l'édition de l'ouvrage

BARBEY D'AUREVILLY (Jules)

Un Prêtre marié

Paris, Achille Faure, 1865

2 volumes in-12 (18,8 x 11,8 cm), demi-maroquin bleu nuit à la Bradel à coins, dos lisse, titre, auteur, tomaison et date frappés or, têtes dorées, couvertures et dos conservés (reliure de la fin du XIXème siècle), 5 ff. n. ch. (ouvrages du même auteur, faux-titre, titre, blanc, dédicace), 307 pp., 8 pp. (catalogue de l'éditeur) & 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), 271 pp., 48 pp. (catalogue de l'éditeur suivi de Extraits de divers journaux sur les livres d'André Léo)

Édition originale.

Un des quelques exemplaires tirés sur vergé de Hollande, seul grand papier avec 2 ex. sur Chine.

Exemplaire truffé d'une intéressante lettre autographe signée, très probablement inédite (elle ne figure pas dans la Correspondance générale de Barbey d'Aurevilly), de 3 pages in-8 rédigées à l'encre rouge, montée sur onglet en tête du premier volume, adressée à un ami fin 1864, dans laquelle Barbey demande de négocier en son nom le contrat d'édition du Prêtre marié avec Achille Faure :

« St Sauveur le Vte, 19 décembre 1864 / Mon cher ami / J'espérais revenir beaucoup plus tôt. Des affaires de famille me retiennent encore quelques jours. C'est pour cela que je vous prie de passer chez M. Faure, éditeur, 23, boulevard Saint-Martin et de négocier pour moi avec lui l'affaire dont je vous ai parlé. M. Faure me plaît, parce qu'il est jeune, –très intelligent, – c'est l'impression qu'il m'a faite pendant le temps, le peu de temps que je l'ai vu, - et qu'il a su se classer comme éditeur de livres graves (dans l'ordre des romans), après en avoir édité de légers.

Mon prêtre marié est une œuvre que je crois forte, proposez la lui. Je sais, d'ailleurs, qu'il la désire. Je lui en vendrais l'exploitation pour dix ans. Je lui vendrais aussi pour dix ans l'exploitation de La Vieille maîtresse qui a eu deux pitoyables édition de Cadot (à présent épuisées). Et nous lierions les deux affaires.

Vous savez mes prétentions, mon cher ami ; par conséquent je ne vous en parle pas dans cette lettre. Voyez donc M. Faure et tenez-moi au courant. Votre bien dévoué, J. Barbey d'Aurevilly

Il faut que l'affaire se fasse vite. Le Prêtre marié qui a déjà remué l'attention devrait être en vente dans un mois. ».

Très bel exemplaire, parfaitement établi à la fin du XIXème siècle, les plats de couverture et dos de chaque volume conservés. Cette sobre et parfaite reliure à la Bradel n'est pas signée. Elle semble cependant sortir de l'atelier de Victor Champs dont on reconnaît le goût sûr et la façon irréprochable.

Dos très légèrement passés, restauration ancienne d'une déchirure au second feuillet de la lettre, en excellent état par ailleurs.

Très rare et précieux en grand papier.

Un prêtre marié parut malgré les craintes des catholiques que le roman effrayait. 

« L'oeuvre est d'une telle puissance d'invention qu'elle s'impose comme un des écrits les plus saisissants du XIXème siècle français. » (Laffont-Bompiani)

La réédition prévue chez Palmé ne put avoir lieu. L'archevêque de Paris, ne regardant que le titre, avait refusé son accord. Barbey d'Aurevilly se plia à cette décision et écrivit à son éditeur: "J'ai un devoir à remplir du point de vue de l'obéissance, c'est de mettre l'ouvrage aux vieux papiers."

Il envoya certains exemplaires avec une dédicace résumant parfaitement cette polémique: "Ce livre écrit pour la gloire de Dieu et proscrit de toutes les boutiques catholiques." 

15 000 €