L’AVIS DU LIBRAIRE

 

Les récits de voyages d'un aventurier bohème, proche de Murger et de Baudelaire

FAUCHERY (Antoine)

Lettres d'un mineur en Australie

Précédées d'une lettre de Théodore de Banville

Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1857

In-12 (19 x 12,2 cm), demi-chagrin noir, dos à nerfs polis, pièce de titre, papier marbré sur les plats (reliure de l'époque), 2 ff. n ch. (faux-titre, titre), XXIII pp. (lettre de Banville), 278 pp.

Edition originale de ce reportage authentique sur la vie des pionniers et des chercheurs d'or.

Exemplaire du tirage courant limité à 1 170 exemplaires après 30 ex. sur papier vergé.

Longue préface de Théodore de Banville, sous forme de lettre à Poulet-Malassis.

Reliure d'époque, quelques discrètes rousseurs, plus prononcées aux premiers et derniers feuillets.

« Antoine Fauchery est un de mes plus anciens et de mes meilleurs camarades et nous aurons fait ensemble aux jours de la jeunesse, des expéditions bien autrement périlleuses que son récent voyage d'argonaute emporté vers la toison d'or. » (Théodore de Banville, préface)

« Beau type d’aventurier, de rêveur audacieux. Banville, un de ses plus chers amis précise dans la préface pour un de ses livres : « Ai-je besoin de vous dire qu’il a commencé par être un très mauvais écolier ?... Il aurait été de force à planter les buissons lui-même sur les chemins qui mène à l’école. »

Né en 1824 à Paris, il était fils d’un ménage de graveurs : Jean-Claude Auguste et Augustine Fauchery. Il sera lui-même peintre, puis graveur sur bois, écrivain, chroniqueur, voyageur, chercheur d’or.

Dans les années 1850, haute époque de la bohème murgerienne, il était célèbre dans les ateliers pour ces deux préceptes : « Un loyer ne doit jamais être payé » et « tout déménagement s’effectue par la fenêtre ».

En 1856 il fit jouer au Vaudeville une pièce intitulée Calino, faite en collaboration avec Barrière.

Pendant toute sa brève existence il fut la proie du démon du voyage et de l’aventure. Dès 1848 ses instincts généreux le firent partir pour la Pologne. « La voix de Mierolawski appelait les réfugiés polonais et les Français patriotes à la défense de la Pologne, et quelques intrépides formaient déjà le projet d’aller mourir là, comme Byron dans le pays d’Homère » (Banville). Il fit le voyage en compagnie de Nadar. Les deux héros n’atteignirent jamais la patrie de Chopin, et connurent les pires mésaventures à travers l’Allemagne où ils furent emprisonnés dans toutes les principautés.

En 1856 il eut l’idée d’aller chercher fortune en Australie où l’on avait découvert d’abondantes mines d’or. De là il embarqua pour les Philippines. En 1860 il tomba dans l’ « officiel » et fut nommé correspondant du Moniteur pour suivre l’armée française à Pékin pendant la guerre entre la France et la Chine. Maillard raconte dans son livre sur les derniers bohèmes que Fauchery était à peu près le seul Français qui sortait du Palais Yuen-Ming-Yuen les mains et les poches vides. A défaut d’objets précieux il emporta de cette campagne de Chine une maladie infectieuse. Arrivé à Yokohama il mourut d’une gastrite le 27 avril 1861 ; à l’âge de 37 ans. Cette mort lui évita de justesse une décoration que le Gouvernement français s’apprêtait à lui remettre.

Malassis qui a toujours aimé les originaux, novateurs et marginaux ne pouvait manquer d’être séduit par cet aventurier poète ». (Gérard Oberlé, Auguste Poulet-Malassis, un imprimeur sur le Parnasse, n° 483)

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