L’AVIS DU LIBRAIRE

 

Rare exemplaire "hors-commerce", non expurgé, sur beau papier, dédicacé à un officier de la Paix, inconnu des bibliographes de L.-F. Céline

CÉLINE (Louis-Ferdinand)

Mort à crédit

Paris, Denoël et Steele, 1936

22,4 x 14,8 cm, broché, couverture rempliée imprimée en rouge et noir, 697 pp., étui-chemise en demi-box noir (Atelier Devauchelle)

Edition originale du second roman de l'auteur.

Un des 25 exemplaires hors commerce imprimés sur vélin pur fil (après 22 Japon impérial et 30 Hollande van Gelder et avant 40 ex. sur alfa, également hors commerce), celui-ci portant le n° LXXI.

Bel envoi autographe signé de l'auteur rédigé à l'encre sur le second feuillet blanc : "A Monsieur / Jean Groc / Force reste à la loi ! / Bien cordialement / LF Céline / Montmartre 39".

Précieux exemplaire hors commerce non expurgé.

Tous les exemplaires du tirage mis dans le commerce (y compris ceux en grand papier : 25 Japon impérial, 35 Hollande, 85 vélin pur fil et 750 alfa) et une grande partie des exemplaires hors-commerce imprimés sur alfa furent amputés des passages censurés.

Il faudra attendre l'édition de la Pléiade de 1981, établie par Henri Godard, pour voir reparaître officiellement le texte originel complet, avant la "censure" de Robert Denoël.

Bel exemplaire broché, habile restauration à la couverture, décharge brune sur le second feuillet de garde et dans la marge intérieure du feuillet portant la dédicace, conservé sous étui-chemise.

On ne connaîtrait à ce jour qu'une dizaine d'exemplaires en grand papier "hors commerce" et non censurés, dédicacés par Louis-Ferdinand Céline
, soit à des personnalités du monde des lettres (dont Bernard Steele et l'épouse de Robert Denoël), des amis médecins ou pharmaciens ou des bibliophiles. 

Jean Groc était resté inconnu des spécialistes de Louis-Ferdinand Céline. Son nom n'apparait ni dans sa correspondance, ni dans les ouvrages le concernant.

La dédicace portée par Louis-Ferdinand Céline sur notre exemplaire de Mort à Crédit ainsi qu'une autre sur l'un de ses pamphlets sont, à ce jour, les deux seules traces établissant la rencontre des deux hommes.

Officier de Paix de la police parisienne - expliquant la formule "Force reste à la loi !" employée dans la dédicace - Jean Groc était domicilié rue Lapeyrere au nord de la butte Montmartre.

Une dépêche, parue dans Paris-Midi, le 2 juillet 1943 annonce son décès accidentel à 32 ans, le 28 juin 1943. Nous ignorons les circonstances de sa mort, intervenue un lundi peu avant midi, probablement durant l'exercice de ses fonctions, peut-être lors d'une échauffourée ?

Jean Groc était le fils de l'écrivain et journaliste Léon Groc (1882-1956), auteur de romans policiers et de science-fiction, que Céline ne pouvait ignorer.

L'intérêt que L.-F. Céline portait à la littérature d'anticipation et populaire est avéré. Elle fut l'une de ses sources d'inspiration pour la rédaction de ses grands romans.

Mort à crédit n'y fait pas défaut, regorgeant de références à un autre écrivain populaire fantasque : Raoul Marquis dit Henry de Graffigny. Céline s'en inspira pour dépeindre dans son roman l'inventeur farfelu et truculent prénommé Roger-Marin Courtial des Péreires.

Henry de Graffigny (1863-1934) et Léon Groc se connaissaient. Ils furent tous deux publiés à la même époque dans la collection "Patrie" des éditions Rouff.

Remerciements à Jean-Paul Louis, Laurent Simon et Gaël Richard pour leur aide précieuse.

24 000 €