GOEMANS (Camille)

A propos des difficultés du commerce de tableaux surréalistes

s.l., s.d. 6 juin [1928?]

LAS, 2 pp. in-8 (21,5 x 13,8 cm), rédigée à l'encre noire sur un feuillet jaune à l'en-tête de la Taverne du Passage (30, galerie de la Reine, Bruxelles)

Belle lettre autographe signée, inédite, adressée à Marcel Fourrier, dans laquelle Camille Goemans évoque les difficultés à vendre des tableaux surréalistes.

Retranscription :

"Mon cher ami, Je regrette de n'avoir pu aller vous voir lors de mon passage à Paris. Mais mon séjour là-bas a été très bref et j'avais mille choses très urgentes à faire. Je n'ai d'ailleurs rien de neuf à vous apprendre. Ma situation n'a pas changé. Pourtant les perspectives sont meilleures, et je suis persuadé que d'ici quelques temps je serai tiré de l'embarras où je me trouve. Ce ne sera pas trop tôt, et j'en suis à considérer que probablement la chance ne me fait pas tout à fait défaut. Pensez donc comme cette fâcheuse histoire a été partout exploitée et tournée contre moi. Je ne suis pas encore complètement revenu de l'évènement, à croire, légitime, où m'ont jeté les premiers rapports que l'on m'a faits de ma propre aventure. Cela ne va pas plus loin. Soyez-en persuadé. Je puis me défendre d'en être ému trop vivement.

Ce que l'on appelle les affaires est ici moins que brillant, il me semble. Je ne vous parle que d'une impression générale car je ne m'en occupe guère. Je suis presque convaincu qu'il ne faut pas actuellement espérer vendre des tableaux, en particulier des tableaux surréalistes. La défaveur où nous sommes, de ce point de vue, ne fera, je le crains, que de s'accentuer. Je n'ai vu à Paris que du découragement.

Donnez-moi de vos nouvelles, mon cher ami. Je dis bien : des vôtres. Celles de la galerie, après ce que j'ai appris tout récemment, ne peuvent plus, à l'heure qu'il est, m'intéresser le moins du monde. N'est-ce pas ? Je suis toujours votre dévoué, Goemans / Bruxelles, 6 juin 216, rue des allées".

Écrivain surréaliste belge, Camille Goemans (1900-1960) prit part aux réunions surréalistes à Paris dès 1925. Il ouvrira en 1926 à Bruxelles, la galerie La Vierge poupine, avec Geert van Bruaene. Il se fit également confier la gestion de la Galerie Surréaliste, dont Marcel Fourrier assurait la gérance. Mais les difficultés rencontrées par la galerie, la pousseront à fermer ses portes en décembre 1928.

Camille Goemans ouvrira sa propre galerie, rue de Seine en 1929, promouvant le travail de Jean Arp, René Magritte et Yves Tanguy et organisant la toute première exposition de Salvador Dali. Mais faute de succès la galerie Goemans fermera ses portes l'année suivante.

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