BRETON (André) & KAHN (Simone)

Dossier de divorce

1928-1929

5 LAS (la première de Simone Kahn à André Breton, les quatre autres de Breton à Marcel Fourrier), formant un ensemble de 9 pp. in-4 et un document manuscrit de 20 pages (Inventaire de l'appartement sis, 42 rue Fontaine)

Dossier constitué de 5 lettres autographes signées inédites, la première, très précieuse, de Simone à André annonçant leur rupture définitive, les quatre autres d’André Breton à son ami avocat Marcel Fourrier à propos de la procédure de divorce en cours, le tout formant un ensemble de 9 pp. in-4.

On joint à ces lettres un inventaire détaillé (20 pages) effectué, dans leur appartement rue Fontaine, le 23 septembre 1929, fournissant des informations précises concernant l’état de l’ample collection d’arts premiers et de tableaux surréalistes du couple Breton à cette époque, document d’un intérêt capital, qui mériterait une étude approfondie.

1. LETTRE DE RUPTURE ADRESSÉE PAR SIMONE À ANDRÉ BRETON

Lettre autographe signée, inédite, datée du 4 décembre 1928, 1 p. in-4 (24,7 x 20,7 cm) rédigée à l’encre noire, enveloppe jointe adressée à André Breton 42, rue Fontaine oblitérée le 5 décembre 1928.

Rarissime et importante lettre autographe signée de Simone Breton, née Kahn (1897-1980), première épouse d’André Breton, dans laquelle elle annonce sa décision de mettre fin à leur vie commune.

Rencontrée fin juin 1920, Simone Kahn, partagera la vie d’André Breton pendant un peu plus de huit années, assistant, aux premières loges, à la fin de Dada, la naissance du surréalisme, l’ouverture du Bureau de Recherches surréalistes, la création de la revue La Révolution surréaliste ainsi qu’à la publication de Clair de terre, du Manifeste du surréalisme et de Nadja, entre autres.

Si les documents autographes de la main d’André Breton, en dépit de leur fort intérêt, se rencontrent fréquemment, on sait l’insigne rareté des documents et lettres adressés à André Breton par les femmes ayant partagé sa vie.

Dans son introduction aux Lettres à Simone Kahn d’André Breton (Gallimard, 2016, p. 11), Jean-Michel Goutier évoque « l’absence des lettres de Simone dans les archives de l’atelier de la rue Fontaine ».

Mark Polizzotti, assure, dans sa biographie d’André Breton (Gallimard, Coll. Biographies, 1999, p. 738) : « Les lettres de Simone à Breton, aujourd’hui perdues, furent certainement détruites par leur destinataire en 1930 au moment de leur divorce ».

Les dispersions récentes des collections de Paul Destribats et de Jean-Paul Kahn témoignent de la rareté des lettres des compagnes de Breton dans les années 1920-30.

On recense dans la collection Destribats : 
une unique lettre de Simone à André Breton, visiblement peu importante car jointe et non décrite (n° 231), 
- un important dossier de dessins et de textes autographes adressés par Nadja à Breton (n° 211), 
- un billet autographe signé de Suzanne Muzard à Breton (n° 319) joint au manuscrit de L’Union libre, et 
- aucune lettre de Jacqueline née Lamba (1910-1993) à André Breton.

Quant à elle, la collection Jean-Paul Kahn comportait : 
- outre quelques dessins de la main de Nadja, 4 brouillons de lettres de Nadja à Breton (n° 117) et
aucune lettre de Simone, ni de Suzanne ou Jacqueline à André Breton.

Retranscription :

« Mardi 4 déc. 28

Mon cher André,

A la suite des incidents qu’il est inutile de te rappeler j’ai pris l’initiative de mettre fin à notre vie commune.

Tu me demandes aujourd’hui si je consens à revenir chez toi. Je ne puis que te confirmer ma volonté définitive de conserver mon indépendance.

Agis donc à ce sujet comme tu l’entendras.

Simone Breton ».

Enveloppe conservée poussiéreuse, épingle reliant l’enveloppe à la lettre.

2. QUATRE LETTRES INÉDITES D'ANDRÉ BRETON À MARCEL FOURRIER À PROPOS DE SON DIVORCE.

2.1. ENGAGEMENT DE LA PROCÉDURE DE DIVORCE.

Lettre autographe signée, inédite, du 29 décembre 1928, 1 p. in-4, rédigée à l’encre noire.

Dans la première lettre, André Breton annonce ne pas vouloir engager la procédure de divorce avant d’en avoir parlé avec son correspondant.

Retranscription :

« Paris le 29 décembre 1928 / Très cher ami, Pardonnez-moi de vous déranger encore mais j’attends pour entreprendre cette action en divorce, de vous avoir revu (et je n’ai déjà que trop tardé). Pouvez-vous me téléphoner à un moment quelconque ?

Je vous écrivais une longue lettre l’autre jour quand on m’a interrompu. J’étais encore sur le coup de ce que vous m’aviez appris à Radio. Une conversation que j’ai eue depuis lors avec Naville m’a donné quelque apaisement. N’oubliez pas de me tenir au courant de tout ce qui vous arrive d’essentiel. Vous savez, n’est-ce pas, que mon affection pour vous est profonde et repose sur une estime inaltérable. Il faut absolument que vous le sachiez d’autant que la vie devient de plus en plus emmerdante.

A bientôt, n’est-ce pas ? De tout coeur à vous / André Breton ».

2.2. POSE DE SCELLÉS RUE FONTAINE.

Lettre autographe signée, inédite, du 20 juin 1929, 2 p. in-12, rédigée à l’encre noire.

André Breton annonce la pose récente de scellés rue Fontaine. 

La lettre est ponctuée d’un petit mot signé par Suzanne Muzard, compagne intermittente des années 1928-1930 d’André Breton, dont l’amour est à la fois un poison et un nectar, en partie responsable de la rupture du couple Breton.

Retranscription : 

« Paris 20 juin 1929

Très cher Ami,

Claire m’avise que les scellés ont été mis en mon absence sur les portes (fermées à clé) de la salle de bains et de l’atelier rue Fontaine. Cela devient de plus en plus intéressant. Vous voyez que la poésie, l’umour (*) et le néo-marxisme en famille conservent leurs droits.

J’ai prévenu Lécroart, en profitant pour lui demander s’il avait eu confirmation de ma nouvelle citation en conciliation pour le 27. (Que de tion, diable, il est vrai que nous sommes, dans le sujet.) Ce qui me tourmente le plus est de savoir si vous serez à Paris la semaine prochaine, faute de quoi je risque de manquer un peu d’imagination et de patience. Vous êtes bien bon, entre autres choses, de vous occuper de me tirer un peu d’affaire quand tant de choses plus intéressantes heureusement vous sollicitent. Mais je suis de tout coeur votre ami, vous le savez, n’est-ce pas ?

Je ne vous parle pas du procès de Besançon, pour ne pas le faire d’après des éditions de province de journaux datant d’ailleurs de l’avant-veille. Mais je regarde votre nom, toujours très content et un peu fier de vous connaître et de loin toujours en quête d’une attitude que j’aime et d’une inflexion de voix très bonne, très savante très juste et très fine.

Voulez-vous présenter mon souvenir le plus amical à Madame Fourrier et me croire très affectueusement vôtre / André Breton / Grand Hotel Pouzoullic / Le Pouldu Finistère.

J’espère bientôt vous revoir tous les deux... Affectueusement Suzanne ».

Note : (*) en référence à Jacques Vaché

2.3. TÉMOIGNAGE DE LA CONCIERGE CONCERNANT LE DÉMÉNAGEMENT DE TABLEAUX.

Lettre autographe signée, inédite, du 1er juillet 1929, 2 pp. in-4, rédigée à l’encre noire sur papier à en-tête du Grand Hôtel Pouzoullic.

Importante lettre dans laquelle André Breton annonce qu’il vient d’être condamné à verser une pension de 500 francs à Simone et dans laquelle il évoque :

- les scellés rue Fontaine,
- la question d’un nouveau partage de biens et, 
- le témoignage que pourrait faire la concierge de la rue Fontaine qui dit avoir vu Simone déménager des meubles et des tableaux.

Retranscription : 

« [Le Pouldu, le] 1er juillet 1929

Mon cher ami, pardonnez-moi de n’avoir pas attendu votre retour mais j’étais excédé de Paris, de la vie que j’y avais mené pendant trois jours. J’ai évité de vous déranger tant que le procès Benoit n’était pas terminé ; je pense que vous êtes très content de l’issue de cette affaire et de la précédente, en dépit de certaines choses qui, à distance, m’ont paru assez décevantes.

Comment allez-vous ? Comment va Madame Fourrier ?

Peut-être savez-vous déjà que j’ai finalement été condamné à verser à ma femme une pension de 500 F. Elle paraissait extrêmement mécontente, a protesté. Lécroart m’a engagé à ne pas faire appel. Qu’en pensez-vous ? Il est d’ailleurs trop tard, je crois mais tout me donne à penser qu’on n’observera pas, d’autre part, la même attitude.

Les scellés sont restés apposés rue Fontaine. Lécroart m’avait conseillé de ne pas les faire lever immédiatement. Il disait qu’on pourrait sans doute éviter un nouveau partage, à charge de prouver qu’un premier avait eu lieu. La concierge est prête à témoigner en ce sens et a même fait spontanément une déclaration qui a, paraît-il, été enregistrée par les porteurs des scellés, déclaration aux termes de laquelle elle avait vu Simone déménager dans un camion des meubles et des tableaux. Pouvez-vous me faire connaître votre sentiment à ce sujet ? C’est de toute importance, malgré tout, que ce nouveau partage doive avoir lieu ou non.

Que se passe-t-il au cas plus que probable où l’on ferait appel de la décision du 27 juin ? On avait déposé quelques jours seulement avant cette date une demande reconventionnelle de divorce.

Je m’excuse encore, mon cher ami. Mais peut-être pourriez-vous me dire quelque chose de très utile.

Je tente de reprendre ici quelques forces morales ou autres : il était grand temps. Tanguy est ici avec nous et vous fait ses amitiés. Sadoul doit arriver demain. Nous allons quitter le Pouldu. Voulez-vous bien attendre pour me répondre que je vous aie fait connaître ma nouvelle adresse.

Voulez-vous faire part de notre meilleur souvenir à Madame Fourrier et nous croire, Suzanne et moi, très affectueusement vôtres. André Breton. P.S. J’espère que vous avez enfin reçu le n° de Variétés ».

2.4. PROJET D'INVENTAIRE ET DE LISTE DES OBJETS ET TABLEAUX EMPORTÉS PAR SIMONE.

Lettre autographe signée, inédite, du 31 juillet 1929, 3 pp. in-8, rédigée à l’encre violette.

Importante lettre dans laquelle André Breton annonce avoir reçu conseil de faire lever les scellés et de faire procéder à un inventaire de son appartement et d’établir une liste des objet emportés par sa femme.

Il y est également question, en détails, de disputes concernant La Jeune Fille à la Mandoline, tableau de Picasso, que Breton avait cédé à René Gaffé.

André Breton témoigne de son agacement causé par les « entreprises toujours plus scandaleuses de [Simone], qui perd toute mesure depuis quelques temps ».

Retranscription : 

« Jeudi 31 juillet 1929

Très cher Ami,

J’étais persuadé de vous avoir fait connaître ma dernière adresse et j’attendais très impatiemment de vos nouvelles. Ce pays, classé comme « l’endroit le plus désolé de France » vous plairait autant qu’à moi ; fatigué comme je l’étais aucun lieu au monde ne pourrait mieux me convenir ; j’essaie de et je parviens dans une grande mesure à me soustraire à un tour d’idées qui finissait par devenir impatientant ces derniers temps.

Je ne sais plus du tout où j’en étais avec mon divorce. Lecroart m’a écrit cependant qu’il y aurait lieu à mon retour de faire lever les scellés rue Fontaine, de procéder à l’inventaire et de fournir la liste des objets emportés par « ma femme ». Je reçois hier, d’autre part, copie d’une « requête à fin de saisie arrêt entre les mains de M. Gaffé » (à qui j’ai vendu il y a un peu moins d’un an « La Jeune Fille à la Mandoline » de Picasso), copie que je transmets immédiatement à Lecroart et dont je vous prie très instamment de prendre connaissance le plus tôt possible. Qu’est-ce que cela signifie au juste ? A l’heure actuelle, Gaffé n’a plus aucun versement à me faire. Je suis en possession d’un dernier chèque de lui (de 11.000 F) que j’essaie par même courrier de faire toucher à Paris. Vous ai-je dit que Gaffé avait refusé à Simone de témoigner, comme elle le lui demandait, que j’avais reçu des sommes de lui depuis un an, comme en témoigne une lettre qui a été versée au dossier lors de la séance de conciliation du 27 juin ? Sans nier qu’une opération quelconque soit survenue entre nous, il a allégué le secret de l’acheteur pour ne donnez aucune précision de chiffres sur les conditions de cette opération. Je suis en bons termes avec lui et j’ai toutes raisons de supposer qu’en cette circonstance encore, il fera son possible pour ne me gêner en rien. Que vous en semble-t-il ?

Comme je l’expose dans ma lettre à Lecroart, il est facile de prouver par ailleurs que le tableau en question appartenait intégralement à mon père, qui est en possession de papiers signés de moi il y a plusieurs années, l’attestant (parmi lesquels un papier timbré.) Je vous serais très reconnaissant mon cher Ami, de vouloir bien regarder ces choses d’assez près car je suis tout de même terriblement agacé d’être l’objet des entreprises toujours plus scandaleuses de cette dame, qui perd toute mesure depuis quelques temps. Or, je suis loin de Paris, cette copie de requête a déjà mis six jours à m’atteindre et je crois que le délai fixé pour pourvoir en référé, s’il y a lieu, soit déjà expiré. Mais cela n’a peut-être aucune importance.

Est-ce que cela vous ennuierait beaucoup de me répondre très précisément au sujet de toutes ces choses et même de me faire connaître par télégramme votre impression en quelques mots, s’il se peut ? Vous pourriez écrire simplement « Rien de grave » ou bien : « très ennuyeux », etc. Ne craignez pas de m’inquiéter, s’il le faut.

Je vous demande pardon, encore une fois, de toutes ces misères. 

Mon affectueux souvenir à Madame Fourrier. 

Très à vous André Breton

Hotel Marzin. Ile de Sein Finistère ».

3. INVENTAIRE DE LA RUE FONTAINE ET LISTE DES OBJETS ET TABLEAUX EMPORTÉS.

Grand in-4 (30 x 21,8 cm), sous couverture avec titre manuscrit, non paginé, 10 ff. n. ch.

Important document manuscrit, dressant un inventaire détaillé, en date du 23 septembre 1929, de tous les objets mobiliers, meubles, meublants, titres, papiers, notes et renseignements quelconques de l’appartement sis, 42 rue Fontaine et des objets et tableaux réputés emportés par Simone avant son départ.

Ce document, inconnu des bibliographes, révèle l’état de la collection d’art du couple Breton en septembre 1929, assemblée avec un goût sûr et visionnaire par les deux époux depuis le début des années 1920. 

Y figurent plus d’une centaine d’objets d’art premier, une soixantaine de peintures et un peu moins d’une centaine de dessins, aquarelles ou papiers collés, décrits individuellement ou en lots.

André Breton et Simone Kahn partagèrent cette passion pour les arts, les deux conjoints échangeant fréquemment à ce propos, tel qu’en témoignent les lettres d’André à Simone dans les années 1920, et jouant, tous deux, un rôle actif dans la constitution de cette collection. Après leur séparation, Simone ouvrit successivement deux galeries d’art :
Artiste et Artisan en 1948 et la galerie Furstenberg (1954-1966). 

Le divorce sera finalement prononcé après deux années de procédure, le 30 mars 1931, à la satisfaction des requêtes de Simone, aboutissant à un partage équitable de la collection d’art entre les anciens époux.

André Breton conservera un bon nombre de la part restante des oeuvres importantes acquises durant cette période, même si les difficultés financières le pousseront à revendre à l’occasion, certaines d’entre elles, parfois à regret, et il n’aura de cesse d’enrichir cette collection, guidé par « un irrésistible besoin de possession », qu’il attribuait au désir de « s’approprier les pouvoirs des objets » ayant suscité en lui surprise et interrogation.

Les 212 œuvres d’art figurant rue Fontaine à sa mort en 1966 constituant le fameux « mur de l’atelier André Breton » sont dorénavant conservées au Musée d’Art Moderne de Paris, centre Pompidou.

Description du document : 

Après les déclarations d’usage, la prisée du mobilier débute en page 6.

On notera en particulier la présence de :

- quatre gravures de Chirico, estimées 200 francs, 
- une vitrine dans l’atelier formant bibliothèque et rayonnage contenant environ six cents volumes reliés et brochés, prisés 400 francs, et 
- 65 pièces environ en bois sculpté provenant de l’Océanie, statuettes, masques, le tout prisé 300 francs,
- 28 tableaux modernes encadrés (300 francs).

André Breton déclare à la suite la présence de 18 tableaux et de deux dessins de Yves Tanguy, confiés par l’artiste afin de rédiger une préface au catalogue de l’exposition où doivent figurer ces oeuvres, étant par conséquent la propriété de M. Tanguy.

Il ajoute que lors du départ de Madame Breton, celle-ci a emporté un grand nombre d’objets, et notamment ceux-ci-après désignés (six pages manuscrites) :

« Objets d’art

Afrique

Costume complet de féticheur (Congo belge)
Grand masque Côte d’Ivoire (du type hypogriffe [hippogriffe])
Deux masques en coquillages et perles (Congo belge)
Grand masque blanc Guinée espagnole
Fétiche en pierre (Sierra Leone)
Masque de cuivre O-goué [Ogooué]
Trois fétiches en ivoire (Congo belge)
Masque blanc Côte d’Ivoire
Fétiche Gabon
Deux fétiches Guinée Française
Masque à deux personnages Côte d’Ivoire
Masque peint à clochettes Congo
Fétiche noir Gabon
Fétiche Congo (jambes écartées)
Déesse de la maternité (Congo belge)

Océanie

Fétiche Ile de Pâques
Fétiche Nouvelle Guinée Hollandaise (type Korwar)
Lézard Philippines

Amérique

Trois pipes en ardoise (Alaska) Tlinkil [Tlingit]
Deux plaques en ardoise (Alaska), Aïda [Haïda]
Un masque Colombie britannique (A)
Cinq poteries colorées (vases et coupes Nazca)
Grand totem (Alaska)
Fétiche zapothèque [Zapotèque]
Tête en pierre du Mexique (Aztèque)


Tableaux

Picasso : L’Écolière (1)
Tête (2)
Homme dans un fauteuil (collage)
Braque : Carrières Saint-Denis
Tête Aztèque en pierre dure
Fétiche (Colombie)
Deux poteries (Chimboté [Chimbote]) 
Un vase céphalomorphe Chemu [Chimú]
Diverses poteries rouges et noires
Fétiches en bronze (Pérou)
Nature morte
Bar-Ale (collage)
Derain : Le Pot, Le chien (3)
Miro : Le Chasseur (4), Homme sur fond bleu
Le Gentleman (5), Le Repas des fermiers (6)
Le signe de la Mort (7)
Composition 1924 avec oiseau bleu
Max Ernst : Trois Satans , Portrait d’André Breton
La maison des Innocents, La maison bleue
Femme devant un mur
Le Paysage aux lettres
Colombes I, Colombes II
Aux 100.000 colombes
Masson : L’aile, Nature morte I
Nature morte II
Mort d’un oiseau
Picabia : La procession à Séville (8)
Six grandes aquarelles
Trois tableaux sans titre (1926)
Femme à l’ombrelle (9), Femme au monocle (10)
Portrait de Guillaume Apollinaire
Chirico : La petite fille au cerceau (11)
Le rêve transformé (12)
Le mauvais génie d’un roi (13)
Femme couchée (pastel)
Malkine : Le maquillage 
Composition sans titre
Tanguy : 12 tableaux sans titre
Arp : Plastron, Moustaches, Tête (14)
Kairouan – Le regard d’Akrinian

Dessins – Eaux Fortes

Picasso : Portrait d’André Breton (eau forte) (15)
Miro : Le Cheval (16), L’œuf
Max Ernst : Une dizaine de dessins
Masson : Deux sanguines
Picabia : Une vingtaine d’aquarelles
Malkine : Une dizaine de papiers collés et une cinquantaine de dessins (17)
Aquarelles, eaux fortes d’auteurs divers.

Un mobilier de chambre à coucher, œuvre de M. Pierre Legrain décorateur comprenant :
Une armoire, un secrétaire en bois des Iles et parchemin
Une bibliothèque de chevet
Deux lits jumeaux avec literie complète
Un tabouret nègre (Afrique)
Une étagère
Deux couvertures de fourrure (vigogne)
La moitié du linge de maison
Tout le linge personnel
Tous les effets personnels
La moitié de l’argenterie (couverts, service à thé, service à café, service à dessert)
La moitié de la vaisselle et des verres
Bijoux personnels, cadeaux personnels, livres personnels. ».

De surcroît, revendication est faite d’objets dépendant de la communauté et dont il constate la disparition :

« 1° Tableaux – Dessins

Braque : Le paquet de tabac. (18)
Chirico : Le Revenant (19). L’Énigme d’une joie (20). J’irai (21). L’Heure étrange (22). Duo. La Mariée.
Picasso : tête de jeune fille. Tête.

2° Sculptures

Statue d’Ubi [Oubi] (23)
Tête Nouvelle Zélande
Fétiches de Norfolck 
Fétiches de l’Ile de Pâque
Et différents types d’objets d’art océanien ».

Notes :

(A) : probablement la coiffe cérémonielle kwakwaka’wakw, parure cérémonielle d’Amérique du Nord qui figurait en bonne place sur le bureau d’André Breton à la fin de sa vie.

(1) : « L’Écolière », reproduit (8ème planche) dans Le Surréalisme et la peinture (photo Galerie Surréaliste)

(2) : « Tête », acheté lors de la première vente Kahnweiler le 14 juin 1921

(3) : « Le Chien tenant un oiseau dans sa gueule », huile sur toile achetée à l’artiste le 7 novembre 1920 puis offerte à Simone pour leurs fiançailles en janvier 1931 (Au grand jour, p. 55 ; André Breton, Tableaux modernes, Vente du 14 avril 2003 p. 17)

(4) : « Paysage catalan (Le Chasseur) », 1924, Museum of Modern Art, New York, reproduit (59ème planche) dans Le Surréalisme et la peinture (photo Galerie Surréaliste)

(5) : « Le Gentleman », portrait d’un personnage inspiré d’Ubu, 1924, Kunstmuseum Bâle

(6) : « Le Repas des Fermiers », 1925, collection privée

(7) : « Le signe de la Mort », 1927; collection privée

(8) : probablement « La Procession à Séville », 1912, oeuvre non figurative présentée à la Galerie La Boétie en 1912

(9) : « Femme à l’ombrelle », tableau qui figurait dans la vitrine de la Galerie Surréaliste en 1926

(10) : « La Femme au monocle », série des Monstres, circa 1924

(11) : Plus connu sous le titre de « Mystère et mélancolie d’une rue », 1914, collection privée, reproduit (24ème planche) dans Le Surréalisme et la peinture (photo Galerie Surréaliste)

(12) : « Le Rêve transformé », 1913, Saint Louis Art Museum

(13) : « Le mauvais génie d’un roi », 1914-1915, Museum of Modern Art, New York

(14) : Deux oeuvres portant le titre de « Tête », 1924 et 1927 figurent reproduites dans Le Surréalisme et la peinture (72ème et 77ème planches, photo Galerie Surréaliste)

(15) : Eau-forte illustrant les exemplaires de luxe de Clair de terre, 1923

(16) : Peut-être une des toiles de la série « Cheval de cirque » peintes de 1925 à 1927

(17) : Cinq techniques mixtes (dessin et collage) figuraient dans la vente AB du 15 avril 2003, n° 4346 à 4350

(18) : Mentionné dans une lettre d’André Breton à Simone Kahn du 20 septembre 1925 (Lettres à Simone Kahn, p. 264), Breton le qualifiait de « papier collé le mieux centré et le plus séduisant de tout le cubisme » (cf. lettre à René Gaffé du 27 octobre 1930) dans laquelle il le proposait à la vente. 

(19) : « Il Ritornante », hiver 1917-1918, ancienne collection Yves Saint Laurent, Musée d’Art moderne, Centre Pompidou

(20) : Probablement « L’Énigme d’une journée », 1914, reproduit (23ème planche) dans Le Surréalisme et la peinture (photo Galerie Surréaliste)

(21) : « J’irai… Le chien de verre », 1914, collection privée. Breton proposa ce tableau à René Gaffé en octobre 1930, reproduit (28ème planche) dans Le Surréalisme et la peinture (photo Galerie Surréaliste)

(22) : « Les joies et les énigmes d’une heure étrange », 1914, reproduit (27ème planche) dans Le Surréalisme et la peinture (photo Paul Guillaume)

(23) : Il pourrait s’agir du fétiche Ubi proposé à René Gaffé en octobre 1930

André Breton. Lettres à Simone Kahn 1920-1960, Gallimard, 2016

Au grand jour, André à Simone Breton, Lettres (1920-1930) - Un album, ENS Ulm-Jourdan, 2017

André Breton, Le Surréalisme et la peinture, Nouvelle revue française, 1928

André Breton, Tableaux modernes, Vente des 14 et 15 avril 2003, CalmelsCohen

50 000 €