L’AVIS DU LIBRAIRE

 

Formidable exemplaire dédicacé à Berthe Weill, première galeriste à avoir exposé Picasso en France

REVERDY (Pierre)

Sources du vent 1915-1929

Avec un portrait par Picasso reproduit en fac-similé.

Paris, Maurice Sachs, 1929

In-4 (25,8 x 19,5 cm), broché, couverture rempliée imprimée en rouge et noir, 2 ff. n. ch. (blanc, frontispice), 191 pp., 3 ff. n. ch.

Édition originale.

Un des 85 ex. sur vergé de Hollande, le n° 41 (seul tirage après 1 ex. sur Japon nacré avec le manuscrit, 5 ex. sur Japon ancien à la forme, 10 ex. sur Japon impérial et avant 20 ex. hors commerce).

Frontispice en couleur de Picasso reproduit en fac-similé.

Très bel envoi autographe signé de l'auteur à pleine page : « À ma très chère / grande Berthe / que j'aime et admire / comme personne / Remonter aux sources / [Sources du vent] / si l'on a besoin / d'autre chose / Je me désaltère souvent / ailleurs / au hasard de ma course / Et je t'ai rencontrée avant / la fin de toutes mes ressources / Nous n'oublierons pas ce moment / Cette terrible apothéose / P. R. ».

Sources du vent ayant été peu diffusé à sa sortie, beaucoup d'exemplaires séjournèrent longuement à Solesmes, y subissant l'humidité, avant d'être distribués par le poète.

Ce n'est pas le cas de cet exemplaire visiblement offert à parution, parfaitement conservé, broché tel que paru, en grand partie non coupé.

Provenance : Berthe Weill (envoi)

Importante galeriste et marchande d'art du début du XXème siècle, Berthe Weill (1865-1951) fut la toute première à proposer des tableaux de Pablo Picasso et d'Henri Matisse à Paris.

Sa galerie, initialement sise 25, rue Victor-Massé, fut transférée à partir du 1er juin 1917 au 50, rue Taitbout.

Elle est la seule à avoir organisé, du vivant de l'artiste, une exposition intégralement à la production d'Amedeo Modigliani, du 3 au 17 décembre 1917.

C'est dire si elle était en avance sur son temps !

C'est très probablement par l'intermédiaire de ces jeunes artistes que Reverdy fit la connaissance de Berthe Weill.

L'emploi par Reverdy dans sa dédicace du qualificatif « grande » est visiblement une plaisanterie née dans la camaraderie, la galeriste — qui ironisait elle-même sur sa petite taille — ne mesurant qu'un petit mètre cinquante.

D'après l'épouse de Pierre Reverdy, c'est à la Galerie Weill que furent effectués les premiers dépôts de la célèbre revue Nord-Sud, lancée en mars 1917, qui diffusa l'Esprit nouveau, le cubisme, le dadaïsme et les théories esthétiques de Pierre Reverdy (son fondateur), Guillaume Apollinaire et Max Jacob.

Jusqu’à l'avant dernier numéro de Nord-Sud (le n° 15), la galerie figure dans la liste des dépositaires de la revue.

La "terrible apothéose" dont il est question à la fin de l'envoi pourrait être une allusion à la période 1917-1918 durant laquelle la revue Nord-Sud rayonnait dans le Paris de la guerre.

Remerciements à M. Etienne Alain-Hubert pour son aide précieuse.

2 300 €