MICHON (Pierre)

La Grande Beune

Lagrasse, Editions Verdier, 1996

22 x 13.9 cm, broché, couverture blanche imprimée, 87 pp., 4 ff. n. ch.

Prémière édition in-8.

Un des 60 ex. num. du tirage de tête imprimés sur vergé Ingres (le nôtre le n° 52), signé à la mine de plomb par l'auteur au colophon.

Broché, non coupé, tel paru en parfait état. 

Trois chapitres de La Grande Beune ont paru en pré-originale dans la Nouvelle Revue Française, de mai à juillet 1988, deux autres dans la revue Théodore Balmoral. Le texte complété d'un sixième chapitre parut sous le titre L'Origine du monde en 1992 chez Fata Morgana illustré de six gravures originales de Pierre Alechinsky.

« On a longtemps attendu de l’auteur des Vies minuscules une chose à laquelle Michon lui-même aurait voulu accoler le nom de grand-œuvre. On a lu des extraits dans la NRF et dans la revue Théodore Balmoral d’une puissante promesse qui s’intitulait alors L’Origine du monde. Un projet si vaste et si plein qu’il semblait écarter son auteur de toute publication depuis Rimbaud, le fils. On s’en pourléchait les babines. Au festin les convives étaient déjà attablés et râlaient amicalement d’une attente qui intensifiait leur faim. Et voilà qu’aujourd’hui la couverture jaune des éditions Verdier nous amène le grand plat : un livre taille mannequin [...]. Et cela ne porte plus le nom prévu : L’Origine du monde (ce titre n’est pas rien) s’est changé en La Grande Beune. À première vue, il y aurait de quoi jeter sa serviette dans l’assiette vide devant ce plat digne de la nouvelle cuisine. Mais il suffit d’en soulever la cloche et le fumet aussitôt envahit l’espace. Il suffit de se plonger dans les quelques 90 pages de La Grande Beune pour comprendre qu’il s’agit là d’un des plus gros livres qu’il ait été donné de lire ces dernières années.

La Grande Beune est une architecture immense, cristalline et organique, composée de quelques atomes nécessaires et suffisants à créer la vie. Pierre Michon compte parmi les plus grands prosateurs francophones ; mais dire qu’il a un style somptueux revient, ici, à ne rien dire. Chaque phrase qui compose ce chant ouvre des espaces où le regard se perd. On pourrait remplir des pages et des pages sur cette écriture où l’extrême intelligence ne nuit pas à la sensualité. Montrer comment le paysage que décrit l’auteur renvoie sans cesse à la Femme avec ses pluies qui « se jettent aux fenêtres », avec les « lèvres de la falaise », les trous sombres où plongent le regard des hommes. Chaque phrase, dans son rythme, dans ses sonorités, dans son agencement est porteuse d’images ». (Thierry Guichard, in Le Matricule des Anges, n° 15, février 1996)

Couronné par le prix Louis-Guilloux en 1997.

1 000 €