L’AVIS DU LIBRAIRE

 

Exemplaire dédicacé à Arthur Fontaine, un des "happy few", très bien relié par P.-L. Martin en maroquin triplé

[SAINT-JOHN PERSE] SAINTLÉGER LÉGER

Éloges

Paris, Nouvelle Revue Française, 1911

In-12 (18,5 x 12,2 cm), plein maroquin janséniste ébène, dos lisse, auteur et titre dorés en long, doublure
et gardes de daim taupe sous encadrement de maroquin ébène serti d'un filet doré, gardes de daim taupe,
toutes tranches dorées sur témoins, couverture et dos de Japon ivoire conservés, étui bordé (reliure signée P.-L. Martin), non paginé, 36 ff. n. ch.

Rare édition originale du premier recueil poétique de l'auteur, son chef d'oeuvre.

Un des 100 exemplaires imprimés sur papier vergé (après une dizaine d'exemplaires sur Hollande), seul tirage.

Envoi autographe signé de l'auteur sur le faux-titre : "À M. / Arthur Fontaine / reconnaissant / S. A. Leger".

Quelques annotations marginales au crayon, très probablement de la main d'Arthur Fontaine.

Parfaitement établi en reliure triplée par P.-L. Martin.

Provenance : Arthur Fontaine (envoi), Collection Geneviève et Pierre Hebey (Vente Artcurial du 23 février 2016, n° 128)

Ingénieur, directeur de l'Office du Travail de 1899 à 1919, amateur d'art et mécène français, Arthur Fontaine (1860-1931) tissa des liens d'amitié avec nombre d'écrivains, de musiciens et peintres de son temps. Ces amitiés dans le monde des arts avaient été facilitées par son mariage avec Marie Escudier, dont les sœurs aînées étaient unies au peintre Henry Lerolle et au compositeur Ernest Chausson.

Odilon Redon fit un sublime portrait de son épouse, maintenant conservé au Metropolitan Museum of Art à New York. Edouard Vuillard réalisa plusieurs portraits du couple, Maurice Denis un portrait de leur fille Jacqueline.

Arthur Fontaine anima un salon littéraire où se retrouvaient André Gide, Francis Jammes, Léon-Paul Fargue, Paul Claudel lors de ses passages à Paris et Saint-John Perse qui fut l'un de ses plus fidèles convives.

C'est Paul Valéry qui prononcera son éloge funèbre en 1931.

Les poèmes d'Éloges - "Pour fêter une enfance", "Écrit sur la porte", "Récitation à l'éloge d'une reine" et "Éloges" - avaient paru en avril 1910, puis en juin 1911 dans La Nouvelle Revue française, mais émaillés de si nombreuses fautes que la rédaction décida d'un commun accord, pour se faire pardonner d'un jeune auteur qu'elle admirait déjà tant, de procéder à une édition originale séparée à petit nombre de ses poèmes, comme un tiré à part corrigé.

Le 2 juin, André Gide atterré par cette bévue, indique à Schlumberger qu'il « demande à faire un tirage spécial de ces poèmes à [s]es frais ».

Le recueil d'Alexis Léger (1887-1975) dit Saint-John Perse, imprimé le 6 juillet 1911, par "The St. Catherine Press Ltd"' à Bruges en Belgique, paraît sous le pseudonyme de Saintleger Leger, nom n'apparaissant qu'en page de titre.

Éloges fut salué en ces termes par Valery Larbaud dans un article paru dans La Phalange (n° 66, décembre 1911) : « Tout lecteur, sur ces fragments, aura bientôt associé Mr Leger à l'école d'Arthur Rimbaud, et l'aura apparenté aux successeurs directs de Rimbaud : Paul Valéry, L. P. Fargue, Paul Claudel. (...) La forme que Mr Leger donne à ses poèmes est dans la plus pure tradition du lyrisme français. C'est l'alexandrin de Malherbe et Racine, restauré par Baudelaire (et assoupli - désarticulé plutôt - par Verlaine) ».

Henri Vignes & Pierre Boudrot, Bibliographie des Éditions de la Nouvelle Revue française, 2011, pp. 22-23

6 000 €