L’AVIS DU LIBRAIRE

 

Exceptionnel exemplaire dédicacé à Victor Hugo, admirateur de Louisa Siefert

SIEFERT (Louisa)

Rayons perdus

Deuxième édition augmentée et précédée d’une préface de Charles Asselineau

Paris, Alphonse Lemerre, 1869

In-12 (18,6 x 12 cm), demi-percaline crème à la Bradel, pièce de titre noire, fleuron doré et date en pied, non rogné, couverture et dos conservés (reliure signée de Ém. Babouot), 2 ff. n. ch. (faux-titre, titre), VIII pp. (préface à la seconde édition), 179 pp.

Édition en partie originale pour quatre poèmes (Le Banc, Page blanche, Voyage, Solitude, pp. 141-146) et l'importante préface d’Asselineau.

Superbe envoi autographe signé adressé à [Victor Hugo], sous forme d'un poème composé d'un quatrain, de trois alexandrins et d'un vers hexamètre, dans lequel la poétesse espère son prochain retour d'exil :

"A vous, ô tendre père, à vous, ô grand poëte ! / A vous ce livre, enfant de douleur et d’exil / Qu’il vous porte à travers la nuit et la tempête / L’enthousiaste écho de nos matins d’Avril. / Qu’il vous soit le salut et presque l’espérance, / Comme la pâle fleur qui promet les beaux jours / Qu’il vous soit doux et cher, et vous dise qu’en France / On vous attend toujours !

Les Ormes 7 Avril 1869 / L. S."

Trois poèmes des Rayons perdus - "Berceuse", "Enfantine" et "Prière" - les quatrième, cinquième et sixième pièces de la section titrée "Rêves" (pp. 160 à 167 de la présente édition) - s'ouvrent par des épigraphes empruntées à Victor Hugo (vers tirés des Contemplations et du Chant du crépuscule - le célèbre « Aimer, c'est la moitié de croire » ).

Quelques rousseurs claires.

Reliure en demi-percaline signée d'Émile Babouot, probablement réalisée au tournant du siècle pour Georges Victor-Hugo, petit-fils de Victor.

Provenance : Victor Hugo (envoi), Georges Victor-Hugo (ex-libris ""EGOHUGO"), Edmond Chènevière (ex-libris) 

La première édition des Rayons perdus, premier recueil poétique de Louisa Siefert, parait en 1868 à 500 exemplaires, vendus en moins d'un mois. Alphonse Lemerre le rééditera à trois reprises pour faire face à la demande.

"Les Rayons perdus sont l'œuvre d'un tout jeune poëte, et ce poëte est une jeune fille dont la vie n'a point dépassé jusqu'ici l'enclos de la maison paternelle. Les journaux ne la connaissent pas, & nulle coterie n'a intérêt à surfaire son mérite" nous livre Charles Asselineau dans sa préface.

Charles Asselineau, qui fut éperdument épris de Louisa Siefert au point d'envisager de l'épouser, lui présenta son ami Banville et Leconte de Lisle, qui l’inscrivit dans le deuxième Parnasse Contemporain. Un an plus tôt, Asselineau avait fait parvenir un exemplaire de la première édition des Rayons perdus à Victor Hugo. Celui-ci, en remerciement, et non sans arrières pensées, lui avait alors envoyé son portrait photographique dédicacé - une prise de vue datant de quelques années et plutôt flatteuse.

Hugo lui répondit certainement également après avoir reçu cette seconde édition, la couverture portant son fameux "R" autographe à l'encre "pour répondu".

On compte également parmi les plus fervents admirateurs de Louisa Siefert, Arthur Rimbaud, qui s'enthousiasma de l'un des plus beaux poèmes des Rayons perdus, « Marguerite », dont il communiqua 19 des 94 vers, à son professeur Georges Izambard, dans une lettre datée du 25 août 1870. Ce poème qu'il trouvait "aussi beau que les plaintes d’Antigone dans Sophocle".

Le relieur Émile Babouot (absent de Fléty) aurait exercé de la fin du XIXe au début du XXe siècle. Après son décès en 1923, son épouse Louise Babouot et leur fils créèrent les ateliers Babouot qui, depuis 1931, sont en charge de la reliure des volumes de la Pléiade édités par Gallimard.

5 400 €