Deux importantes lettres inédites adressées à Pierre Drieu La Rochelle
[circa juin 1942] & 7 août [1942]
2 LAS, rédigées à l'encre noire, d'une page chacune, au recto de feuillets in-8 (20,8 x 13,5 cm)
Deux importantes lettres autographes signées, inédites, adressées à Pierre Drieu La Rochelle, durant la guerre qui bien que non datées semblent avoir été envoyées durant l'été 1942.
Dans la première, Maurice Blanchot annonce cesser toute collaboration avec la NRF.
Dans la seconde, très singulière, Maurice Blanchot révèle la judéité d'un de ses correspondants. Il est permis de s'interroger sur la pertinence et l'objectif d'une telle révélation.
Maurice Blanchot a publié trois livres aux éditions Gallimard durant la seconde guerre mondiale, deux romans et un recueil d'essais. Le premier, Thomas l'obscur, paraît en septembre 1941, un an après que Blanchot en ait adressé le manuscrit à Jean Paulhan en avril 1940. C'est ensuite le tour d'Aminadab, en septembre 1942, puis de Faux pas, recueil de textes critiques parus en novembre 1943.
Maurice Blanchot est entré au secrétariat de la NRF, en décembre 1941, à la demande de Jean Paulhan, afin de prendre en charge la rédaction des notes paraissant en marge de la revue, que Drieu La Rochelle dirige depuis l'été 1940. Mais il n'occupera le poste de secrétaire de la NRF que quelques mois, quittant le navire après la parution du numéro de juin 1942.
Il ne signera aucun article dans la NRF durant cette période. Son premier article paru dans la NRF, « La Solitude essentielle » sera publié dans le n° 1 de la nouvelle NRF en janvier 1953.
Transcriptions :
LAS 1 :
"Mardi, Mon cher Drieu,
J'espère que vous n'allez pas être fâché. Mais je crois vraiment que ma présence à la NRF n'avait de sens que dans une solution de conciliation qui me semble devenue impossible. Et puis peut-on faire une revue si on en écarte le passé et le présent ? J'en doute.
Il vaut donc mieux que je rentre dans ma retraite où j'espère que votre amitié me suive.
M. Blanchot.
Je vous téléphone en vain depuis plusieurs jours. On me dit pourtant que vous êtes à Paris".
LAS 2 :
"Aumale, Seine-Inférieure, poste restante / Le 7 août
Mon cher Drieu,
On me fait suivre ici un texte de Boullier qu'il m'envoie en échange de poèmes que je lui avais retournés. Vous le connaissez probablement. Mais enfin je vous en fait part.
J'ai reçu une lettre d'Édouard Lion [Léon?], ce jeune homme qui m'avait envoyé deux cahiers intitulés "Adrien ou le neveu de M. Teste". Il voudrait qu'on les adresse à Mlle Irène Bisé, 6 rue Clauzel, IXe. Dans une longue lettre, pénible et agitée, il me révèle qu'il est juif. Il n'ose reparaître à la revue.
Je me suis retiré pour quelques jours dans ce petit pays, en ruines, mais où l'on est pas mal. Les soldats l'occupent à nouveau, gardant les ponts, les routes, les monuments. Craint-on sérieusement quelque chose ? J'ai toujours peine à le croire.
Allez-vous bien ? Je me suis aperçu que je ne connaissais pas vos écrits de jeunesse. Ne pourrais les avoir ? Et votre roman ?
Fidèlement à vous, M. Blanchot
J'habite maintenant 16 rue Soyer, Neuilly sur Seine Maillot 80-94".
Christophe Bident, Maurice Blanchot à la NRF: secrétaire, critique, écrivain (https://jean-paulhan.fr/sur-paulhan/maurice-blanchot-a-la-nrf)
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