Odes suivies de Thibet
Paris, Mercure de France, 1963
In-12 (19,4 x 14,2 cm), broché, couverture blanche rempliée imprimée en rouge et noir, 117 pp., 3 ff. n. ch. (table, f. blanc)
Édition originale de Thibet, l'un des sommets de l'oeuvre poétique de Segalen.
Un des 10 exemplaires sur vélin d’Arches, seul tirage de tête (outre quelques exemplaires hors-commerce), le n° 6.
Broché, tel que paru, non coupé.
« L’œuvre est loin d’être achevée, mais le Poème est fait » écrit Segalen à sa femme, le 31 décembre 1917. Revenu en Chine depuis le mois de février pour y recruter une main d’œuvre destinée aux usines d’armement de la France en guerre, Segalen poursuit parallèlement ses recherches sur la statuaire chinoise. A Shanghai, il croise le magistrat et tibétologue Gustave-Charles Toussaint, possesseur d’un manuscrit tibétain, le Padma Thang Yig (évoquant le « saint » Padmasambhava), qu’il a commencé à traduire. Leurs conversations ont avivé chez Segalen un intérêt pour le Tibet que ses contacts avec Jacques Bacot et ses précédentes expéditions avaient fait naître. En 1909 et en 1914, Segalen n’était pas entré en pays tibétain mais ce qu’il avait aperçu de ses paysages et de sa culture dans les provinces limitrophes ainsi que la rencontre de Toussaint vont produire une cristallisation. Il ne tarde pas à ouvrir un nouveau dossier littéraire.
La première date portée sur l’une des pages rédigées du manuscrit est le 24 juillet 1917, la dernière est le 12 novembre 1918, Segalen laissant l’œuvre effectivement inachevée à sa mort, six mois plus tard. Le poème lacunaire n’en est pas moins touffu. En trois subdivisions dénommées « Tö-Bod », « Lha-Ssa » et « Po-Youl », il célèbre les sommets himalayens, « sculpture de la terre » pétrie par une force immanente, rend hommage aux voyageurs qui ont essayé de pénétrer dans ce pays auréolé de mystère. Mais le poème chante essentiellement un Tibet originel, mythique, antérieur à l’établissement de toute culture, inaccessible dans l’espace comme dans le temps, un « territoire ineffable ». L’ascension des sommets figure ainsi une vaste allégorie de l’écriture poétique et de l’approche de l’Autre. (Site de l'Association Victor Segalen)
2 000 €
.